La grandeur dans ce qui est petit

Près d’un million de personnes ont reçu le soutien de 129 projets. Une grande solidarité, rendue possible aussi grâce aux lecteurs du Messager dans plus de 33 pays du monde.
15 Mars 2018 | par

Rendez-vous à Ithanga, à Monte Santo, ou encore à Biniya. Vous ne savez pas où se trouvent ces lieux ? C’est normal, ce ne sont rien que de tout petits points, quasiment invisibles, sur la carte du Kenya, du Brésil et de l’Inde. Trois minuscules points sur la carte du monde de la Caritas Saint-Antoine : des villages, voire des hameaux, dans des régions rurales ou dans des banlieues pauvres. Des « périphéries » du monde, selon les mots du pape François. Pour la Caritas Saint-Antoine, ce sont des zones en effervescence, où se manifeste une solidarité concrète.

Dans cette géographie de l’infiniment petit, la Caritas Saint-Antoine a aidé environ un million de personnes en réalisant 129 projets en 2017, pour un montant total de plus de trois millions d’euros. Chaque petit point de notre carte représente le début d’une renaissance, un projet soutenu par des missionnaires laïcs ou religieux de diverses nationalités et congrégations. Les trois lieux cités un peu plus haut en sont quelques exemples.

À Ithanga, au Kenya, nous avons aidé sœur Liliana à achever la mise en service d’une maternité dans une région où l’hôpital le plus proche se trouve à 45 km. À Monte Santo, au cœur d’une zone de sécheresse endémique au Brésil, nous avons aidé le père Marco à construire quinze puits dans les villages avoisinants. À Binya, en Inde, nous avons répondu à l’appel de sœur Reeja pour participer à la construction d’un foyer en pleine forêt équipé d’un service médical capable notamment de prémunir les 400 élèves des morsures de serpents.

Notre périphérie n’a pas de frontière

Le centre du monde de la Caritas Saint-Antoine se trouve en Afrique avec 68 projets qui représentent 45 % des ressources financières, suivi par l’Asie, en deuxième position, avec 27 % du montant total pour 2017. Cependant, c’est l’Inde qui, en tant que simple pays, compte le plus grand nombre de projets (21), avant la République démocratique du Congo (17 projets).

Et, pour la première fois, le troisième pays par nombre de projets est
l’Italie avec douze réalisations et environ 320 000 ¤ dépensés. Un choix issu de la prise de conscience de la hausse de la pauvreté dans ce pays. « Parmi les nombreux besoins, explique le frère Valentino Maragno, directeur de la Caritas Saint-Antoine, nous avons décidé de soutenir les institutions qui s’occupent des plus nécessiteux : des associations procurant du travail aux personnes défavorisées, des centres pour les handicapés, des foyers pour les SDF, des associations d’aide aux pauvres ainsi qu’une communauté de soutiens aux toxicomanes ». Il y a aussi une aide accordée à une teen zone, au cœur de l’hôpital de Padoue : là, les jeunes hospitalisés, atteints du cancer, peuvent retrouver une atmosphère plus légère, comme dans la « vraie vie ».

Les bénéficiaires et les types de projets

Le bilan de l’année 2017 montre que les bénéficiaires appartiennent aux catégories classiques de la solidarité antonienne : les enfants et les jeunes. Depuis quelques années, il faut également y ajouter des communautés, vivant souvent dans des zones rurales isolées.

Les principaux domaines d’intervention sont les suivants : éducation, santé/hygiène, promotion humaine, accès à l’eau, formation professionnelle, vie quotidienne. Par conséquent, les interventions changent selon les lieux.

En Afrique, par exemple, l’éducation est prioritaire mais aussi l’accès à l’eau potable et les projets dans le domaine de la santé – par exemple aider des petits hôpitaux et dispensaires. « Dans ces pays, il est fondamental, continue le père Valentin, d’agir en prévention des maladies causées par l’eau contaminée. De nombreux villages, sont dépourvus de cabinets médicaux et réaliser des structures permet de sauver des centaines de vies. Dans ce continent, nous accordons en outre une grande attention à l’agriculture et à l’installation de panneaux solaires ».

En Amérique latine, la priorité est donnée aux projets communautaires : projets agricoles, coopératives pour mères célibataires, centres de rencontre et de formation communautaire. « Nos priorités sont dans les communautés locales où souvent la famille est désagrégée et dans lesquelles femmes et jeunes risquent fortement la pauvreté. La communauté les aide, accueille leurs besoins et élabore des stratégies pour éviter la marginalisation. »

En Asie aussi, l’éducation est prioritaire, mais également les projets de formation et d’initiation au travail en particulier pour les femmes et les jeunes filles, une frange vulnérable de la population. « Parmi les projets les plus demandés, la construction de toilettes pour des édifices communautaires, futiles en apparence mais qui couvrent un véritable besoin : pendant des dizaines d’années, on a construit des salles de classe sans penser aux toilettes. »

L’« hardware » de la solidarité

Pour ce qui est de l’ensemble des pays, les interventions les plus demandées concernent la construction (55 projets) ou la restauration (12 projets) de bâtiments, des réalisations qui ont absorbé presque 70 % des ressources à disposition pour 2017. C’est comme si les missionnaires avaient misé sur l’« hardware » de leur solidarité : « Les projets de construction d’écoles, de dispensaires, de salles polyvalentes sont au-delà des moyens de la plupart des communautés où nous œuvrons. Nous ne donnons presque jamais le financement complet, mais nous avons à disposition la contribution d’autres associations et des personnes des environs, dans une perspective de réseau typique chez la Caritas Saint-Antoine ». 

La particularité de cette année est le fait d’avoir eu de nombreux projets de construction de maisons pour le personnel sanitaire et scolaire : « Il y a quelques années seulement, continue le frère Maragno, nous ne couvrions pas  ces frais. Puis, nous avons compris que, sans des conditions de vie acceptables, aucun médecin ou enseignant n’aurait accepté d’intervenir dans des zones aussi isolées et difficiles. Cela aurait empêché d’avoir des services minimaux pour les populations les plus pauvres ».

La construction de foyers à proximité des écoles est fondamentale, surtout là où il faut marcher des heures pour se rendre à l’école. Les enfants encourent toute sorte de dangers, ce qui est particulièrement inquiétant et surtout pour les petites filles.

La Caritas Saint-Antoine – avec les rares exceptions qui concernent les projets du 13 juin – demeure une véritable aide pour les microprojets. En effet, 36 % des projets coûtent entre 20 000 et 30 000 ¤ et 27 % moins de 10 000 ¤, avec un rapport coût-bénéfices très élevé.

Dans l’avenir immédiat

Un dernier regard sur le projet du 13 juin 2017 en faveur des femmes d’un pauvre village du Pakistan. La réponse des bienfaiteurs a été généreuse. La construction du Centre de formation et d’insertion professionnelle prévue par le projet est bien avancée et sera opérationnel dès ce printemps.

Et qu’est-ce qui nous attend pour juin 2018 ? « Cette année, nous irons en Amérique latine. Les bénéficiaires seront des familles qui vivent au milieu de la forêt dans des cabanes, en cultivant des lopins de terre arrachés à la broussaille ». Nous serons proches des plus lointains, dans un coin de notre immense périphérie. Aux noms de saint François et de saint Antoine et de notre solidarité de l’infiniment petit. 

Updated on 26 Mars 2018
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