Guerres, pauvreté, esclavage, violence, sida... Quel avenir pour nos enfants ?

01 Janvier 1900 | par

L’enfant en ce début du XXIe siècle est encore trop 
souvent un être affamé, réfugié, handicapé, exploité, 
privé de liberté, mutilé, abandonné. Des millions 
d’entre eux vivent encore la faim et la peur au ventre.

En ratifiant la convention des droits de l’enfant, en novembre 1989, l’ONU offrait un très beau cadeau de Noël à tous les enfants du monde et particulièrement à tous ceux dont les droits élémentaires sont bafoués quotidiennement aux quatre coins du globe. Cette convention entend assurer à l’enfant sa protection, sa santé, sa survie, son éducation et sa vie familiale.
Nous oublions trop souvent que les enfants représentent la moitié de la population mondiale. Ils sont appelés à la renouveler. Ils sont les hommes et les femmes de demain, l’avenir du monde. L’enfant présente à sa naissance un potentiel humain intact, ou presque.
Quoi qu’il en soit, il faut tout mettre en œuvre pour lui permettre d’exploiter ce capital, de grandir en paix car suivant l’orientation qu’il prendra il sera capable du meilleur ou du pire, il sera la lumière ou l’obscurité. Mais préserver ce potentiel humain ne peut se faire sans la volonté politique des Etats. Les droits des enfants définissent les responsabilités des adultes.
Un an plus tard, en 1990, 71 chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier se rassemblent au Sommet Mondial pour les Enfants pour adopter un calendrier précis d’objectifs à réaliser :
améliorer les conditions de vie et les chances de survie des enfants et des femmes en facilitant l'accès aux services de santé ;

  • réduire la progression des maladies évitables ;

  • créer de nouvelles perspectives en matière d'éducation ;

  • fournir de l'eau salubre et une meilleure évacuation des déchets ;

  • améliorer l'approvisionnement alimentaire ;

  • renforcer les chances de bénéficier d'une éducation ;

  • protéger les enfants en situation de danger ;

  • bilan d’une décennie ;

  • aller encore plus loin…

Aujourd'hui, les progrès accomplis par l'UNICEF (lire ci-contre) sont gigantesques, mais il reste encore beaucoup à faire : à titre d'exemple, 33 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour des effets combinés de la malnutrition et des maladies infectieuses et parasitaires, 174 millions d'enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition grave ou modérée, 585 000 femmes meurent chaque année des suites de la grossesse ou de l'accouchement… Des chiffres inacceptables. Force est de reconnaître que l’enfant en ce début du XXIe siècle est encore trop souvent un être affamé, réfugié, handicapé, exploité, privé de liberté, mutilé, abandonné. Des millions d’entre eux vivent encore la faim et la peur au ventre.
Dix ans après le Sommet Mondial de 1990, les responsables de l’ONU ont dressé un bilan précis de ce qui a été fait et de ce qu’il faut encore faire, au cours de la session extraordinaire de l’ONU en septembre dernier. Ce bilan comprend des rapports aux niveaux régionaux, nationaux et internationaux qui serviront à informer les chefs d'Etat des actions à entreprendre ultérieurement durant la prochaine décennie. D’autre part, cette session a permis de mettre au point un Programme mondial présentant un ensemble d'objectifs à atteindre ainsi qu'un Plan d'action à mettre en œuvre durant la prochaine décennie, pour tous les enfants :

  • le meilleur départ possible dans la vie ;

  • une éducation de base de bonne qualité pour tous les enfants ;

  • la possibilité, particulièrement pour les adolescents, de participer pleinement à la vie de leur société.

Les chefs d'Etat ont examiné les obstacles qui entravent depuis longtemps le service et la protection des enfants ainsi que les questions nouvelles d'un monde en rapide évolution. Ils devront à présent concevoir des stratégies à même de résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les enfants et mobiliser les ressources humaines et financières qui sont nécessaires. Alors seulement les responsables politiques du monde entier pourront faire leur cette citation de Nelson Mandela :
« Il ne faut pas gaspiller la vie de nos enfants. Pas un enfant de plus, pas un jour de plus. Cela fait déjà trop longtemps que nous aurions dû agir en leur nom. »

Historique

L’UNICEF

L’UNICEF a été fondé en 1946, juste après la Seconde Guerre mondiale, car au-delà des ravages humains et économiques, c'est environ 20 millions d'enfants souffrant de malnutrition aiguë, de tuberculose, de rachitisme ou d'autres que laissent en héritage les conflits. Face à ce bilan désastreux, les personnalités de divers pays ne tardent pas à réagir. Le 11 décembre 1946, l'Assemblée générale des Nations Unies crée le Fonds international des Nations Unies pour le secours d'urgence à l'enfance.
L'UNICEF, sigle anglais pour United Nations International Children Emergency Fund est né. Sa mission : porter secours aux enfants victimes d'agressions sans distinction de race, de religion, de nationalité ou d'opinion politique.

www.unicef.org
UNICEF France
3, Rue Duguay-Trouin, 75282 Paris Cedex 06. Tél. + 33 (1) 4439 7777
UNICEF Belgique
Avenue Des Arts 20, Boîte 18, 1000 Bruxelles.
Tél. + 32 (2) 230 59 70
UNICEF Suisse
Baumackerstrasse 24, Postfach, 8050 Zurich.
Tél. + 41 (1) 317 2266
UNICEF Canada
443, Mount Pleasant Road, Toronto, Ontario, M4S2L8.
Tél. + 1 (416) 482 4444

 

Les enfants et... les conflits armés

Vingt conflits armés font rage dans le monde aujourd’hui : en Sierra Leone, au Soudan, en Erythrée, en Tchétchénie... 90% des victimes de ces affrontements sont des femmes et des enfants innocents. Ces dix dernières années, 2 millions d’enfants ont ainsi été tués, 6 autres millions gravement blessés ou handicapés à vie et 12 millions sont restés orphelins. Ils ont vécu les horreurs de la guerre, subi des tortures, assisté au viol de leurs mères et ont parfois eux-mêmes été enrollés dans des armées contre leur gré. Des millions de bambins ont été déplacés, sont devenus des réfugiés qui ont tout perdu, y compris leurs repères.

(Source : Unicef, The State of the World’s Children 2001.)

Les enfants et... la pauvreté

Les enfants, plus que les adultes, sont terriblement affectés par la pauvreté : malnutrition, privation de soins médicaux, pas d’éducation scolaire, contraints de travailler, de mendier voire de se prostituer... Dans des situations d’extrême précarité, ils deviennent aussi la cible de violences dues aux tensions familiales. En Europe, le quart-monde est une triste réalité. Au Royaume-Uni, en 1998, on évaluait à 4,4 millions d’enfants vivant sous le seuil de pauvreté ! Hors Europe occidentale, les conflits, les catastrophes naturelles, la croissance démographique et la mauvaise gouvernance, ont des effets dévastateurs sur l’enfance.

(Source : Unicef.)

Les enfants et... la maladie

Un million d’enfants dans le monde meurent encore aujourd’hui de la rougeole ! Le nombre de bébés vaccinés est en augmentation mais reste faible : 73% d’entre eux seulement reçoivent la totalité des vaccinations préconisées. L’incapacité d’administrer le vaccin à tous les nourrissons est la principale raison de la mortalité effrayante due à cette maladie. Une simple dose vaccinale coûte pourtant la bagatelle de 0,3 € (2 FF, 12 FB, 0,4 CHF, 0,26 $).
Autre fléau : le VIH/SIDA a, lui, contaminé 1,3 million d’enfants de moins de 15 ans dans le monde. La grande majorité d’entre eux sont nés de femmes séropositives ou ont contracté le virus dans l’utérus, à la naissance ou pendant l’allaitement. 13 millions d’enfants dans le monde ont perdu leur mère ou leurs deux parents à cause du SIDA. 90% de ces orphelins vivent en Afrique subsaharienne.

(Source : OMS (Organisation mondiale de la Santé) et Unicef in The State of the World’s Children 2001.)

Les enfants et... les filles

Dans certaines régions du monde, neuf enfants domestiques sur dix sont des filles, dont certaines ont moins de cinq ans ! Du coup, 73 millions de ces filles ne sont pas scolarisées (3 sur 10, contre 1 sur 10 pour les garçons). 500 000 d’entre elles sont employées dans l’industrie du sexe en Inde. On estime que 2 millions d’enfants de par le monde subissent des mauvais traitements infligés par les adultes sous la forme de prostitution, la traite et la pornographie. Dans certains pays d’Asie, le simple fait de naître fille conduit à l’abandon immédiat quand le foetus n’a pas été avorté au préalable. D’autres malheureuses sont contraintes au mariage précoce, pratique courante au Congo, au Niger, en Afghanistan, au Bangladesh et tant d’autres pays. A peine adolescentes, elles sont livrées de force à un homme qui les bat (1 sur 3) ou les contraint à une vie faite de soumission domestique et sexuelle, leur empêchant tout accès à l’éducation et aux moyens d’échapper aux mutilations sexuelles.

(Source : Centre de Recherche Innocenti de l’Unicef, Mariage précoce : conjointe enfant, 2001.)

Les enfants et... le travail

Le BIT (Bureau International du Travail) estime à plus de 250 millions le nombre des enfants qui travaillent. Bien que le travail des enfants existe dans toutes les régions du monde, il constitue surtout un phénomène typique des pays en développement. En pourcentage, l'Afrique est le continent le plus touché: environ 41% de tous les enfants âgés de 5 à 14 ans exercent une activité économique (contre 21% en Asie et 17% en Amérique latine). La majorité d’entre eux travaillent plus de neuf heures par jour, sept jours par semaines. A travail égal, les filles perçoivent un salaire très inférieur à celui des garçons. Le monde entier se préoccupe des enfants du tiers monde employés dans des branches d'exportation telles que le textile, l'habillement, le tapis et la chaussure, mais ce n'est pas dans ces branches que le travail des enfants est le plus fréquent. Le phénomène est avant tout rural: 70% des enfants sont employés dans l'agriculture. Ces dernières années, de nombreux enfants ont aussi été recrutés au Cambodge, en Chine, au Laos et au Myanmar et livrés à la prostitution en Thaïlande.

(Source : OIT, Organisation Internationale du Travail et BIT, Bureau International du Travail).

Les enfants et... la violence

Pauvreté et violence sont souvent liées mais pas toujours. Une étude menée auprès de milliers d’enfants en Europe et en Asie Centrale révèle que :

  • 6 enfants sur 10 ont affaire avec la violence ou un comportement agressif dans leur famille ;

  • 11% des enfants vivent cette violence à la maison régulièrement ;

  • 1 enfant sur 6 ne se sent pas en sécurité dans son quartier et connaît la peur.

Le pays idéal rêvé par les enfants est : « Un pays où il n’y aurait ni crime ni violence ».

La lâcheté de beaucoup et le fait que les violences ont surtout lieu dans l’enceinte même du noyau familial rendent difficile l’évaluation chiffrée du phénomène.
Mais la violence est aussi psychologique, ce qui achève de détruire complètement l’innocence des enfants. Ainsi, la France est le pays où le taux de suicide des jeunes est le plus élevé d’Europe !

(Source : Unicef, Young voices poll, 2001.)

 

 

BICE : pour les enfants privés de liberté

C’est à partir de 1995 que le BICE (Bureau International Catholique de l’Enfance) s’est engagé en Afrique, en Amérique latine, en Asie et en Europe dans la prévention et l’éducation des enfants, face aux pratiques de la répression et de l’emprisonnement. Un bilan détaillé de ces interventions figure dans le Rapport annuel 2000, publié à l’occasion de la session extraordinaire des Nations unies de septembre dernier.

• En faveur de la justice des mineurs :
- En Equateur, 2000 à 2500 enfants par an sont suivis dans le cadre du programme Poder Crecer (Pouvoir grandir).
- Au Sénégal, au Mali, en Côte d’Ivoire, en R.D. du Congo et au Togo, 90 jours de formation ont été dispensés auprès de 116 intervenants : policiers, juges, régisseurs, gardiens de prisons, assistants sociaux. Dans tous ces pays, les équipes du BICE sont intervenues dans 29 prisons et 110 commissariats et ont été en contact avec 4 900 mineurs détenus.

• Pour des alternatives à l’emprisonnement
- En Estonie, ouverture du Centre pilote de Tallinn : 200 enfants ont bénéficié du projet, 24 ont séjourné au centre, 90% des enfants accueillis utilisent des substances dont 30% avec une dépendance à la colle, à l’héroïne.
- En Côte d’Ivoire et en R.D. du Congo, 95% des mineurs ont été replacés au sein de leur famille, 286 ont été accueillis aux centres d’alternatives à l’emprisonnement à Abidjan et Kinshasa.

• Autres formes de privation de liberté : exploitation et abus sexuels, domesticité...
- Au Népal, sessions d’information et de prévention de l’abus sexuel destinées aux enfants et aux femmes, formation à l’animation dispensée auprès de 18 jeunes femmes volontaires.
- En Côte d’Ivoire, sensibilisation à la condition des jeunes filles domestiques, par émissions de télévision et de radio, téléfilms, conférences, expositions...

www.bice.org

BICE France
70, bd de Magenta, 75010 Paris. Tél. + 33 (1) 53 35 01 00

BICE Belgique
Rue Stevin, 16, 1000 Bruxelles. Tél. + 32 (2) 231 03 88

BICE Suisse
11, rue Cornavin, 1201 Genève.
Tél. + 41 (22) 731 32 48

 

Dites OUI pour les enfants
10 principes essentiels proposés par l’Unicef

1. N’excluons aucun enfant.

2. Donnons la priorité aux enfants.

3. Occupons-nous de chaque enfant.

4. Luttons contre le VIH/SIDA.

Updated on 06 Octobre 2016