La basilique Saint-Antoine fête les rois

Entre mémoire biblique et traditions populaires, les rois énigmatiques ont inspiré les frères de la Basilique de Padoue. Explications du père Alberto Tortelli, concepteur et animateur de la fête des rois.
06 Janvier 2019 | par

En Italie, le 6 janvier est un jour férié, consacré à l’Épiphanie. Il s’agit même souvent du dernier jour des vacances de Noël. Traditionnellement les chrétiens sont invités à participer à la célébration eucharistique de cette solennité et à ajouter dans leur crèche les santons des trois rois mentionnés dans l’évangile de Matthieu (2, 1-12). Dans certaines régions, des festivités populaires sont organisées. À Padoue, cela fait maintenant 12 ans que la basilique Saint-Antoine invite les enfants à célébrer l’évènement qui eut lieu dans la grotte de Bethléem il y a plus de 2000 ans.

D’où vient l’idée de fête l’arrivée des rois mages ?
Je suis originaire de Milan, la ville où ont été conservées les reliques des rois mages pendant près de huit siècles, à partir de 343, lorsque l’empereur Constantin les a offer-
tes à notre évêque Eustorgius, et ce jusqu’en 1164, quand l’empereur Frédéric Barberousse a envahi Milan et a décidé de les offrir à l’archevêque de Cologne.
Toute la Lombardie est restée très attachée aux rois mages. De nombreuses paroisses ont gardé l’habitude de célébrer leur arrivée en organisant de grandes fêtes populaires ponctuées de cortèges, de chants, d’animations... C’est ainsi que l’idée est née parmi les frères de notre basilique de proposer aux enfants un moment de fête à vivre en famille. Cela nous a semblé d’autant plus important que le 6 janvier est la Journée de l’enfance missionnaire, qui a été voulue par le pape Pie XI afin de sensibiliser les enfants à l’esprit missionnaire et aux besoins des autres.

Comment se déroule cette fête ?
Il s’agit d’une célébration festive que nous organisons en début d’après-midi. Elle met en scène l’arrivée des rois mages qui viennent adorer la jeune famille de Bethléem. Trois rois magnifiquement parés entrent à la suite des petits pages de la Basilique qui tiennent une grande étoile rappelant celle qui les a guidés. Chacun d’eux va déposer aux pieds de la famille, les dons qu’il a apportés. L’arrivée et la remise de chaque don sont expliquées et agrémentées de chants, de poèmes et de prières.

Quelle est la place de saint Antoine dans cette fête ?
Saint Antoine est le saint de tous et en particulier des enfants. On le représente avec l’Enfant Jésus dans les bras. C’est ainsi que dans la partie conclusive de la célébration, le recteur de la Basilique présente le nouveau-né dans ses bras et invite les enfants à venir l’adorer en famille. Chacun reçoit ensuite une image avec une prière de saint Antoine à conserver, ainsi qu’un exemplaire de la version pour enfants du Messager de Saint Antoine.

Qui anime ce moment ?
Les principaux animateurs sont les enfants eux-mêmes. Ce sont donc les animateurs des autres enfants et des familles qui sont dans l’assistance. Ainsi, le cortège qui précède et accompagne les rois est composé des petits pages de la Basilique. Les poésies et les prières récitées et lues sont préparées et apprises par les enfants de l’école maternelle franciscaine voisine. Et l’animation musicale est assurée par la chorale Lillium. Il s’agit de la chorale liturgique où chantent les enfants de la paroisse antonienne de l’Arcella, située sur les lieux où saint Antoine a rendu son dernier souffle. Bien évidement, il y a aussi quelques adultes, comme les musiciens, les sœurs ou nous, les frères... Et puis les acteurs de la sainte famille et des rois mages. Le rôle de la sainte famille est confié à un jeune couple qui vient de se marier. Pour les rois mages on se base évidemment sur la couleur de la peau et sur les traits physiques. On invite un ami africain, un autre oriental et un européen. Cela nous permet à la fois de respecter la connotation territoriale biblique et de représenter la réalité multiethnique que nous vivons tous ensemble. On peut ainsi valoriser le sens de l’accueil, puisque nous assistons chaque jour à l’arrivée de divers peuples qui nous amènent à vivre avec différentes cultures. C’est un message actuel que nous vivons ensemble ; l’Évangile est pour tous, pour tous les peuples, et non pas seulement pour nous Occidentaux.  C’est la sérénité autour de ce moment de fête que nous voulons transmettre comme message universel. La famille de Nazareth n’invite pas seulement les enfants et les familles présentes mais elle s’adresse à tous les enfants et à toutes les familles du monde.

Updated on 06 Janvier 2019
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