Tintoret

Consacrée aux quinze premières années de sa carrière, cette exposition célèbre le 500e anniversaire de la naissance du peintre vénitien. Une cinquantaine de portraits et de scènes bibliques ou profanes, œuvres de jeunesse, sont rassemblés pour l’occasion.
29 Mai 2018 | par

Regard clair et direct, cheveux noirs bouclés, barbe et moustache, le Tintoret accueille le visiteur ou plus exactement son autoportrait peint en 1547 et venu de Philadelphie pour l’occasion. Le peintre s’est représenté de trois quart, en pleine lumière. Il a 28 ans. En se consacrant à ses quinze premières années d’activité, l’exposition met en évidence la précocité et l’importante production du Tintoret. Les œuvres présentées ont été produites de 1537 à 1555, Tintoret avait entre 18 et 38 ans. La plus ancienne conservée, L’Adoration des mages du Prado, est une œuvre d’une grande originalité réalisée alors qu’il n’avait pas vingt ans.

Le petit teinturier
Ses origines familiales et sa petite stature lui valent le surnom de Tintoretto, littéralement « le petit teinturier » francisé sous la forme « Tintoret ». On raconte qu’en utilisant les teintures de son père, il réalisait tout jeune de remarquables graffitis. Par la suite, il se forme rapidement au métier de peintre, probablement auprès de Bonifacio de’ Pitati. En janvier 1538, avant même d’avoir vingt ans, il est déjà un maître indépendant disposant de son propre atelier. Ses œuvres témoignent de l’influence qu’exercent sur lui les inventions les plus récentes de Titien, son aîné, premier peintre de Venise, qu’il entend égaler voire surpasser. Les œuvres réunies ici montrent aussi son ouverture aux formes nouvelles venues d’ailleurs et sa volonté de se mesurer aux grands maîtres de son temps : Raphaël, Jules Romain, Michel Ange... Son indépendance d’esprit et son goût de l’expérimentation apparaissent dans sa manière de combiner les sources d’inspiration pour proposer une vision originale. Pour accéder à de prestigieuses commandes et se constituer un réseau de relations dans la bonne société, il fait preuve d’une audace visuelle dont témoignent notamment les deux grands panneaux peints pour un palais de la famille Pisani. Il n’hésite pas non plus à casser les prix pour remporter un marché qui lui permet de gagner en visibilité mais pas de se faire des amis !

Giovanni Galizzi
La grande productivité du Tintoret interroge les spécialistes. Le jeune Jacopo est-il bien l’auteur de toutes les œuvres qu’on lui attribue ? Il semble que Giovanni Galizzi aurait pu collaborer à plusieurs tableaux religieux, voire en réaliser entièrement, notamment vers 1544, période où Tintoret élargit considérablement sa production. Certaines œuvres exposées initialement attribuées au Tintoret sont désormais reconnues comme étant du seul Galizzi. Cela n’enlève rien à la virtuosité, à l’indépendance d’esprit et à l’éclectisme d’un artiste précoce. L’exposition s’achève avec les commandes importantes du début des années 1550 qui contribuèrent à le propulser sur le devant de la scène : Le Péché originel pour une confrérie ou La Princesse, saint Georges et saint Louis pour le siège d’une administration vénitienne, près du Rialto. Tintoret a su donner à ses toiles un mouvement qui n’appartient qu’à lui. Ses figures se distinguent par leur précision anatomique, en parfait contraste avec le brillant des étoffes, et la transparence délicate des voiles, des carafes. Ses compositions en spirale ont déjà quelque chose de cette chorégraphie qu’on retrouve dans ses chefs-d’œuvre vénitiens de la maturité.

Updated on 29 Mai 2018
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