Au nom de Pietro Annigoni

01 Janvier 1900 | par

Vingt enfants du Burkina Faso pourront aller à l’école et poursuivre leurs études grâce au peintre Pietro Annigoni, au nom duquel les Frères de la Basilique ont décidé de les adopter à distance. L’adoption a eu lieu à travers l’association des «Amis de Pietro Annigoni», de Florence, qui promeut des actions de solidarité au nom de l’artiste disparu en octobre 1988.
«Il nous a semblé une bonne chose – affirme le Père Domenico Carminati, recteur de la Basilique – que l’expérience d’Annigoni à la Basilique se poursuive de quelque manière. Nous sommes convaincus que ce souci des pauvres est apparu au Maître et à sa femme à la suite de leur long séjour auprès de nous, et donc grâce à saint Antoine.»
L’association des « Amis de Pietro Annigoni » a adopté jusqu’à présent environ 500 enfants et 80 autres sont dans l’attente de parrains d’ici la fin de l’année.
«Le progrès ne signifie rien, disait le maître, s’il ne détermine pas une croissance morale et la conscience de la dignité de l’homme. Chaque homme a le devoir d’aider les miséreux, quels qu’ils soient et où qu’ils soient.» C’est la raison pour laquelle sa veuve, Madame Rossella Segreto Annigoni, a voulu honorer la mémoire de son mari en fondant cette association destinée à promouvoir la solidarité entre les peuples.
«La douleur que l’on éprouve en perdant un être cher peut sembler insurmontable, explique Madame Annigoni, mais si l’on possède quelque chose au fond de soi, la solitude porte à la méditation, au renoncement du superflu et à l’engagement vers quelque chose de constructif, comme aider son prochain. C’est pour cette raison que chaque année je me rends en Afrique, pour aider le peuple du Burkina Faso. En respectant les traditions et la culture locale, j’essaie de créer les conditions pour que les gens puissent se procurer leur nourriture plutôt que de recevoir simplement de l’aide. Je suis tombée amoureuse de l’Afrique pour son sens de liberté et d’authenticité qui chez nous a disparu.»
Le Burkina Faso, qui veut dire « Pays des hommes libres » est l’ancienne Haute-Volta. La capitale est Ouagadougou. Pour une superficie d’environ la moitié de la France, il compte onze millions d’habitants. Une population qui souffre des plus terribles maladies – hépatite, tuberculose, lèpre, méningite, malaria, sida – ainsi que de malnutrition et d’analphabétisme.
«Au Burkina, explique Rossella Annigoni, il existe une division rigoureuse en classes, au bas de laquelle les enfants sont considérés de simples bras en plus et les femmes, des machines de travail et de reproduction. Lorsqu’elles sont veuves, on les renvoie dans leur village d’origine et si on ne veut pas les y accueillir, elles sont obligées d’errer d’un lieu à un autre pour survivre. La principale source de revenu est l’agriculture, une tâche ardue dans un pays touché par la sécheresse huit mois par ans. Alors, les hommes sont obligés d’émigrer en Côte d’Ivoire et quand ils reviennent, ils ont attrapé le sida.»
Depuis le début de son activité, l’association des « Amis de Pietro Annigoni » a construit des puits, des écoles, des dispensaires, distribué des médicaments aux missions, ainsi que des vêtements et du matériel didactique. Elle a également envoyé à l’école environ deux milles enfants de six à quinze ans, équipé la maternité de l’hôpital de Ouaga, assuré la subsistance d’un groupe de veuves, construit des maisons pour handicapés...
Un projet est en cours, auquel est associée la Caritas Antonienne, pour la construction du pavillon des urgences de l’hôpital du district Saint-Camille de Nanoro, à une centaine de kilomètres de la capitale.

 Une autre initiative, qui tient beaucoup à cœur à l’association, est la construction d’une école pour le village de Bobra, où le taux de scolarisation est inférieur au taux national (31,72%). Un troisième projet important pour l’association est une maison d’accueil pour séminaristes, religieuses et novices à Ligmwaare. «Malheureusement, conclut Rossella Annigoni, même si nous avons l’impression de faire beaucoup, nous nous rendons compte que nous n’offrons qu’une goutte d’eau pour soulager une grande soif.»

 

Annigoni à la Basilique

Le premier ouvrage réalisé par Pietro Annigoni pour la basilique Saint-Antoine (1978) est le retable de saint Maximilien Kolbe, le martyr franciscain d’Auschwitz. Les Frères lui proposèrent ensuite de peindre à fresque la chapelle des Bénédictions. Il en résulte un triptyque : une Crucifixion, entourée du Sermon aux poissons et de la Rencontre avec Ezzelino. Dans le réfectoire du couvent, on peut admirer une grandiose Cène. L’ultime ouvrage du maître (1985) est la fresque qui surmonte la porte centrale d’entrée, évoquant la Prédication sur le noyer.

Updated on 06 Octobre 2016