Le secret des hiéroglyphes dévoilé

Nous célébrerons cette année le 200e anniversaire de la découverte du secret des hiéroglyphes par Jean-François Champollion. Retour sur une vie d’exception d’un savant polyglotte et fondateur de l’égyptologie.
25 Septembre 2022 | par

Champollion aurait pu dire comme Archimède « Eurêka ! Eurêka ! J’ai trouvé ! J’ai trouvé ! » Il se contenta d’un simple mais non moins tonitruant : « Je tiens l’affaire ! » Nous sommes le 14 septembre 1822, après dix années de recherches, Jean-François Champollion dit « le Jeune » vient de déchiffrer les hiéroglyphes et en révèle leur secret au monde. Il l’annonce sans attendre à son frère qui loge rue Mazarine à Paris, puis s’attable afin de faire part de sa découverte à l’Académie des Inscriptions et des Belles Lettres présidée à l’époque par Bon-Joseph Dacier. Le document de quarante pages reste à la postérité comme le texte fondateur du déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens. Il s’intitule : Lettre à M. Dacier relative à l’alphabet des hiéroglyphes phonétiques1 .
Mais revenons aux origines. Jean-François Champollion est né pendant la Révolution française, le 23 décembre 1790, au sein d’un milieu modeste. Il se révèle très vite un élément brillant en dépit d’un très mauvais caractère. À l’âge de 12 ans, grâce à l’abbé Louis-Joseph Jay, il maîtrise le latin et le grec puis entame l’étude de l’arabe, du syriaque et du chaldéen ! Il aura bien d’autres professeurs : l’abbé Claude-Marie Gattel qui l’aide dans l’apprentissage des langues, mais encore Dom Raphaël de Monachis, moine melchite qui avait accompagné Napoléon Bonaparte en Égypte (1798). Le religieux lui transmet une double passion : celle de l’étude de la langue copte mais aussi des hiéroglyphes. Néanmoins, ce domaine ne lui était pas totalement étranger : son propre frère aîné, Jacques-Joseph, dont il est très proche, lui transmet sa passion pour l’archéologie.
Plus qu’un frère, il est un véritable précepteur lui-même engagé dans l’étude de la civilisation égyptienne. Il participe ainsi à la fameuse et précieuse Description de l’Égypte qui constitue un recueil richement illustré des observations faites pendant la campagne napoléonienne. Jean-François, lui, se plonge dans le livre d’un autre moine, Bernard de Monfaucon : L’Antiquité expliquée et représentée en figures qui achève sa vocation. En 1806, dans une lettre écrite à ses parents, nous pouvons lire : « Je veux faire de cette antique nation une étude approfondie et continuelle. L’enthousiasme où la description de leurs monuments énormes m’a porté, l’admiration dont m’ont rempli leur puissance et leurs connaissances, vont s’accroître par les nouvelles notions que j’acquerrai. De tous les peuples que j’aime le mieux, je vous avouerai qu’aucun ne balance les Égyptiens dans mon cœur. »
Il monte ensuite à Paris afin de poursuivre sa formation linguistique à laquelle il adjoint le persan, l’hébreu, le copte et l’amharique. Au Collège de France, il est appelé « le patriarche » parce qu’il est simplement le plus fort. Jean-François n’a que 18 ans quand il fait sa première découverte : le principe de ligature ou de regroupement des signes égyptiens ! Il ne cesse alors de continuer son ascension dans les institutions enseignantes de l’empire, publie un ouvrage sur l’Égypte puis un Dictionnaire de la langue copte. Cette langue est comme un passage obligé pour comprendre l’écriture égyptienne dans la mesure où c’est le copte chrétien qui a remplacé l’égyptien populaire à la fin du IVe siècle.
Cependant, la chute de Napoléon oblige Champollion à se retirer de la scène pour des raisons purement politiques. Son soutien à l’empereur lui vaut des inimitiés et une forme de disgrâce temporaire.
Il n’empêche, son talent emporte tout. Dès lors, il se plonge dans l’étude de la fameuse pierre de Rosette, trouvée par les savants de Bonaparte dans le Delta du Nil, et déchiffre les premiers cartouches royaux. Grâce à des recherches sur des reproductions des temples d’Abou Simbel, il perce alors le secret des hiéroglyphes en 1822 en expliquant que les hiéroglyphes ne sont pas uniquement des idéogrammes mais servent aussi de signes phonétiques, tout comme notre alphabet. Par cette découverte absolument révolutionnaire, il devient le père d’une nouvelle science : l’égyptologie. Sa découverte est alors transmise à l’Académie, complétée par un Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, publié deux années plus tard,
Nommé conservateur chargé des collections égyptiennes au Musée du Louvre en 1826, il part pour la première fois à la découverte de sa terre promise. De retour en France, il est élu à l’Académie des Inscriptions et des Belles Lettres, mais meurt en 1831, à l’âge de 41 ans, sûrement de l’épidémie de choléra qui sévit en France. Champollion, naturellement, avait des ennemis et des contradicteurs. Mais qui n’en a pas à un tel niveau scientifique ? Il reste pour la postérité un génie savant, malheureusement trop tôt disparu. ■

1 Disponible sur :
https://www.persee.fr/docAsPDF/piot_1148-6023_1921_num_25_1_1813.pdf

Updated on 25 Septembre 2022
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