Basilique: un éclat retrouvé

01 Janvier 1900 | par

Nous nous étions habitués à son étrange habillage, mais nous ignorions ce qu'il allait nous montrer une fois démonté : des coupoles et une façade toutes neuves ; des fresques, des stucs et des marbres rendus à leur éclat ; des accès plus fonctionnels ; et, ce que nous ne découvrirons jamais : des structures portantes, minées par le temps, entièrement consolidées. Une vraie merveille, en somme, pour ce sanctuaire considéré, dans le monde, comme un rendez-vous de foi et de prière, un trésor d'art et d'histoire, un patrimoine culturel de l'humanité.
L'occasion fut donnée par le Jubilé et l'aide que le gouvernement italien consentit aux parcours jubilaires et aux lieux de pèlerinages, notamment Padoue, Lorette et Assise, situés au-delà des limites de la région de Rome. Mais ce ne fut que le prétexte immédiat, car depuis longtemps les structures portantes de la Basilique et de l'ensemble conventuel, avec leurs décorations, présentaient des failles graves nécessitant des interventions urgentes.
Parcourons à présent les différents chantiers. A l'extérieur de la Basilique : la façade, les coupoles et les toitures. A l'intérieur : la chapelle du Tombeau, celle de Saint-Jacques qui lui fait face et celle où sont conservées les Reliques, tout au fond du sanctuaire. Dans l'ensemble conventuel : la Bibliothèque Antonienne qui abrite de précieux manuscrits anciens, dont les Sermons de saint Antoine.

Les coupoles. A l'origine, l'église construite après la mort de saint Antoine prévoyait une couverture en tuiles sur voûtes à berceau, mais la concurrence avec la voisine Venise, elle-même influencée par l'art byzantin, fit opter pour une couverture à coupoles, chacune ayant, à l'extérieur, la forme d'une calotte sur tambour surélevé, et soutenues, à l'intérieur, par une charpente en bois. Dans la nuit du 28 au 29 mars 1749, trois coupoles furent détruites par un incendie et reconstruites suivant la technique originelle.
Au moment des travaux, deux problèmes se posaient aux restaurateurs : consolider les structures en bois par des stucs en paraloïd et les protéger des parasites par des injections appropriées ; dégager les sédiments déposés par la fiente des pigeons et procéder au nettoyage des couvertures en plomb. Celles-ci furent démontées, soigneusement cataloguées et replacées en sauvegardant l'ornementation originale.
Un traitement particulier fut réservé à la coupole conique surmonté de l’Ange de la Résurrection (voir Le Messager, nº 1159, janvier 2000). Celui-ci se compose, en effet, de deux parties, dont l'une est fixée au sommet de la coupole et l'autre pivote sur elle-même au gré des vents, pour en indiquer la direction.

Chapelle du Tombeau. Elle est le cœur de la dévotion à saint Antoine, mais aussi le lieu de la Basilique dans lequel peintres, sculpteurs et décorateurs de toutes les époques ont laissé le meilleur de leur art : Tiziano Aspetti, l'autel et ses décorations en bronze ; Girolamo Campana, Jacopo Sansovino, Tullio et Antonio Lombardo, les bas-reliefs relatant les miracles de saint Antoine ; Giovanni Falconetto, le magnifique plafond en stuc doré qui, décrassé de la patine des poussières et des cierges, vient de retrouver la richesse de ses variations géométriques et la polychromie de sa décoration.
Là aussi, il aura fallu consolider les structures, recomposer les supports des bas-reliefs, recoller les plâtres et les stucs. Le tout sans interrompre ni gêner un seul jour l'afflux et la piété des pèlerins.

Chapelle Saint-Jacques. Pendant architectural de la chapelle du Tombeau, mais aux lignes différentes, la première Renaissance, la seconde gothique, elle abrite le cycle de fresques le plus harmonieux de la basilique, avec, au centre, la célèbre Crucifixion. Le cycle est dû aux peintres Altichiero da Zevio et Jacopo Avanzi de Vérone (XIVe s.), eux-mêmes héritiers de l'école de Giotto.
Ici, la restauration, commencée en 1994, s'est prolongée jusqu'en 2000, en raison des problèmes posés par la structure de l'édifice, les infiltrations d'eaux de pluie, les décorations et les techniques de restauration les plus avancées.

Chapelle des Reliques. Elle fut réalisée, entre 1691 et 1711, par l'architecte génois Filippo Parodi, élève du Bernin. Aussi l'architecture, la statuaire et les décorations en stucs du plafond représentent-elles un des plus beaux exemples de l'époque baroque à Padoue.
Très fréquentée par les pèlerins qui viennent y vénérer les Reliques de saint Antoine, elle avait particulièrement souffert de la fumée des cierges à laquelle s'ajoutaient le mauvais état des stucs, la corrosion des pièces en marbre, les infiltrations d'eau et les déformations statiques de la coupole. La restauration a rectifié et consolidé les structures et redonné aux stucs et aux statues en marbre leurs couleurs et la splendeur des origines. 

L'importance des travaux réalisés, des problèmes posés, des techniques employées, sous l'œil attentif du ministère des Beaux-Arts, feront certainement école et la somme des données recueillies feront l'objet, dans les mois qui viennent, de monographies particulières, dans le domaine de la documentation, mais aussi pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'art et, tout particulièrement au patrimoine artistique de la Basilique de Padoue.

 

 

 

 

Updated on 06 Octobre 2016