Eugène Boudin au fil de ses voyages

19 Mars 2013 | par

 

 

Rien ne semblait prédestiner Eugène Boudin à devenir peintre. Issu d’une modeste famille normande, il devient commis chez un papetier-imprimeur avant de créer sa propre papeterie en 1844. Parmi ses clients, des artistes comme Millet et Troyon auprès desquels il découvre l’art. En 1846, il décide de quitter « un métier solide pour prendre le pinceau ». Les débuts d’autodidacte sont difficiles mais, n’ayant reçu aucune formation académique, il regarde la nature sans a priori. Indifférents aux astuces d’atelier, il crée sa manière originale basée sur l’impression immédiate.

 

Le peintre des plages

Né près de la mer d’un père marin, il a grandi face à la Manche. Par le jeu des reflets et du mouvement des vagues, la mer y est impalpable, nacrée comme une perle, miroir des ciels subtilement nuancés, transparents, illimités. Avec l’inauguration de la ligne de chemin de fer Paris-Trouville en 1860, bon nombre de Parisiens viennent s’initier aux bains de mer. Boudin invente alors la scène de plage avec les dames en crinoline. Mais l’introduction d’un genre nouveau ne se fait pas si facilement. Ces œuvres qui nous sont devenues si familières, n’allaient pas de soi, et durent affronter pas mal de critiques. Boudin deviendra pourtant célèbre de son vivant grâce à elles.

Le peintre reviendra toujours au bord de la Manche, entre Deauville et le Havre. Pendant un demi-siècle, il peint cette côte que la lumière infiniment changeante fait paraître sans cesse différente. Pas une seule année il ne manque de passer au moins quelques jours dans sa Normandie natale, même lorsqu’il sera fixé à Paris. En 1884, il s’y fait construire une modeste maison. C’est là qu’il passera les derniers moments de sa vie, avec, sous les yeux, la plage et le ciel changeant de la Manche.

 

Beautés météorologiques

Pour répondre au désir de ses commanditaires, Boudin voyage en quête d’autres paysages mais toujours marins. De la Bretagne à Bordeaux, de Rotterdam à Dunkerque, du sud de la France à Venise, il restitue les variations de la lumière sur l’eau. Il se plaît à les figurer sur fond de ciels immenses et chargés de nuages. Ses études esquissées sur le vif sont sublimes. Baudelaire ne s’y était pas trompé. Il les dit « fidèlement croquées d’après ce qu’il y a de plus inconstant, de plus insaisissable dans sa forme et dans sa couleur, d’après des vagues et des nuages » et les qualifie de « beautés météorologiques ». Mais l’artiste peine à faire accepter cet art de liberté fondé sur l’évanescence. Ses clients veulent une peinture léchée, achevée. Comme à Ferdinand Martin en 1888, il tente de leur expliquer : « Moi qui fait tout mon possible pour laisser à ma peinture l’aspect de l’esquisse »…

Boudin aime aussi à traiter une grande variété de sujets qu’il découvre au fil de ses voyages et qui lui permettent d’expérimenter de nouvelles approches picturales. Ainsi, il s’attache aux figures de la vie quotidienne des bords de mer : pêcheurs, laveuses... L’exposition nous fait découvrir aussi cette part méconnue. 

 

INFOS

Musée Jacquemart-André,

jusqu’au 22 juillet

158 boulevard Haussmann

75008 Paris

Tél. : +33 (0)1 45 62 11 59

Internet : www.musee-jacquemart-andre.com

 

Autres Expos

 

Auguste Herbin


Ses recherches sur le rapport entre la couleur, posée en aplat, sans modulation ni effet de matière, et la forme épurée, géométrique, sans lyrisme ni anecdote, font de Herbin l’un des maîtres de la peinture abstraite et de la couleur des années 1940 – 1950.

L’exposition regroupe environ 250 œuvres (peintures, sculptures, gouaches, dessins) conservées dans les collections privées et les grands musées européens et américains.

Musée d’art moderne,

du 2 mars au 26 mai

8, Bd Maréchal Joffre

66400 Céret

Tél. +33 (0)4 68 87 27 76

 

Marie Laurencin 

L’exposition permet de redécouvrir cette femme peintre de la première moitié du XXe siècle, injustement oubliée. Sa facture ouatée, ses gammes subtiles de couleurs en demi-tons et sa touche en aplats n’appartiennent qu’à elle. Son univers est poétique, peuplé d’amazones, de biches et de colombes. Cette rétrospective réhabilite donc celle dont Matisse disait : « Au moins, en voilà une qui n’est pas qu’une fauvette ».

Musée Marmottan Monet,

jusqu’au 30 juin.

2, rue Louis-Boilly

75016 Paris


Tél. : +33 (0)1 44 96 50 33


Updated on 06 Octobre 2016