2012 et ses infos passées sous silence

11 Décembre 2012 | par

L’année passée nous a offert des événements surexposés d’un point de vue médiatique, et d’autres dont on ne parle que peu, voire pas du tout. le Messaggero di sant’Antonio est allé à la recherche d’événements qui, hélas, ne sont pas diffusés, alors même qu’ils mériteraient l’attention de ceux qui informent.

 

On a l’habitude de dire que « la télévision nous a apporté le monde à la maison » et, par conséquent, des événements qui se déroulent dans les lieux les plus éloignés de chez nous. Nous devrions au contraire avoir davantage conscience du fait que quelqu’un choisit ces événements pour nous, et que ces derniers sont uniquement proposés par l’actualité. C’est ainsi que certains événements se trouvent « surexposés » et que d’autres ne trouvent aucun écho. Pour les trouver, il faut aller les rechercher dans les flux d’information des agences de presse, qui ont du mérite mais qui ne sont que des agences de niche, comme par exemple l’agence missionnaire italienne « Misna » ou l’ « Interpress Service », qui dès leur création se sont spécialisées dans l’information qui concerne les Pays du Tiers-Monde. 

 

Les femmes de Goma

Une association de femmes de Goma a lancé un appel il y a quelques semaines : « En cette période vraiment sombre, nous demandons au gouvernement de prendre ses responsabilités en interrompant une guerre sans fin, qui ne nous a fait que trop souffrir. Et nous, en tant que femmes, avec nos enfants, nous le savons mieux que quiconque ». Nous avons commencé exprès par l’Afrique noire et par un appel de femmes, qui parlent également au nom de leurs enfants. Un continent oublié, une guerre dont on ne parle pas, et des êtres totalement sans défense. 

Goma est une ville de Kivu, région minière de la République démocratique du Congo, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda, dans laquelle une ressource naturelle, comme la richesse minière, s’est transformée en la pire des infortunes pour les habitants. Les populations sont rançonnées par des « seigneurs de la guerre » issus de diverses extractions (on compte bien trente-cinq milices armées), et qui ont l’intention de se répartir les lucratifs trafics de minerais. Le coltan, qui, en proportion infime se trouve aussi dans nos téléphones portables, attire à lui, comme on peut l’imaginer, des prédateurs étrangers qui ont créé des aéroports clandestins dans les forêts. Une force militaire de l‘ONU est présente au Kivu, comme dans le reste du Congo, mais elle a des pouvoirs trop limités – d’« interposition », uniquement, entre les belligérants – ce qui la rend trop faible pour peser dans la balance. Et pendant ce temps, le martyr des populations continue, dans le silence général.

 

Le tournant de San Suu Kyi

En Birmanie, appelée officiellement Myanmar, l’année qui touche à sa fin restera dans les mémoires celle du tournant démocratique, avec l’entrée au parlement de Aung San Suu Kyi, surnommée the Lady. Un événement célébré par tout le monde, y compris nous, et à raison. Mais on ne parle pas, ou très peu, de la situation des minorités, qui dans de larges parties du pays deviennent majoritaires, et qui, depuis des décennies, sont en lutte pour l’autonomie. Dernièrement, il y a eu des affrontements avec les Rohingyas, qui sont arrivés en Birmanie il y a quelques générations, et que le gouvernement continue à considérer, malgré la longue période passée dans le pays, comme une sorte de clandestins dont il voudrait se débarrasser par le biais d’expulsions. Sur le problème des minorités, même the Lady s’est montrée très réservée, sans doute par crainte de mettre en péril l’appui de la majorité birmane de la population.

Même au Tibet, relativement proche,  la situation est critique. Dans l’État oriental, sous souveraineté chinoise, durant une fête populaire très pratiquée (il s’agit de concours équestres, dans le district de Maqu, au cours desquels les équipes s’affrontent pendant cinq jours, avec rapidité et résistance), les autorités ont affiché une pancarte bien visible, qui serait comique si elle ne se référait pas à une situation tragique. Il y est écrit qu’il est « défense de se suicider », parce que c’est interdit par la loi.

Le suicide est celui des moines tibétains qui s’immolent pour protester contre l’occupation chinoise. L’un d’entre eux, Sopa Tulku, a expliqué son geste ainsi : « Je ne le fais pas pour mes problèmes personnels, mais pour les six millions de Tibétains privés de liberté et pour le retour du Dalai Lama au Tibet ». Depuis Dharamsala, en Inde, le Dalai Lama et ses collaborateurs ont lancé trois appels : le premier, aux moines, afin qu’ils n’aient pas recours à des actes extrêmes ; le second, aux autorités chinoises, pour qu’elles abordent le problème tibétain avec le dialogue et non par la répression ; le dernier, à la communauté internationale, afin qu’elle n’oublie pas le Tibet.

Quelqu’un se souvient-il de la Road Map, la « feuille de route » mise en place par la communauté internationale en 2002, sous la présidence de George Bush senior, pour conduire d’ici 2005 à la création d’un État palestinien indépendant ? Pourtant, sept ans se sont écoulés et le plan est tombé dans l’oubli.

Heureusement, on parle moins de l’Iraq : la situation s’est s’améliore légèrement. Mais ce n’est toutefois pas le cas des chrétiens iraquiens, dont la situation reste critique : la diaspora silencieuse, qui a conduit à réduire de moitié la présence des minorités chrétiennes, se poursuit. De même que dans d’autres États arabes : En Égypte, par exemple, 100 000 chrétiens coptes environ ont quitté les lieux au cours de l’année dernière.

 

Updated on 06 Octobre 2016