Anima Christi
Âme du Christ, sanctifie-moi.
Corps du Christ, sauve-moi.
Sang du Christ, enivre-moi.
Eau du côté du Christ, lave-moi.
Passion du Christ, fortifie-moi.
Ô bon Jésus, exauce-moi.
Dans tes blessures, cache-moi.
Ne permets pas que je sois séparé de toi.
De l’ennemi perfide, défends-moi.
À l’heure de ma mort, appelle-moi.
Ordonne-moi de venir à toi,
pour qu’avec tes saints je te loue, toi,
dans les siècles des siècles.
Amen.
Pour annoncer la joie de l’Évangile (Evangelii gaudium) et celle de l’amour (Amoris laetitia), pour respecter la Création (Laudato si’) et pour réaliser la fraternité universelle et la solidarité sociale (Fratelli tutti), il est indispensable que nous nous ouvrions à « l’âme » du Christ et vénérions son « corps ».
Une prière au Sacré-Cœur de Jésus
Par cette prière au Fils de Dieu, Ignace de Loyola nous invite à partager son amour pour la deuxième Personne de la Trinité et à devenir comme lui des « compagnons de Jésus ». C’est du Christ tout entier, corps et âme, que surgit la « sanctification » de nos êtres dans l’Esprit et que nous est octroyé le « salut » éternel.
Sang et eau
À l’exemple de Marie, nous nous tenons au pied de la croix (Stabat Mater dolorosa) et nous recueillons ce qui s’écoule de la plaie de Jésus, transpercé par la lance du soldat (Jean 19, 34). Faisant de nos personnes un réceptacle pour les précieux liquides, nous nous transmuons en « saints graals » et en vases sacrés afin de récolter ce que notre Rédempteur nous offre.
En nous branchant sur son cœur ouvert, nous nous laissons « enivrer » par le sang du Christ, le plus fascinant des nectars, le vin de nos eucharisties. Telle la nouvelle Ève surgie du côté du nouvel Adam, nous sommes aspergés par l’eau du baptême qui nous « purifie » de tout péché et nous confère un esprit nouveau.
O bone Iesu
Tant de motets ont chanté la bonté de celui qui seul nous apporte le salut ! Par sa « Passion » sur la croix, il nous « fortifie », nous transfigure et nous fait passer nous-mêmes de la mort à la vie. Par le don de sa vie au Calvaire, il exauce nos supplications et nous comble des fruits de bienveillance et de miséricorde que l’Esprit nous promet (Galates 5, 22-23).
O bone Iesu, « ô doux Jésus », dont nous murmurons sans relâche le nom par la prière répétitive dite du « pèlerin russe » : « Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu sauveur. Prends pitié de moi pécheur. » Tel le publicain de la parabole de Luc (18, 9-14), nous restons conscients de notre petitesse et de notre faiblesse, et nous nous laissons pardonner et relever par le Sauveur de la multitude. Nous savons et nous expérimentons qu’il nous « cache » au plus profond de ses cinq « blessures » dans ses mains, ses pieds et son côté.
« Défends-moi »
Puisque le Père nous délivre de tout mal, le Fils nous préserve des « attaques de l’ennemi ». Si nous restons attachés à lui, rien ne pourra nous « séparer » de lui, ni la mort, ni la vie, ni le présent, ni l’avenir (Romains 8, 38-39).
Cette prière ignatienne nous garantit de ce fait une « bonne mort » en compagnie de saint Joseph, des anges et de tous les saints. Car « à l’heure de notre trépas », le Christ nous conviera auprès de lui, ainsi qu’il l’a fait pour le bon larron » (Luc 23, 39-43).
De la sorte, nous passerons notre éternité au milieu de la « louange et de l’allégresse », avec toutes les nations, auprès de l’Agneau glorieux et du trône de l’Ancien (Apocalypse 4-5). Une magnifique perspective pour l’ensemble de l’été !