L'orgueil

20 Avril 2005 | par

La Parole de Dieu
Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien et l’autre, publicain.
Le pharisien se tenait là et priait en lui-même : « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. »
Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! ».
Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé (Lc 18, 9-14).

La Parole de saint Antoine
Il y a quatre sortes d’orgueilleux : celui qui pense que le bien qu’il possède il le tient de lui-même ; celui qui pense que lorsque ce bien est accordé par Dieu, il lui a été accordé par ses propres mérites ; celui qui se vante de posséder ce qu’il n’a pas ; enfin, celui qui, méprisant les autres, cherche à se faire valoir, lui seul, pour ce qu’il est.
Remarque aussi que, comme dit Sirac le Sage, Dieu hait tout particulièrement trois sortes de gens : le pauvre gonflé d’orgueil, le riche menteur, le vieillard dénué de sens (Eccli 25, 3-4).
Ces trois sortes de gens se rencontrent chez le pharisien de l’Evangile et chez tout homme orgueilleux. Il fut un pauvre, car par la brèche qu’il avait laissée ouverte, les voleurs sont entrés et ont volé tous ses biens ; gonflé d’orgueil, car voulant se placer au-dessus des autres, il s’estima au-dessus de ceux qui sont meilleurs que lui.
Il fut un riche menteur en disant : « Je jeûne deux fois par semaine et Je ne suis pas comme le reste des hommes. »
Il fut également un vieillard dénué de sens, car s’ignorant lui-même, il ne comprenait plus ce qu’il disait : il était monté au Temple pour prier, mais commença par sa propre louange, alors qu’il aurait dû commencer par prier le Seigneur.
C’est ainsi qu’agissent certains quand ils prêchent : ils commencent par se louer eux-mêmes, mais la louange est muette dans leur propre bouche. « Que la bouche d’autrui fasse ton éloge, dit le livre des Proverbes, non la tienne » (Pr 27, 2).

Pour aller plus loin
Des hommes orgueilleux, nous en connaissons beaucoup, mais peut-être sommes-nous peu enclins à démasquer le “pauvre gonflé d’orgueil” qui est en nous, lorsque nous nous estimons “dieux sur terre”, maîtres de tout et de tous ; lorsque nous n’admettons pas nos erreurs ou lorsque nous sous-évaluons, voire méprisons les autres. Nous sommes tout cela, parce que nous n’avons pas été habitués à nous juger à notre juste valeur ; nous ne nous connaissons pas et ne nous apprécions pas pour ce que nous sommes vraiment !
Aux yeux de saint Antoine, l’orgueil « a sa demeure dans le cœur de chaque personne » ; il est la source de tout mal et oppose une résistance incroyable ! La seule force qui peut le vaincre, c’est l’humilité. Elle seule, en entrant dans le cœur de l’homme, peut vaincre l’esprit d’orgueil et éliminer l’aveuglement de l’esprit. Dans nos yeux brilleront alors l’humilité et la simplicité ; dans notre bouche résonneront la vérité et la bonté ; de nos oreilles seront écartées la calomnie et la flatterie ; dans nos mains, il y aura l’honnêteté et la compassion ; dans nos pieds, la pratique et la loyauté. Pour vivre dans l’humilité, dit saint Antoine, il est nécessaire d’invoquer l’Esprit Saint qui, telle une rosée, nous aide “avec douceur” à “refroidir” l’orgueil du cœur, et nous fait prendre conscience de ce que nous sommes en vérité devant Dieu et devant les autres.

Updated on 06 Octobre 2016