Jacques Brel

26 Septembre 2003 | par

Pour célébrer le 25e anniversaire de la mort du grand Jacques, la Fondation Brel, dirigée par sa fille France, présente une nouvelle exposition : Brel, le droit de Rêver. La Fondation y manifeste une fois de plus sa philosophie : Brel n'appartient à personne, sauf peut-être à son public...

Le but de cette exposition est, en effet, d'offrir au visiteur l'impression qu'il devient, l'espace d'un moment, l'interlocuteur privilégié de Jacques Brel. La voix de l'artiste accueille les visiteurs dès la première minute et reste la seule entendue pendant le parcours. Il commente lui-même le fil de sa vie et guide ses visiteurs : J'avais constaté que les gens souhaitaient avoir un rapport direct avec Jacques et connaître toute sa vie, explique France Brel. Ici, à la Fondation, je manquais de place pour tout montrer. Il s'agissait d'un échantillon tellement ridicule par rapport à l'ensemble des documents dont nous disposons. Je pouvais aller beaucoup plus loin. France y songeait depuis quatre ans et aujourd'hui, elle arrive enfin au terme d'un projet porté en elle comme une évidence : la création d'une exposition inédite, dédiée à son père, où ce dernier serait à la fois le guide et le partenaire, l'ami et le confident, le sujet et le verbe. Le scénario raconte Brel à travers les différentes périodes de sa vie, rythmées par les textes de ses chansons. Jacques Brel évoque ses joies, ses passions mais aussi son amour des mots et des gens. Il prend le temps d'expliquer les raisons pour lesquelles il a quitté Bruxelles, puis Paris, puis la scène pour terminer sa vie aux Marquises ; comment il concevait sa vie de nomade, d'aventurier. Jacques Brel dévoile ses émotions, les différentes facettes de sa personnalité et de sa vie d'artiste. Le visiteur fera connaissance avec un autre Brel. Il sera invité à suivre Jacques, derrière le rideau rouge, pour découvrir la vie de l'homme, les inspirations de l'artiste. Aussi, pour faire un choix dans une vaste matière composée de milliers de chansons, films, interviews, articles, documentaires, photographies, objets, France explique-t-elle comment elle a procédé : J'ai tout d'abord plongé dans sa voix. Là où il ne triche pas. Car il n'était pas cabotin pour rien ! Et très vite, l'idée d'un parcours s'est imposée. J'ai imaginé que Jacques racontait sa vie.

Il partait toujours de son enfance : Oui, mais quand j'étais petit... , A Bruxelles, quand j'étais jeune... Il parlait toujours de ses racines. Je suis partie de là. Il fallait partir de là, en effet. De son enfance, de sa chambre d'enfant, du salon familial qui représentait tout ce qu'il détestait : la rigueur, l'esprit bourgeois, l'immobilisme. Jacques veut vivre et avancer, aller toujours plus loin. Il voudrait chanter et monter des spectacles. Sa famille ne l'y encourage pas et souhaite le voir entrer dans l'usine familiale, alors il s'en va... Que quitte-t-il ? Une société qu'il ne comprend pas, un certaine vision de la réussite, un certain matérialisme, une bourgeoisie bien pensante... mais également une famille qu'il aime malgré tout, une mère qu'il adore et sa ville natale qu'il chantera tant et plus, Bruxelles... Il se choisit une nouvelle vie, conforme à ses aspirations profondes, durant laquelle il sera respectivement fantaisiste, auteur, compositeur, interprète, pilote, navigateur, comédien, acteur, réalisateur, fils, frère, mari, père de trois filles, ami d'un jour ou de toujours pour un public encore fidèle.

Son parcours :

Né le 8 avril 1929, à Bruxelles, Jacques Brel s'intéresse très tôt à la chanson et s'installe à Paris en 1953. Les premiers temps sont durs. Il passe de nombreuses auditions et décroche quelques engagements dans des cabarets tels que l'Ecluse, l'Echelle de Jacob ou les Trois Baudets, le cabaret de Jacques Canetti. L'accueil du public reste tiède. On se moque de ses allures provinciales.
En 1955, il s'installe avec femme et enfants à Montreuil, dans la banlieue parisienne. Cette année-là, Brel chante pour des organisations chrétiennes ce qui lui vaut de la part de celui qui restera son ami, Georges Brassens, le surnom de Abbé Brel.
Brel rencontre à Paris trois hommes qui l'accompagneront tout au long de sa carrière : Georges Pasquier, dit Jojo, devient son chauffeur, régisseur et homme de confiance, mais aussi son ami le plus proche. François Rauber, pianiste classique devient son accompagnateur. François comprend bien l'univers de Brel. Il va donner au chanteur la formation musicale qu'il n'a pas, puis devenir l'orchestrateur privilégié de toutes ses chansons. Gérard Jouannest, un autre pianiste qui sera son accompagnateur exclusif sur scène, contrairement à François Rauber avec qui il travaillera plutôt en studio. Brel et Gérard Jouannest écriront ensemble une grande partie du répertoire du chanteur (Madeleine, La chanson des vieux amants, Les vieux...).

En 1957, Brel chante Quand on a que l'amour et reçoit pour ce disque le Grand Prix de l'Académie Charles Cros. La coloration catholique de ce succès se retrouve dans les grandes tendances de ses chansons, l'amour, l'amitié, la fraternité... S'il reste fidèle au thème de l'amitié (Jef), il passe lentement d'un amour idéalisé à une solide misogynie (Les Biches), du déisme à l'anticléricalisme (Les Bigotes, A mon derniers repas) et d'une certaine mièvrerie à un anticonformisme croissant (Les Bourgeois, Le Moribond). Fin 1958, Jacques Brel monte sur la scène de l'Olympia en première partie de Philippe Clay. Le public plébiscite celui qu'il reconnaît enfin comme un véritable homme de scène. De grands succès jalonnent ensuite sa carrière comme La valse à Mille temps, Amsterdam, Vesoul. Le triomphe est au rendez-vous et les années 50 se terminent brillamment pour le chanteur belge. Après avoir longuement travaillé son chant et sa voix, Brel a laissé tomber sa guitare et chante désormais en maîtrisant totalement son art ainsi que sa forte personnalité. Au début des années 60, Brel sillonne le monde, interprétant ses chansons de récital en récital, de l'Europe aux Etats Unis en passant par l'Urss et le Moyen-orient. Il mène alors une vie épuisante entre tournées, nuits blanches, conquêtes féminines, alcool, sans oublier le tabac. Son œuvre brille surtout par une science du texte et le choix des mots, mais c'est sur scène que Brel frappe surtout apportant à ses chansons une nouvelle dimension, gestuelle. Le Grand Jacques enflamme les salles, habite ses personnages, gesticule, sue. Ses spectacles sont de véritables marathons. Le galérien des galas abandonne sa carrière au sommet de sa gloire en 1966. Rarement un chanteur aura exprimé ses rages et ses passions avec autant de sincérité et de gravité que Jacques Brel.
Début 67, Jacques Brel chante pour la seconde et la dernière fois au Carnegie Hall. C'est lors de ce voyage à New York, qu'il assiste à une représentation de L'Homme de la Mancha, spectacle musical consacré au héros de Cervantès, Don Quichotte. Brel est subjugué et très vite, il songe à monter cette comédie musicale en Europe. La démesure de L'homme de la Mancha est à la hauteur de son interprète. C'est sur ce dernier spectacle que Brel quitte définitivement la scène...
Il se consacre alors au cinéma en jouant Mon oncle Benjamin , Les Risques du métier, L'Aventure, c'est l'aventure, Franz ...
Après quatre ans de retraite aux îles marquises, il enregistre en 1977 son dernier album qui rassemble tous les grands thèmes de son œuvre : l'amitié (Jojo), la misogynie (Les Remparts de Varsovie), la mort (Vieillir) et la générosité (Jaurès).
Il meurt d'un cancer du poumon, le 9 octobre 1978.

Exposition Brel, le droit de rêver
Jusqu'au 17 janvier 2004
Espace DEXIA - Rue de l'Ecuyer, 50
1000 Bruxelles
Réservation : +32(0)70 22 30 13
www.jacquesbrel.be
Fondation internationale Jacques Brel
Place de la Vieille Halle aux blés, 11
1000 Bruxelles

Updated on 06 Octobre 2016