Cancer

01 Janvier 1900 | par

Le cancer en France offre un tableau contrasté : les cas ont presque doublé en vingt ans, mais on en meurt moins ; les traitements sont plus efficaces, mais la prise en charge psychologique laisse encore à désirer.
Avec 278000 nouveaux cas de cancer en l’an 2000, contre 160000 en 1980, on assiste actuellement à une croissance spectaculaire de la fréquence de cette maladie. Les raisons principales sont le vieillissement de la population et l’augmentation de plusieurs facteurs de risque : consommation de tabac et d’alcool, exposition professionnelle à des produits cancérigènes. De plus, les faibles moyens alloués pour les prévenir font que leurs victimes meurent plus tôt d’un cancer, chez nous, que dans d’autres pays européens.

Tabac + alcool = 60000 morts par an
Le tabac est responsable d’environ 40000 morts par an (cancer du poumon, de la cavité buccale, du pharynx, de la vessie, etc.). Le cancer du poumon, le plus meurtrier, à l’origine de 25000 morts par an, augmente depuis trente ans, notamment chez les femmes qui ont vu leur nombre croître de 75%, contre 20% chez les hommes ! Or, ce cancer est lié à 90% au tabac et aux risques professionnels. L’alcool est responsable de 26000 morts (cancer de l’œsophage, du larynx). Ces mauvais scores sont liés à une grande permissivité vis à vis du tabac et de l’alcool en France. Par exemple, la loi Evin, qui depuis dix ans interdit de fumer dans les lieux publics, est peu respectée. L’alcool fait tant partie de notre culture qu’il est « mal vu » de le tenir pour responsable de certains cancers. Quant aux risques professionnels, la France est un des pays européens où ils sont le plus mal pris en compte. Il est en effet difficile pour les salariés manipulant des substances cancérigènes comme l’amiante, de faire reconnaître l’origine professionnelle de leur cancer. Or, l’amiante qui développe un cancer du poumon en trente ans, sera responsable dans les prochaines années de 3000 à 4000 morts par an.
Pour infléchir ces tendances, un Plan-cancer lancé au début de cette année a pour but de diminuer de 20% la mortalité globale par cette maladie, d’ici l’année 2007, en mettant l’accent sur les trois volets de la lutte anti-cancer : le dépistage, les traitements et la prévention.

Des traitements en progrès
Aujourd’hui, on guérit 70% des enfants, 55% des femmes et 30% des hommes atteints d’un cancer. Ces dix dernières années ont été marquées par des progrès davantage dus au perfectionnement de traitements existants qu’à de nouvelles thérapeutiques.
La chirurgie est devenue moins mutilante, notamment pour le cancer du sein où l’on réussit à conserver l’organe chez 60% des femmes. De plus, celles qui doivent subir une ablation du sein, se voient proposer une chirurgie esthétique dans le même temps opératoire quand c’est possible. Cela évite deux interventions chirurgicales à quelques mois d’intervalle.
La radiothérapie, a aussi beaucoup évolué. Elle peut être administrée :
- par voie externe : la partie du corps à traiter placée sous le faisceau d’un appareil produisant des rayons, reçoit désormais des irradiations « sur mesure » qui protègent mieux les organes sains, avec des doses plus fortes mais plus précises.
- Par voie interne : Sous anesthésie locale ou générale à l’hôpital, durant un à cinq jours, on fait passer des préparations radioactives par des tubes en plastique placés au contact des tumeurs. On traite ainsi les tumeurs ORL, du col de l’utérus, du sein et du rectum, en sauvant ces deux derniers organes.
La chimiothérapie connaît un essor extraordinaire. Elle guérit aujourd’hui trois cancers sur quatre chez l’enfant. On sait mieux lutter contre les effets secondaires (nausées, anémie, etc.). On rend plus efficaces les mêmes médicaments en les prenant à certaines heures de la journée. Les piqûres sont de plus en plus remplacées par des comprimés à prendre à domicile et non plus à l’hôpital.
Mais, la prise en charge de la douleur meilleure qu’il y a quelques années reste encore insuffisante. Si celle ressentie au stade final du cancer est soulagée de façon satisfaisante, grâce aux soins palliatifs à base de morphine, les douleurs surgissant en cours de traitement ne sont pas toujours soulagées, surtout hors des grands centres hospitaliers. Les bonnes volontés ne suffisent pas toujours : les crédits font souvent défaut. Une pompe à morphine coûte environ 3 000 € !

Tout faire pour éviter la maladie
Selon le Pr Maurice Tubiana, directeur honoraire de l’Institut Gustave-Roussy à Villejuif, « 75% des cancers sont dus à des comportements, et sont donc évitables. Avec quelques règles simples, la mortalité par cancer pourrait être réduite de moitié. » Tel est le but des campagnes d’information et mesures réglementaires qui prolifèrent actuellement : forte hausse du prix des cigarettes, campagne anti-tabac, interdiction de la publicité de l’alcool sur les routes, mise en garde vis-à-vis de l’exposition excessive au soleil, incitation à consommer plus de fruits et de légumes, etc. Le seul risque non évoqué est l’exposition professionnelle aux substances cancérigènes. Un problème plus délicat à gérer car il met en cause la responsabilité des industriels ! Certes, le résultat de ces incitations dépend des motivations de chacun : s’arrêter de fumer et changer ses habitudes alimentaires est plus facile à dire qu’à faire ! Pourtant, en adoptant un mode de vie plus équilibré, on pourrait éviter certains cancers (voir encadré).

Dépistage : une nécessité
Les progrès des traitements ne suffisent pas à enrayer le cancer. Encore faut-il que les tumeurs soient détectées très tôt pour augmenter les chances de guérison. Or, l’on peut pour certains cancers détecter des lésions à un stade très précoce, avant que le malade n’en ressente les premiers symptômes. C’est le cas des cancers du sein, du col de l’utérus, du côlon-rectum et de la prostate.

Cancer du sein
Avec 36000 nouveaux cas par an, c’est le cancer féminin le plus courant et le plus grave. 32 départements français proposent aux femmes de 50 à 74 ans un dépistage gratuit de ce cancer par une mammographie pratiquée tous les deux ans. Ce dépistage se généralisera à toute la France d’ici 2004. Les femmes concernées ne doivent pas manquer ce rendez-vous. Celles qui ont un antécédent familial, mère, sœur ou tante ayant eu un cancer du sein doivent même passer une mammographie dès 40 ans. Cet examen permet de repérer des tumeurs inférieures à 5 mm qui, traitées à ce stade, sont simplement ôtées en préservant le sein.

Cancer du col de l’utérus
On dénombre 3200 cas par an dont 1600 mortels. Aucune femme suivie régulièrement ne meurt de ce cancer. En effet, un frottis pratiqué au cours de l’examen gynécologique sert à dépister des lésions précancéreuses. Des cellules prélevées lors de l’examen sont posées sur une lame de verre et adressées à un laboratoire. Ce frottis est à faire chez un gynécologue tous les deux à trois ans.

Cancer de la prostate
Aussi fréquent que le cancer du sein chez les femmes, il fait l’objet de peu de surveillance. Les spécialistes (urologues) recommandent pourtant un dépistage une fois par an, à partir de 50 ans ; et même dès 45 ans pour les hommes ayant des antécédents familiaux (parent atteint). Le dépistage repose sur deux examens : la palpation de la prostate par toucher rectal et une prise de sang permettant le dosage d’un marqueur de la maladie.

Cancer du côlon et du rectum
Avec plus de 34 000 nouveaux cas par an et plus de 15 000 décès, ce cancer doit être dépisté à partir de 50 ans, par la recherche de sang dans les selles. A renouveler tous les deux ans. En cas de doute, un examen plus approfondi est pratiqué, la coloscopie qui peut établir un diagnostic précis.

Mais, ce qui fait encore le plus défaut dans la prise en charge du cancer est son aspect psychologique : comment gérer le choc de cette maladie pour soi-même, ses proches, le milieu du travail ? Il y a encore trop peu de psychologues dans les services hospitaliers et les médecins sont peu ou pas formés, ne serait-ce que pour annoncer le diagnostic de cancer. Heureusement, il existe quelques associations qui apportent un soutien précieux aux malades.

Un mode de vie pour éviter les cancers
- ne pas fumer en présence des autres et arrêter de fumer le plus vite possible
- Limiter les boissons alcoolisées
- Manger chaque jour au moins cinq fois des fruits et des légumes frais
- Eviter l’excès de poids, limiter les matières grasses et augmenter l’activité physique
- Adapter l’exposition au soleil à sa peau, protéger les enfants (tee-shirts, casquette)
- Sur le lieu de travail, adopter éventuellement les consignes de sécurité relatives aux substances cancérigènes connues

En cas de doute
Consulter un médecin si l’on remarque une grosseur persistante, une plaie qui ne guérit pas, un grain de beauté qui change de forme, de taille ou de couleur. De même, si l’on a une toux persistante ou une voix enrouée, un changement des fonctions des intestins (constipation, diarrhée) ou de la vessie (fréquente envie d’uriner), des saignements anormaux (urines, selles) ou une perte inexpliquée de poids.

Des aides pour mieux vivre la maladie
Vivre comme avant : Association de malades opérées du sein soutenant les femmes confrontées à cette situation. Présente dans 44 villes de France.
14, rue Corvisart – 75013 Paris. Tél : +33-(0)1-53 55 25 26
Ecoute cancer : Tél : 0 810 810 821 (n° azur). Service gratuit et anonyme d’accueil téléphonique de la Ligue nationale contre le cancer : soutien, informations et orientations des malades et des proches.

Updated on 06 Octobre 2016