Des martyrs et des saints, pour ne pas oublier

22 Octobre 2012 | par

En faisant le tour du déambulatoire, vous aurez peut-être remarqué les personnages hauts en couleurs qui évoquent l’Ancien Testament. Leur tournant le dos, c’est l’ère chrétienne qui s’affirme dans la partie centrale de la basilique avec, tout d’abord la présence des premiers martyrs, puis celle des saints qui ont marqué l’ordre franciscain. Par son œuvre, effectuée entre 1903 et 1939, le peintre bolognais Achille Casanova invite les fidèles à une visite catéchétique. Il introduit son thème par la décoration des premiers pilastres. Quatorze anges y portent encens, couronnes, reliquaires et ampoules contenant le sang des martyrs. Dans la partie inférieure des pilastres, les paroles du Christ inscrites dans des médaillons justifient le choix de vie des martyrs. À gauche, on peut lire le verset de saint Marc (8, 35) : « Celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera ». À droite, celui de Matthieu (10, 32) lui fait écho: « Ainsi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux ».

 

Le silence, la force des martyrs

Le passage de l’Ancien au Nouveau Testament est surtout palpable dans les deux scènes situées tout en haut des deux pilastres qui séparent le maître-autel du chœur.

À droite, des nouveau-nés semblent chanter depuis un nuage céleste. Ils représentent les saints innocents que le roi Hérode Ier le Grand a fait massacrer au moment de la naissance de Jésus. Une inscription rappelle que ces jeunes saints témoignèrent de leur foi, non par des paroles, mais par leur mort. Le père V. Zaramella, historien de l’art de la basilique écrit en 1996 dans Guida inedita della Basilica del Santo (Guide inédit de la basilique du Saint, n.d.r.), qu’« à les regarder avec plus d’attention, on entendrait presque leurs voix angéliques nous interpeller ! »

Sur le pilastre leur faisant face, c’est au contraire un hurlement qu’on pourrait entendre déchirer l’espace. Celui de Salomé qui rend compte de l’atrocité de sa requête au roi Hérode Antipas II : obtenir la tête de Jean le Baptiste ! Elle semble en proie à une crise d’hystérie tandis qu’elle s’éloigne, laissant au premier plan la tête ensanglantée du saint. Celle-ci est posée sur un plateau qui lui fait office d’auréole ensoleillée, comme un témoignage aussi muet que poignant de sa grande foi. Ces représentations nous laissent prendre conscience que la force des témoignages des martyrs réside dans le silence définitif auquel ils sont condamnés.

Sur ces mêmes pilastres se trouvent d’autres saints martyrs des premiers temps. Sur trois étages, l’artiste les illustre à l’intérieur de gracieux bifores ornés de fines colonnes torsadées. En tout, 28 martyrs leur font écho sur les arches. S’il est difficile de tous les identifier, force est de constater qu’ils forment deux groupes bien distincts. En regardant le maître-autel, les femmes martyres se trouvent à droite, tandis que les hommes martyrs sont à gauche. Cette division avait pour but de rappeler de quel côté les fidèles devaient se placer pendant les offices, puisqu’ils étaient encore séparés au début du siècle dernier. Ainsi, hommes et femmes avaient leurs propres modèles devant eux pour tendre à devenir saints à leur tour.

Tout autour de ces martyrs des premiers temps de l’Église, d’autres saints et bienheureux des trois ordres franciscains interpellent les fidèles sur le sens de leur vie. On les retrouve dispersés dans tout l’espace à disposition. Dans le projet initial, les cinq coupoles et leurs arches en plein cintre devaient toutes recevoir des représentations de saints, mais Achille Casanova était trop faible et il mourut en 1943 avant d’avoir pu achever son œuvre colossale. La longue série des saints franciscains culmine dans les espaces qui surplombent les arches du chœur. Elle débute par deux anges qui portent une inscription et se conclut merveilleusement par la Vierge qui porte l’Enfant Jésus. Au nord, l’inscription de l’ange indique « Ô glorieuse Vierge, au plus haut des étoiles » et celle de l’ange du sud « Notre Dame, insigne mère de Dieu ». Des messages qui rappellent l’importance de la Vierge dans la foi franciscaine et la place à lui

accorder dans nos vies. 

 

À savoir

L’espace du maître-autel et celui du chœur sont protégés par de grands portails. Toutefois, les gardiens de la basilique peuvent laisser entrer les pèlerins et les visiteurs dans cette partie dès la fin de la messe de 11h, et ce jusqu’à 13h. Une bonne opportunité pour admirer les fresques de Casanova. Il s’agit des uniques fresques visibles au lendemain de la secousse sismique du 29 mai dernier. Un filet a été tendu au-dessous des autres espaces de la basilique par précaution.

 

Updated on 06 Octobre 2016