Aux captifs la liberation

01 Janvier 1900 | par

 Le nom de cette association paraît souvent un peu mystérieux : « À premier abord, on pense souvent que notre association se consacre à une présence auprès des prisonniers », constate Fabienne Allamargot, attachée de presse. Et bien non, rappelle Brigitte Prissard, responsable formation et recrutement : «  Aux captifs, la libération est d’abord une parole forte pour chacun, qui nous renvoie au chapitre 4 de l’Évangile de Saint Luc dans lequel Jésus lit dans une synagogue, un jour de sabbat, ces paroles du prophète Isaïe : « L’Esprit du Seigneur (..) m’a envoyé proclamer aux captifs la libération » (extrait du verset 18).

Tout homme est donc captif

« Pas seulement, ceux qui sont derrière les barreaux, mais aussi tous ces gens qui sont dans la rue, qui se droguent, boivent ou se prostituent.
Et nous, ne sommes-nous pas captifs, de nos préjugés, de notre enfermement sur nous-même, de notre vie tranquille, de notre peur de l’autre ? 
Aller à la rencontre les uns des autres, de faire tomber les murs qui s’édifient si vite entre nous, de changer mutuellement notre regard, de préparer une ville nouvelle, tel est le chemin que nous propose cette parole ». Saisi par la force et l’exigence de cette parole, Aux captifs la libération a choisi de la mettre en pratique, de façon préférentielle, auprès des gens de la rue.

À la rencontre des gens de la rue

« Notre mission, c’est d’aller à la rencontre de ceux qui vivent dans la rue et de la rue, » précise Brigitte Prissard, responsable formation et recrutement, « c’est-à-dire de ceux qui vivent dans l’errance, de ceux qui sont dépendants de l’alcool, de la drogue, qui vivent de trafics, de la prostitution ou des deux… Ces gens de la rue sont des hommes, des femmes et des enfants : jamais des personnes âgées, car on ne vit pas vieux dans la rue. L’espérance de vie de la rue est de 43 ans. Je pense à un monsieur qui avait l’air d’avoir l’âge de mon grand-père, quand il est mort, j’ai su qu’il avait dix ans de moins que moi !
Grâce à ces rencontres, ces personnes peuvent ainsi faire l’expérience, qu’elles ne sont pas “de la merde”, contrairement à ce qu’elles disent d’elles-mêmes : si nous venons vers elles, c’est qu’elles ont un prix à nos yeux…
Pour mener cette action, nous sommes 120 bénévoles, 50 salariés et nous travaillons en partenariat, quand cela est nécessaire avec le Samu social, les médecins du monde, les services sociaux. »

 Une idée fondatrice : La tournée-rue

« Concrètement, c’est la base de notre démarche, » explique le docteur Florence Bladier, membre de l’association, s’adressant aux responsables de Chrétiens en santé mentale, le 27 janvier 2003, « nous partons en tournée, deux par deux, toujours le même jour, à la même heure et sur le même parcours, à la rencontre des gens de la rue. Ceux-ci, en effet, n’en bougent plus. Ils ne sont pas heureux d’être là, ils n’ont pas de statut. À la rue, on ne se sent pas très beau à voir, on est sale, on ne sent pas toujours très bon, on n’a plus rien, on n’est plus rien. Et nous, nous arrivons bien au chaud dans nos vêtements, chaussés les pieds au sec. Plein de courage et de bonnes intentions, nous débarquons dans la rue… Nous abordons la personne qui est là, assise ou couchée, sur un banc de métro ou dans un coin de porte, nous lançons un bonjour qui se veut convivial et nous nous asseyons à côté, pour passer un moment avec elle. »

 Une écoute et des propositions variées

« C’est vrai, ajoute-t-elle, que notre espoir est fou : pourquoi celui qui est là, qui n’a rien, nous tolèrerait-il, nous qui avons tant ? Va-t-il nous vider ? Parfois on ne se le fait pas envoyer dire : « va te faire foutre ! ». Mais, le plus étonnant de l’histoire, c’est que souvent cela marche, c’est-à-dire que la personne répond à notre salut, parfois esquisse un sourire, invite à s’asseoir et se met à parler. »
« Peu à peu un désir peut émerger, car il n’y a pas de désir sans quelqu’un pour l’entendre, quand on est dans l’extrême misère, au fond du malheur, complète Brigitte Plissard. Alors, ajoute-t-elle, nous leur proposons de venir dans l’une de nos 5 antennes parisiennes. Permanence d’accueil, permanence RMI, de domiciliation, cours d’alphabétisation, atelier peinture, mais aussi, suivi psychologique, groupes de parole y sont à leur disposition. Nous organisons aussi, avec les gens de la rue des moments de fête, comme cette année, le troisième festival de la rue, avec de la musique, de la danse, des sketches, du théâtre de la peinture : le plaisir de partager, de goûter la beauté des œuvres. Une belle leçon de vie !

 Un lieu d’Église

Fondé par un prêtre du diocèse de Paris, le Père Patrick Giros, Aux captifs la libération remplit une mission pastorale auprès des gens de la rue, envoyé auprès d’eux, par le Cardinal Lustiger, Archevêque de Paris.
Les personnes qui font les tournées-rues se présentent en référence à la paroisse du lieu qu’elle parcourent : « on vient de l’église qui est au bout de la rue ».
Convaincus que chacun a droit à l’Évangile, les Captifs organisent, chaque mois une « Prière-rue » qui réunit des gens de la rue, des permanents, des paroissiens. On lit des Psaumes, qui sont la prière du pauvre, on lit des passages d’Évangile, on fait un peu de catéchèse en les commentant, on prie les uns pour les autres : c’est un temps de partage très fort, puis on dîne ensemble, avant de se séparer. Le but est aussi d’ouvrir le cœur des paroissiens, autrement que par le don d’une piécette, à la misère qu’ils côtoient dans la rue, de les amener à changer leur regard et leur préjugé.
Une invitation qui s’adresse à chacun de nous, bien sûr !

 

Des nouveaux et de futurs nouveaux : Les Captifs ouvrent leurs bras à toutes formes de collaboration

Les permanents et les volontaires s’engagent dans une équipe des Captifs pour un an, pour deux, pour plus…Certains dépassent dix ans de présence à la rue.
Mais il y a toujours des remplacements à assurer et des développements à prévoir. L’afflux des personnes dans l’errance et dans la prostitution croit sans cesse à Paris. Ils viennent du bout du monde ou de moins loin, ils parlent français, roumain, ghanéen, nigérien, arabe, portugais, anglais, allemand…
Même si vous ne parlez que français, vous pourrez intégrer une des équipes, comme volontaire pour une tournée-rue ou un accueil hebdomadaire, la participation à un programme ponctuel ou régulier (ateliers de créativité, sorties culturelles, séjours en province), à des travaux administratifs, à des opérations de communication… Le choix est large.
Vous êtes éducateur spécialisé, assistant social – stagiaire, débutant ou confirmé – vous désirez donner du temps, bénévolement, pour participer à notre action, nous envisageons avec joie votre collaboration.
Nous sommes aussi à la recherche de communauté religieuse, en France, en Europe ou dans d’autres pays, pour permettre, à des jeunes femmes qui veulent sortir de la prostitution, de trouver un lieu d’accueil, pour reprendre des forces, en toute sécurité.

Pour vous aider à choisir votre mode de participation, appelez le +33-(0)1-49 23 89 94
Ou écrivez-nous : Aux Captifs, la libération
151, Rue du Chemin Vert – 75011 Paris

 

Extraits de la Charte de l’association

L’association Aux captifs, la libération a pour vocation d’être envoyée par l’Église au milieu des gens de la rue, pour édifier avec eux l’Église, en reconnaissant dans les pauvres une multitude appelée à être libérée de ces esclavages pour renaître dans le Christ.
Nous allons à la rencontre des gens de la rue, de tous ceux qui sont exclus, désignés, enfermés dans leur malheur pour leur proposer d’entrer au sein de l’Église en Jésus-Christ dans l’amour de Dieu.
Nous allons dans la rue, les mains nues, afin d’établir un lien et nouer une relation d’amitié avec les hommes, les femmes et les enfants qui y vivent.
Sans rôle social dans la rue, nous sommes appelés à reconnaître notre impuissance et à y consentir pour laisser se déployer la puissance de Dieu pour notre conversion.
Accueillant la soif des gens de la rue, nous voulons y dévoiler la crise spirituelle dans laquelle nos villes riches sont enfouies et porter au monde l’espérance du Christ.

Updated on 06 Octobre 2016