Leçons de haine

01 Janvier 1900 | par

Regarde là-bas, le ciel est orange ! Mes mots de surprise fendaient l’air de cette calme nuit. On aurait dit que le diable bougeait dans la nuit. Belfast est dans cette direction, donc la ville brûle , me répondait ma tante. Il était environ 23 heures, le 14 août 1969. Cette nuit, à 14 ans, je faisais pour la première fois connaissance avec les troubles.
La radio nous avait informé des épisodes survenus à Derry deux jours auparavant. La tension était forte à Belfast aussi. Le matin suivant, nous avons appris que les protestants avaient attaqué les zones catholiques de Belfast et que des rues entières de maisons avaient été brûlées. Plus de 3500 familles, catholiques surtout, avaient dû abandonner leurs maisons, et neuf personnes furent tuées.
Patrick Rooney, âgé de 9 ans comme l’un de mes frères, fut tué dans sa chambre par la balle de gros calibre d’un revolver tirée depuis un véhicule blindé du Royal Ulster Constabulary (R.U.C.).

L’arrivée de l’Armée Britannique

L’

été de 1969 fut la période la plus violente de l’histoire de l’Irlande du Nord. Le 15 août, le premier ministre de Grande Bretagne, Harold Wilson, envoya l’Armée Britannique à Belfast pour maintenir l’ordre. Elle est toujours là. Après plus de 30 ans de violence les jeunes y sont encore piégés.
L’école catholique pour jeunes filles Holy Cross, qui se trouve dans une zone protestante d’Ardoyne (dans le nord de Belfast, zone où la séparation entre catholiques et protestants est forte), est devenue le point le plus sensible des tensions. Ces six derniers mois, des élèves terrifiés ont dû traverser un couloir de violence sectorielle pour rejoindre leurs classes. L’armée et la police ont protégé les élèves catholiques et leurs parents tandis que les protestants leur lançaient des pierres et des bouteilles et même une bombe.
Les protestants disent que leurs maisons sont attaquées par les catholiques et que l’Armée Républicaine Irlandaise (I.R.A.) utilise les enfants pour pénétrer les zones protestantes.
Les catholiques rejettent ces accusations et défendent leur droit à marcher le long de la rue principale pour rejoindre l’école.
Selon Père Aidan Troy, le chef des gouverneurs, menacer des enfants catholiques est injuste : Les enfants n’ont rien à voir avec ça ; c’est un problème qui regarde les adultes. De nombreuses générations d’adultes en ont été touchées.
La situation actuelle remonte à des siècles en arrière, des siècles de tension entre l’Angleterre et l’Irlande et en particulier à 1921, lors de la scission de l’Irlande en un nouvel Etat libre à majorité catholique dans le Sud et à majorité protestante dans le Nord.

Violence de quartier

L

e 14 janvier 2002, environ 300 policiers et 450 soldats furent déployés dans le Nord de Belfast pour protéger les écoles. Les Land Rovers de la police étaient alignées le long de la rue où se trouve l’école Holy Cross. Les émeutes avaient débuté quatre jours auparavant à cause de deux femmes – une protestante et une catholique – qui refusaient de s’accorder le passage sur le trottoir.
La police affirme que des groupes de guérilla des deux cotés ont déclenché la violence. Le Ministre de l’Education, Martin McGuinness, après une rencontre avec les syndicats de l’enseignement et les responsables de l’Education, a déclaré qu’ il s’agit d’une sérieuse menace à notre système éducatif et d’une atteinte à nos professeurs. Mais, a-t-il ajouté, nous ne devons pas croire que nous sommes impuissants. Il est primordial que toute la communauté soit unie pour envoyer un message clair à ceux qui veulent détruire notre projet de paix et que leurs activités et menaces ne soient pas tolérées.

 

Updated on 06 Octobre 2016