La langue : pour louer et communiquer

01 Janvier 1900 | par

« La langue est faite pour la louange, mais aussi pour le crime, écrit saint Antoine. Lorsqu’elle confesse le Christ, elle sert la Vérité ; lorsqu’elle le nie, elle la détruit. » En effet, qui dit langue, dit parole, mais aussi lettres, romans, journaux, radio, télévision, téléphone, e-mail, et toutes les formes de communication qui, depuis les satellites, inondent notre planète.

On pourrait, à ce propos, se poser de multiples questions : nous servons-nous de notre langue pour construire ou pour démolir ? Pour louer ou pour calomnier ? pour servir la Vérité ou pour propager, en matière de mœurs, de religion, de mariage, d’éducation des enfants, les opinions qui flattent les hommes mais détruisent la Vérité ? Des journaux diffusaient il y a peu la nouvelle suivante : « Bientôt, pour faire un enfant, les hommes ne seront plus nécessaires »... Encore un exploit de la science, pensera-t-on... Mais quel genre d’enfants naîtra de ces exploits ? Toujours en fait de techniques, combien de voix se sont élevées pour dénoncer la pratique, désormais légale, de stériliser des adultes handicapés mentaux (lire en p. 37), portant ainsi une atteinte grave à leur intégrité ?

La langue est aussi un formidable patrimoine culturel et le moyen privilégié de communication entre les hommes. Or, nous savons que chaque année de nombreuses langues disparaissent de l’horizon du monde. Les raisons sont diverses, mais conjointes (voir notre dossier p. 38-41) : le progrès technique impose, par exemple en informatique, l’usage d’une seule langue ; le phénomène de la globalisation réduit l’influence de langues qui, comme le français, étaient des véhicules privilégiés de culture pour faire place à un langage économique caractérisé par un nombre restreint d’expressions employées à l’échelle du monde ; ou condamne de nombreuses minorités à disparaître avec leur langue, leurs traditions et leur culture séculaire. Que restera-t-il, demain, du parler de ce vieillard kibuyu, issu d’une tribu kenyane ? Cette fillette noire parlera-t-elle encore, quand elle sera adulte, la langue de ses ancêtres ?

Défendre les langues, c’est proclamer la Vérité mais aussi protéger tous les groupes humains et sauvegarder leur patrimoine spirituel.

Updated on 06 Octobre 2016