Les reliques de saint Antoine à la rencontre des pèlerins

21 Mai 2012 | par

Comment est née l’idée de faire voyager les reliques ?

J’ai commencé à proposer de faire voyager les reliques après la reconnaissance du corps de saint Antoine en 1981. À l’époque, j’étais directeur du Messager et j’ai noté une grande demande de la part des paroisses qui voulaient accueillir saint Antoine. Depuis, le voyage des reliques auprès des fidèles du monde entier n’a jamais cessé. Il a même connu des moments forts, comme en 1995 lors du huitième centenaire de la naissance de saint Antoine.

 

Pourquoi cette proposition ?

Lorsque saint Antoine était encore en vie, les gens accouraient à sa rencontre. La présence des reliques est ressentie comme une visite de saint Antoine et elle permet de le faire voyager comme cet ami qui se rendait auprès de ceux qui l’appelaient à leurs côtés. Cette mission de faire voyager les reliques est très populaire, à l’image des liens qui ont toujours existé entre saint Antoine et le peuple. Comme je le dis souvent, en apportant les reliques dans les paroisses, il ne s’agit pas d’aller parler de saint Antoine mais de laisser parler saint Antoine. C’est une expérience toujours très forte, car les gens nous racontent les miracles accomplis par saint Antoine dans leur vie et ils sont heureux de pouvoir le rencontrer et le prier directement.

Pourquoi les fidèles veulent-ils voir les reliques et être en contact avec elles ?

Cela rejoint le mystère de l’incarnation. Le corps a quelque chose d’irréel pour le chrétien. Au tout début du christianisme les chrétiens célébraient l’Eucharistie dans les catacombes, proches des corps des martyrs. À la fin des persécutions, les martyrs ont été rapportés dans les églises. Nous avons toujours ressenti la nécessité de nous rapprocher de ces corps par lesquels la présence de Dieu s’est manifestée de manière si forte. Lorsque nous voyons le corps d’un saint et nous touchons son sépulcre nous effectuons les gestes qui nous rappellent que notre frère nous a précédés dans la maison du Père et nous nous rappelons que c’est là notre but. Saint Antoine, lui, a quelque chose en plus : sa langue et ses cordes vocales sont restées intactes. Il s’agit de parties fragiles qui s’abîment tout de suite. Or, ce sont les instruments avec lesquels saint Antoine a prêché et converti le peuple, ce qui en fait un grand signe.

 

Quelles reliques allez-vous apporter en France ?

J’apporte deux reliques de saint Antoine. Une d’elles est une partie de la massa corporis, des tissus corporels. Elle est enfermée dans un reliquaire qui reste dans l’église. L’autre relique est une côte flottante. Il s’agit d’une relique qui a été vénérée dès 1263. Elle se trouve dans un petit reliquaire que nous portons auprès de ceux qui ne peuvent se rendre à l’église, comme dans les hôpitaux ou les prisons. Chacun peut la tenir dans ses mains comme on serre la main d’un ami qui se laisse toucher, comme Jésus pour saint Thomas. C’est pour cela que les reliques ne sont pas des talismans ; il s’agit simplement d’un signe, celui d’un ami qui meurt et dont on veut garder un souvenir. La relique de saint Antoine nous rappelle qu’il est proche de nous, qu’il est l’ami qui nous aime et nous laisse aujourd’hui encore un signe de sa présence.

 

Comment se déroule l’arrivée des reliques dans les paroisses ?

Il y a toujours une célébration pour fêter l’arrivée des reliques. On propose des veillées pour les jeunes, des moments forts pour les familles, ceci autour de lecture de textes de saint Antoine, de prières et de chants. Certains organisent même des processions très populaires, comme en Sicile où les reliques sont portées sur les routes de l’Etna et des feux d’artifices sont tirés pour fêter l’arrivée du saint. Quelle que soit la modalité, l’arrivée des reliques est toujours un moment de joie. Je pense que les Français seront eux aussi bien nombreux à venir à leur rencontre ; nous sentons déjà une grande émotion et un fort enthousiasme de la part des paroisses qui ont invité les reliques. Ce qui est merveilleux, c’est que les paroisses où nous allons ne se contentent pas de notre venue. Elles s’organisent souvent pour venir à Padoue à leur tour. Nous leur organisons alors un pèlerinage sur les pas de saint Antoine à partir de Camposampiero où le saint s’était retiré, en passant par les lieux où il est passé, le sanctuaire de l’Arcella où il a expiré pour arriver à la basilique où nous célébrons une messe et partageons notre quotidien de frères antoniens. La venue de ces pèlerins est un moment fort que nous partageons à chaque fois avec une grande émotion. n

 

Quelques dates historiques

 

13 juin 1231 : mort de saint Antoine à l’Arcella.

17 Juin 1231 : saint Antoine est transporté dans l’église de Sainte-Marie-Mère-de-Dieu à Padoue.

8 avril 1263 : saint Antoine est déplacé sous la coupole centrale de la nouvelle basilique. Première reconnaissance de son corps.

13 février 1350 : saint Antoine est déplacé dans la chapelle actuelle.

6 janvier 1981 : deuxième reconnaissance du corps de saint Antoine.

12 avril 2008 : le corps du saint est déplacé dans la chapelle Saint-Jacques pour permettre la restauration de la chapelle du tombeau.

20 février 2010 : ostension du corps de saint Antoine qui est remis dans sa chapelle restaurée.


Updated on 06 Octobre 2016