Etre tolérant, c'est quoi ?

01 Janvier 1900 | par

Si en famille, autour d’une table, vous faites des remarques sur le langage, l’habillement ou les opinions de votre grand garçon ou de votre grande fille, vous entendrez aussitôt : « Vous n’êtes pas tolérant. » Si, dans votre quartier, vous émettez des réserves sur les pratiques religieuses de votre voisin, on vous dira que la religion chrétienne n’est pas tolérante. A propos de manifestations qui réclament plus de liberté pour certaines catégories de personnes, on dira que la société est devenue plus tolérante et plus ouverte, même si elle bouscule vos habitudes et vos convictions... En revanche, lorsque quelqu'un est accusé d'abus sociaux, sexuels ou racistes, sa poursuite ne connaît ni répit ni rémission, surtout si l'accusation est portée par des groupes qui militent contre discrimination. C’est justice, direz-vous ! Oui, mais une justice sans nuances ; et surtout sans pitié…
Que signifie, alors, être tolérant ? Faut-il, pour être dans l’air du temps, ouvrir son esprit et son cœur à toute licence ? Et lorsqu’on ne doit, et on ne peut pas tout admettre, faut-il fermer son cœur à toute pitié ?
La vraie tolérance est une vertu chrétienne, parce qu’elle est faite de respect de l’autre, de sa personne, de sa foi, de ses opinions. Récemment encore l’Eglise a dû reconnaître que dans son histoire, elle a failli à cette vertu. Au nom de la vérité, peut-être, mais même la vérité, d’après l’Evangile, est pour l’homme. Et la tolérance, comme toute vertu, « garde en tout le juste milieu » ; ou, dirait saint Antoine, est “discrète”, ni fermée à toute valeur et à toute évolution, ni ouverte à toutes les licences. Face à celui qui pratique la religion de ses pères ou qui a des problèmes de comportement moral, je dois chercher à le connaître, à le comprendre, à l’aimer selon l’Evangile, mais je ne suis nullement obligé de partager ses croyances, ni de justifier tous ses comportements.
Mais où est la limite ? Quelle est la juste mesure ? Pour celui qui réfléchit selon la raison, c'est sa conscience ; dûment éduquée, bien sûr. Pour le chrétien, c'est l'Evangile, qui perfectionne la loi de la conscience et la parachève dans l'amour.

Updated on 06 Octobre 2016