Portraits à la cour des Médicis

23 Septembre 2015 | par

Le portrait de Girolamo Savonarola peint par Fra’ Bartolomeo ouvre l’exposition. Le visage du frère dominicain qui se détache de profil sur un fond noir en est d’autant plus lumineux.  Le caractère déterminé du prédicateur se devine sur le visage sans sourire et le regard qui porte au loin. Il voisine avec le magnifique double portrait de Deux amis de Pontormo. L’intensité de la pose des deux hommes, à la fois austère et sobre, est propre aux portraits florentins de la période républicaine du début du siècle. Ils pointent la lettre d’un ami, geste hautement symbolique du lien d’amitié qui lie ces deux hommes au peintre. Pontormo expérimente de nouvelles formes à l’origine d’une évolution artistique qui va marquer tout le XVIe siècle florentin. Il inaugure notamment la présentation du modèle de trois-quarts qui va devenir la norme, comme en témoigne l’œuvre d’Agnolo Bronzino, son élève, l’un des peintres favoris de Cosme Ier et de son épouse Éléonore de Tolède.

 

Une image construite


Cosme Ier de Médicis avait une conscience aigüe de l’image comme objet de propagande. Bronzino a été mandaté pour créer une image officielle du duc. Issu d’une branche cadette de la famille, Cosme s’est attaché à célébrer sa généalogie pour asseoir sa légitimité. Il confia notamment au peintre Salviati la réalisation du portrait de son père, le seigneur de Médicis, l’un des derniers condottieri, surnommé Jean des Bandes Noires. La récente redécouverte de ce portrait a permis de mieux comprendre les ambitions de Cosme Ier qui s’est fait représenter à plusieurs reprises par Bronzino sous l’aspect d’un condottiero afin de souligner la continuité par rapport à la figure de son père : même point de vue, même armure et même position du visage montré de trois-quarts, les yeux détournés du spectateur.

Vers 1560, Cosme, ayant atteint une maturité souveraine, peut bannir tout l’aspect guerrier de sa personnalité et commande à Bronzino un portrait où il apparaît d’un calme aristocratique, sûr de son pouvoir. Le futur grand-duc (ce titre ne lui fut conféré par Pie V qu’en 1569) est vêtu des somptueux habits adaptés à un souverain plein d’autorité. Il porte au cou la Toison d’or, très haute décoration impériale reçue en 1546.

 

Des miroirs pour la vie

L’aristocratie de la Florence médicéenne se plaît à livrer à la postérité une image d’elle-même passant surtout à travers les insignes de son rang : tenue vestimentaire, coiffure, bijoux... Les portraitistes apportent donc un soin méticuleux à la reproduction des somptueux détails des accessoires et des vêtements. C’est que le portrait participe à un vaste système d’échanges : il tient lieu de bulletin de santé et permet les tractations diplomatiques telles que les mariages. Les portraits d’enfants, eux, sont des gages de continuité d’un lignage ou de mémoire pleine de regrets comme pour les trois portraits des enfants de la famille Gaddi, exceptionnellement réunis, attribués à Santi di Tito. Lucrezia est présentée dans un décor en plein air, ce qui est rare à l’époque, accompagnée de son perroquet et d’une gerboise. Emilia a été immortalisée remplissant d’eau un vase de fleurs. Sinibaldo, le petit garçon, arbore un hochet de luxe auprès de son petit chien. 



AUTRES EXPOSITIONS

 

Mon violon m’a sauvé la vie. Destins de musiciens

dans la Grande Guerre


L’exposition propose de découvrir la Grande Guerre à travers la musique et plus exactement à travers les destins de musiciens issus des différents pays belligérants. On découvre plusieurs portraits de musicien mais le fil rouge de l’exposition est Lucien Durosoir (1878-1955), l’un des plus grands violonistes français du début du XXe siècle.

Musée de la Grande Guerre,

jusqu’au 31 décembre

Rue Lazare Ponticelli

77100 Meaux

Tél. : +33 (0)1 60 32 10 45

 

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Shadows, un étonnant ensemble de 102 toiles qui se déploient sur une longueur de plus de 130 mètres réalisé en 1978-79 par l’un des inventeurs du Pop Art, est présenté pour la première fois en Europe avec 70 autres tableaux issus des séries « Fleurs », « Mao » et « Chaises électriques » notamment, et des films de l’artiste.

Musée d’Art Moderne

de la ville de Paris,

jusqu’au 7 février

11, av. du Président Wilson

75016 Paris

Tél. : +33 (0)1 53 67 40 00



 

Updated on 06 Octobre 2016