Familles, un don d'amour

15 Septembre 2006 | par

Quelle image du bonheur nous renvoie une bonne publicité sinon celle de la famille rassemblée autour de la table pour partager le pain ? demandait, en souriant, le cardinal Bernard Panafieu le 15 août dernier, lors de la messe de l’Assomption au Puy-en-Velay. Et d’ajouter aussitôt l’explication : « Chacun se sait aimé. Le pain et l’eau ont alors le goût de la tendresse. »
J.T. Gotbout le met en évidence dans son livre L’esprit du don : « Lorsqu’une grand-mère garde ses petits-enfants, suffit-il de lui imputer le salaire d’une gardienne pour comparer les deux situations ? La valeur de lien d’une grand-mère, sans comparaison avec celle d’une gardienne étrangère, n’est pas incorporée dans le prix, elle est gratuite ! » Et il ajoute : « De façon plus générale, un même objet, ou service, n’a absolument pas le même sens selon qu’il est donné ou rendu à son propre enfant ou à un étranger. »
Par essence, en effet, la famille est fondée sur le don. Comme le rappelle J.T. Gotbout, l’origine de la famille est « la création d’un lien de don : l’union de deux étrangers pour former le noyau de ce qui sera le lieu le moins étranger, le lieu de la définition même de ce qui n’est pas étranger : la famille. »
« La famille est le lieu privilégié où toute personne apprend à donner et à recevoir de l’amour », soulignait Benoît XVI en clôturant la rencontre mondiale des familles, à Valence, en juillet. Elle est « une école d’humanisation de l’homme, pour qu’il grandisse jusqu’à devenir pleinement homme. »
Lors du Jubilé des Familles le 15 octobre 2000, le pape Jean-Paul II évoquait le caractère contagieux de l’amour familial : « Souvent, dans ces relations marquées par une affection sincère et une assistance réciproque, la famille joue un rôle vraiment irremplaçable, car les personnes en difficulté, celles qui ne sont pas mariées, les veuves et les veufs, les orphelins, peuvent trouver un foyer chaleureux et d’accueil. » Par vocation, expliquait-il, « la famille ne peut pas se fermer sur elle-même. La relation affectueuse avec les autres parents est un premier objectif de cette ouverture nécessaire, qui projette la famille vers la société tout entière. »
Cette “projection vers la société”, Benoît XVI l’explique simplement : « Quand la famille ne se renferme pas sur elle-même, observe-t-il, les enfants apprennent que chaque personne est digne d’être aimée, et qu’il existe une fraternité fondamentale universelle entre tous les êtres humains. »
La famille n’est donc pas seulement une affaire privée. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique le dit bien : « La famille est la cellule originelle de la vie sociale. (…) La vie familiale est une initiation à la vie en société » (CEC 2207). Et quand l’amour est à la base des relations familiales, alors cet amour s’étend par contagion à la société toute entière. C’est ce que pensait Mère Teresa qui écrivait pour la Conférence Mondiale des Femmes qui se tenait à Pékin en 1995 : « Lorsque les familles sont fortes et unies, les enfants sont en mesure de voir dans l’amour de leur père et mère l’amour très spécial que Dieu a pour eux et peuvent ainsi arriver à faire de leur pays un endroit où l’on aime et où l’on prie. »
Le Concile Vatican II2 a souligné combien l’existence de l’enfant est un don, le premier don du Créateur à la créature. Il est un don à la fois pour les parents, pour les membres de la famille et pour la société. Et pour le Cardinal Alfonso López Trujillo, Président du Conseil Pontifical pour la Famille, « seul le service des enfants, les soins amoureux qu’on leur donne, peut libérer des tentacules de l’égoïsme non seulement le couple, trop souvent prisonnier d’un “égoïsme à deux”, mais la société tout entière, où l’étouffement des valeurs est en train de provoquer une crise d’inhumanité. Les enfants, fruits de l’amour, évangélisent et libèrent ceux qui, coopérant avec Dieu, sont les auteurs de leur vie. » 

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1) J.T. Gotbout, L’esprit du don,
éd. La découverte, Paris, 1992.
2) in Constitution Pastorale
Gaudium et Spes.


Enracinement et ouverture
Contre ce que les sociologues appellent le syndrome de l’île, qui consiste à considérer la famille comme un lieu clos et douillet où l’on échappe à la dureté du monde extérieur, la Bible invite à découvrir l’équilibre entre enracinement et ouverture. L’enracinement est le lieu où l’on se nourrit et se construit, il permet l’ouverture en nous souvenant qu’une des vertus majeures de l’humain est l’hospitalité. C’est aussi dans la famille qu’on apprend la générosité envers l’étranger, l’autre, le différent.

Contribution d’Antoine Nouis au synode 2007 des Eglises luthériennes et réformées de France : « Quels repères pour les familles ».

Updated on 06 Octobre 2016