Les fleurs de l’espérance

nous ne pouvons espérer le fruit très savoureux de la vie future que s’il y a une fleur. Mais quelle « fleur » ? Notre saint bien-aimé nous le dit clairement : notre changement et notre engagement renouvelé.
26 Mars 2025 | par

Parce que dans la fleur il y a l’espérance du fruit, c’est à juste titre
que la fleur symbolise l’attente certaine des biens  futurs. Et comme
la fleur est le commencement des fruits à venir, par fleur nous entendons le renouvellement des progrès.
La fleur symbolise donc : soit l’attente certaine des récompenses, soit la nouvelle acquisition des mérites.
Saint Antoine, Sermon pour la Résurrection du Seigneur, 8

L’année jubilaire que nous vivons actuellement nous invite à devenir des pèlerins d’espérance. En y regardant de plus près, nous voyons que ceux qui se mettent en route en tant que pèlerins « espèrent » toujours d’une manière ou d’une autre. Dans quel sens ? Ils espèrent non seulement qu’il y a un but à atteindre, mais ils espèrent aussi pouvoir y arriver. C’est-à-dire qu’ils croient en un lieu vers lequel cheminer, même s’ils ne l’ont jamais vu ni connu, et ils voient qu’il y a des moyens concrets pour accomplir ce chemin. Pour vivre le Jubilé dans l’espérance, il faut donc bien comprendre quel est notre but. Si nous ne sommes pas capables de l’identifier, de le reconnaître comme point d’arrivée de notre intérêt, vers lequel nous devons marcher avec passion, il n’y aura aucun pèlerinage, aucune espérance, aucun Jubilé. Et même l’« année de grâce » risque de rester un ensemble d’initiatives plus ou moins visibles et fascinantes, mais sans grande saveur évangélique.
Nous pouvons être aidés – une fois de plus – par la parole de saint Antoine. Il nous montre clairement que le but de ceux qui espèrent est constitué par les « biens futurs », c’est-à-dire la joie, la liberté, la plénitude de la communion avec Dieu et entre nous ; des biens que nous pourrons expérimenter pleinement et sans fin lorsque nous aurons achevé le pèlerinage de notre vie terrestre. Voici le fruit mûr. Ce qui est beau, c’est que nous pouvons nous diriger vers ce fruit, si bon et si désirable, avec des pas sûrs, précisément parce que nous pouvons dès maintenant en goûter des anticipations fiables et convaincantes. Ces « anticipations », dans le langage d’Antoine, sont représentées par la « fleur ». Nous espérons le fruit parce que nous voyons la présence d’une fleur. Ainsi, nous ne pouvons espérer le fruit très savoureux de la vie future que s’il y a une fleur. Mais quelle « fleur » ? Notre saint bien-aimé nous le dit clairement : notre changement et notre engagement renouvelé.
Ce raisonnement peut paraître quelque peu entortillé. Mais nous pouvons le simplifier ainsi : si notre but est la communion avec le Seigneur et entre nous, en tant que frères et sœurs, alors les moyens à employer sont ceux qui nous mettent en jeu avec un « renouvellement de l’engagement ». Nous savons que le Seigneur Jésus, lorsqu’il prend la parole dans la synagogue de Nazareth (Lc 4), inaugure l’« aujourd’hui » du salut en se présentant lui-même comme source de liberté pour les opprimés, source de la lumière pour les aveugles, source de grâce pour ceux qui se sentent perdus. Tout Jubilé trouve son sens dans l’année de grâce inaugurée par le Seigneur Jésus. Et c’est à notre générosité laborieuse qu’il reviendra de faire éclore tant de fleurs d’espérance. Si ce n’est pas l’Évangile de la rencontre qui éclaire nos cœurs, si ce n’est pas l’Évangile du pardon mutuel qui libère nos âmes, si ce n’est pas l’Évangile fait d’œuvres concrètes par lesquelles nous nous aidons mutuellement, alors il n’y aura pas de fruits jubilaires. Il ne sert à rien de faire des voyages, de visiter des basiliques, d’organiser des évènements si nous ne sommes pas les premiers à nous activer pour nous donner les fleurs prometteuses des soins fraternels, de l’attention respectueuse. Et nous découvrirons que les « biens futurs » sont des biens déjà présents aujourd’hui.

Updated on 20 Avril 2025
Laissez un commentaire