Le musée antonien : une découverte pour s’émerveiller

28 Juillet 2014 | par

Lara le qualifie de « petit joyau de la basilique », Chiara de « concentré de basilique ». C’est en ces termes que ces Padouanes définissent le musée antonien avec lequel elles collaborent.

Le musée a vu le jour il y a presque 20 ans, en 1995, pour le 800e anniversaire de la naissance de saint Antoine. Tout en répondant aux critères les plus modernes de la technologie muséographique, ce lieu donne une nouvelle vie à des dizaines d’œuvres d’art réalisées au fil des siècles pour la basilique et la Vénérable Arche de saint Antoine, des œuvres qui avaient perdu leur place d’origine dans la basilique ou la possibilité d’être encore utilisées lors des liturgies.

Situé dans le cloître du bienheureux Luc Belludi, ce lieu de la mémoire a pour caractéristique de valoriser un rapport vivant et dynamique avec le sanctuaire antonien ; les frères se réservent ainsi la possibilité d’utiliser certains parements et objets sacrés lors de célébrations liturgiques particulières.

Un parcours est proposé tout autour d’une salle unique au centre de laquelle s’élève une mezzanine. La perspective complémentaire et insolite offerte par cet espace en hauteur nous permet de poser un regard différent et singulier sur les œuvres. Ainsi, les grands retables qui ornaient les chapelles radiales de la basilique peuvent non seulement être observés depuis le large couloir prévu à cet effet, mais aussi être admirés d’en haut. L’absence de reflet des projecteurs, qui masque parfois certains détails, augmente alors cette sensation de proximité et les émotions transmises par les artistes. Nous avons l’impression, par cette forme de vis-à vis avec les anges, d’être invités à observer les scènes marquantes de la vie de certains saints.

Parmi eux, se trouve Le martyre de sainte Agathe de Catane, que Jean-Baptiste Tiepolo a peint vers 1734. Le regard angélique et douloureux que la jeune vierge tourne vers le ciel s’oppose au visage sombre et cruel de son bourreau. La précision du trait et la palette de couleurs riches et intenses nous émeuvent tout en nous transportant dans la prison froide et impersonnelle où se déroule la scène.

Depuis la mezzanine, notre regard est aussi attiré par la lunette peinte par Andrea Mantegna pour orner l’arcade surplombant la double porte d’entrée de la basilique. Peinte en 1452, elle représente saint Antoine et saint Bernardin de Sienne qui soutiennent le monogramme du Christ. L’artiste y applique avec brio les règles de la perspective de la Renaissance. Les silhouettes des deux saints sont un exemple de l’art antique qui, par l’application du clair-obscur, crée l’illusion d’un relief peint.

La fresque n’a rien perdu de ses couleurs vives, mais elle a été intégrée à la collection du musée afin de la protéger, tandis qu’une copie l’a remplacée sur le parvis.

En redescendant de la mezzanine, une série de panneaux recouverts de marqueterie force l’admiration. Les œuvres, caractéristiques de la culture du XVe siècle, s’inspirent de vues de Padoue et parviennent à offrir une illusion spatiale extraordinaire par le rendu des perspectives.

Le musée présente aussi des pièces d’orfèvrerie. Bien que la plupart des reliquaires les plus précieux se trouvent exposés dans la chapelle des reliques ou conservés dans la sacristie pour un usage plus courant, le musée expose plusieurs pièces d’une valeur inestimable. L’une des plus anciennes et des plus belles d’entre elles remonte à 1500. Il s’agit d’un centre de table en forme de bateau en argent doré provenant de Nuremberg. Des ornements sacerdotaux sont aussi conservés dans de grandes vitrines. Ils témoignent de l’évolution de l’art pluricentenaire de la paramentique catholique. À partir des étoffes vénitiennes de la Renaissance jusqu’aux tissus du siècle dernier, en passant par les volutes de feuillages très sophistiquées du Baroque, ou les splendides dentelles lyonnaises du XVIIIe siècle, on peut découvrir quelques surprises. Parmi celles-ci, il est possible de remarquer une aube très ouvragée dont la partie basse, en taffetas rouge antique, est recouverte d’une broderie identique aux broderies d’Alençon. Elle est agrémentée de rubans et de fleurs minuscules. Il s’agit d’un don offert par la reine Marie-Antoinette au saint de Padoue pour avoir obtenu la grâce de la maternité. Une preuve, s’il en est encore besoin, que saint Antoine, dans sa popularité, a su parler au cœur de tous ; pauvres et nantis, humbles

et nobles ! 

 

Le saviez-vous ?

Placées dans la bibliothèque antonienne en 1907, les œuvres du musée sont restées inaccessibles au public à partir de la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1995.

Aujourd’hui, le musée est ouvert du lundi au vendredi : 9-13h et le week-end : 9-13h ; 14-18h, sans réservation (entrée 2,50 euros). Il renferme l’exposition permanente et gratuite de la dévotion antonienne, où est présenté un échantillon de la variété d’ex-voto apportés à saint Antoine, autant pour le prier que pour lui rendre grâce.


 

Updated on 06 Octobre 2016