Alphonse Mucha

L’exposition met en lumière le « style Mucha », caractérisé par d’élégantes figures féminines et des jeux de courbes et contre-courbes. Elle permet aussi de découvrir les autres facettes moins connues de l’affichiste.
25 Février 2024 | par

En décembre 1895, lorsque Sarah Bernhardt doit reprendre, pour trente représentations, le drame Gismonda au Théâtre de la Renaissance, elle exige une nouvelle affiche. À l’approche de Noël, tous les affichistes de renom sont en vacances. Ainsi Mucha, qui travaillait alors comme illustrateur, hérite presque par hasard de la commande. Il réalise une affiche toute en hauteur, aux dimensions des colonnes Morris. Sarah Bernhardt y apparaît en pied, tenant un gigantesque rameau à la main qui dissimule une partie de son nom. Son commanditaire, l’imprimeur Lemercier, n’aime pas du tout sa proposition mais, face à l’urgence, il l’envoie à l’actrice qui, elle, est enchantée par le style novateur de l’affiche. « M. Mucha, vous m’avez rendue immortelle », lui aurait-elle dit. En tout cas, elle signe avec lui un contrat de 6 ans : Mucha devient son directeur artistique prenant en charge non seulement ses affiches mais aussi ses décors et ses costumes.

Le « style Mucha »
Grâce au succès de Gismonda, Mucha devient un affichiste très populaire. Basé sur des principes visuels simples, son style est reconnaissable entre tous. Les commandes affluent : compagnie PLM, papier à cigarette JOB, champagne Moët & Chandon, biscuits Lefèvre-Utile, parfum Bleuze-Hadancourt... Le succès est tel que le « Style Mucha » devient synonyme du Style Art nouveau, mouvement dont les manifestations ne cessent de s’amplifier à Paris et Bruxelles.
L’exposition présente aussi une série de photographies prises par Mucha. En parallèle de sa production d’affiches, de peintures et d’œuvres décoratives, il cultive un réel intérêt pour la photographie qui est alors un médium artistique nouveau. Qu’ils soient pris sur le vif ou composés en atelier, ses clichés lui permettent de garder une justesse des détails, des costumes et des décors. Ils complètent ses croquis et dessins et lui servent à penser ses œuvres.

L’identité slave
Né en 1860 à Ivančice, ville de l’actuelle république Tchèque qui appartenait à l’époque à l’empire austro-hongrois, Mucha se forme à l’Académie des Beaux-Arts de Munich puis, à partir de 1887, date de son arrivée à Paris, à l’Académie Julian et à l’Académie Colarossi.
C’est au cours de ces années que naît chez lui le sentiment de l’identité slave. Ses racines sont omniprésentes dans son œuvre : ses femmes portent des costumes traditionnels et leurs couronnes de fleurs symbolisent l’union et l’harmonie des peuples slaves. Pour l’exposition universelle de 1900, Mucha est missionné pour réaliser les peintures murales du pavillon de la Bosnie-Herzégovine. L’artiste présente l’histoire de son peuple mais son travail est refusé par l’empire austro-hongrois qui souhaite une image plus édulcorée. Un bel ensemble d’huiles sur toile dont son chef-d’œuvre Chant de Bohême réalisé en 1918, année où la Tchécoslovaquie est reconnue comme nation souveraine, témoigne de son engagement. Rentré dans son pays, il s’implique en dessinant notamment les billets de banques et les timbres de sa nouvelle nation. Il va consacrer la seconde moitié de sa vie à une série de 20 toiles monumentales narrant l’Épopée slave présentée dans une installation immersive qui clôt le parcours de l’exposition.

Updated on 25 Février 2024
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