Avec les catéchumènes

17 Février 2005 | par

En France, quelque 10 000 catéchumènes se préparent au baptême. Ils n'étaient que 2 779 en 1980 ; depuis dix ans, le nombre reste stable. Qui sont-ils ? Que vivent-ils ? En ce temps pascal, un certain nombre d'entre eux vont recevoir le baptême. Faisons leur connaissance.

Cette année, dans le diocèse de Poitiers, une cinquantaine d'adultes sont engagés dans le catéchuménat. Selon le père Bernard Châtaignier, responsable du parcours pour le diocèse, les catéchumènes reflètent bien le profil type que l'on retrouve au niveau national : Ils viennent principalement de milieu urbain et ont entre 25 et 40 ans, pour 81% d'entre eux. Ce sont des femmes surtout. Comme dans les autres diocèses, à Poitiers, quelques catéchumènes viennent de l'islam.

Quant aux motivations de départ, elles sont nombreuses. Dans tous les cas, les catéchumènes veulent être pris en compte dans leur recherche spirituelle, leur quête de sens, leur soif de mieux connaître Dieu. Mgr Dupleix, responsable national du catéchuménat depuis trois ans, précise : La découverte et la connaissance de Jésus et de l'Evangile sont, la plupart du temps, déterminantes. La personne et la figure de Jésus fascinent et attirent beaucoup de convertis.

Gilbert Gauthier, du service de catéchuménat de Nice, précise : Beaucoup se tournent vers Dieu à la suite d'une épreuve ou d'une grande joie...

Le parcours proposé
Dans chaque cas, ces catéchumènes vont vivre une première expérience de vie chrétienne. Le parcours proposé, qui dure en général deux ans, se déroule selon les étapes définies par le Rituel de l'Initiation chrétienne des adultes : conversion initiale ou entrée en catéchuménat, maturation de la foi jusqu'à l'appel décisif, réception du baptême.

Tout au long de ce parcours, le candidat est accompagné par une petite équipe de catéchistes et une personne de référence, laïc, prêtre ou religieuse et vit toujours en lien avec la communauté chrétienne locale. Mgr André Dupleix souligne : Le rôle des accompagnateurs est essentiel. Le catéchumène doit être personnellement accompagné tout au long de son chemin d'initiation. Les communautés chrétiennes sont, également, et de plus en plus, encouragées à mieux accueillir et incorporer les catéchumènes et surtout les nouveaux baptisés. Nous insistons beaucoup sur le temps dit de la mystagogie, après les sacrements de l'Initiation, pendant lequel doit se poursuivre la formation au sein de la communauté chrétienne.

Pour Patrick, accompagnateur à Houilles, dans le diocèse de Versailles, Chaque cheminement avec un catéchumène est une aventure extraordinaire. Même baptisé, le jeune chrétien a aussi besoin d'être épaulé.

Après leur baptême précisément, les néophytes s'engagent-ils ? Cela dépend du tempérament du néophyte et de son accueil dans la paroisse. A Paris, explique le père Jean Minguet, prêtre référent de la paroisse Saint-Germain de Charonne (20e arrondissement), nous essayons de faire en sorte que chaque catéchumène soit inséré progressivement dans une équipe de partage de vie, un groupe de prière, un service paroissial. A Nice, Olivier témoigne : Je souhaite absolument m'engager un jour dans un service d'Eglise, sans pour autant savoir quelle voie j'emprunterai.

Espérance et réalisme
Philippe, un ingénieur de 45 ans, père de trois enfants, a fait son entrée en catéchuménat à Poitiers, le 19 décembre dernier. Je découvre l'Eglise, dit-il. Une fois par mois, avec l'équipe de laïcs qui m'accompagne, et le père Mauberger de la paroisse Saint-Porchaire, nous étudions des textes d'Evangile. Ce travail m'enrichit profondément, me nourrit.

Pour sa part, Mgr André Dupleix parle d'espérance et de réalisme : Nous vivons, par ces nouveaux baptisés et leur enthousiasme - il faut voir leurs visages à l'appel décisif ou au baptême - un temps favorable, une véritable grâce qui est de l'ordre de l'engendrement et de la naissance. Sans nier les difficultés de l'enfantement ou la découverte parfois éprouvante des exigences, voire des lourdeurs institutionnelles. Mais il y a l'expérience d'un véritable commencement. Je n'ai jamais été aussi encouragé - en près de trente cinq ans de ministère presbytéral - que pendant ces trois années écoulées... Dieu veuille que cela continue...

Je n'osais pas me jeter à l'eau
L'élément déclencheur de ma démarche, c'est la demande, de la part d'amis, d'être le parrain de leur fille. Je me suis alors senti comme quelqu'un qui était resté longtemps sur le bord de la piscine sans oser se jeter à l'eau, par ignorance, par fierté mal placée, par manque de temps et surtout par facilité.
Philippe - Poitiers

Il n'y a pas vraiment d'obstacles sur la route du catéchuménat. C'est nous qui cheminons, à notre façon... On avance avec son rythme, tout en étant porté, écouté, soutenu. Certains aspects de l'Eglise peuvent poser des questions... mais j'ai appris qu'il ne faut pas confondre l'Eglise des hommes avec l'Eglise de Dieu...
A.A.B - Cannes

Updated on 06 Octobre 2016