Non à la faim - Non-assistance à peuples en danger

01 Janvier 1900 | par

Au printemps dernier, le journal italien l'Avvenire dénonçait à la Une Le scandale qui ne fait plus scandale , devant la constatation résignée de la FAO : l'objectif fixé en 1996 par la déclaration de Rome, de réduire à 400 millions d'ici 2015, le nombre de personnes souffrant de dénutrition ne pouvait être rejoint. Cet objectif, il est vrai, relevait du défi : soustraire chaque année à la faim 20 millions de personnes, tandis que la réalité des chiffres arrivait péniblement à 8 millions.

Une question de volonté

Lors de la 31e session de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture), en novembre dernier, Jacques Diouf, directeur général de cet organisme et le représentant du Saint-Siège auprès de la FAO, Mgr Agostino Marchetto, ont fortement interpelé les gouvernements des nations industrialisées, afin qu'ils regardent en face cette grande question et qu'ils la prennent enfin à bras le corps.

Ce dernier réclamait des stratégies de sécurité alimentaire, première garantie et, en même temps, facteur de paix et de stabilité internationale. La sécurité alimentaire, insistait-il, ne peut pas être pensée et réalisée uniquement en fonction des urgences ou pour remédier à des situations de dégradation.

Jacques Diouf déclarait pour sa part, après cette première constatation d'échec et vu l'impact de la crise internationale sur la situation : La lutte contre la faim va être encore plus difficile . Il parlait néanmoins d'une bataille à notre portée et insistait sur son lien étroit avec la paix, affirmant encore : Les moyens existent, en argent et en ressources. Ce qui manque, c'est la volonté politique.

Un travail de fourmi

A côté de cette indifférence des grands, des millions de personnes luttent, souvent à mains nues, pour faire reculer ce qui semble être devenu, au fil du temps, une fatalité. Individus anonymes ou chefs de file suivis par des milliers de personnes, tels le Père Joseph Wresinski, fondateur de ATD Quart-Monde ; Mère Teresa et ses missionnaires de la Charité ; Mgr  Rodhain, à l'origine du Secours Catholique (*) ; Sr Emmanuelle et ses chiffonniers du Caire… A côté de ces personnalités connues dans le monde entier, des milliers d'associations, la plupart inconnues dépensent une énergie considérable, n'économisant ni leurs efforts, ni leur santé, ni leur argent pour faire reculer le fléau de la faim. Un travail de fourmi qui a le mérite d'exister, seule bouée de survie pour des êtres humains et des peuples en danger.

Le Secours catholique en quelques flashes

Impossible de décrire en quelques mots l'action tous azimuts du Secours Catholique, relayée au plan international par les Caritas. Les programmes d'urgence, mis en place par le Secours catholique dans les situations de pénurie ou de catastrophes naturelles, se doublent d'un accompagnement pédagogique et social. Depuis les épiceries sociales, par exemple, développées en plusieurs régions de France, jusqu'au programme d'urgence alimentaire et médicale mis sur pied en Corée du Nord par la Caritas Hong Kong, avec comme objectif multiple : la réduction de la mortalité maternelle et infantile, la lutte contre la déforestation, l'amélioration et la diversification de la production agricole afin de réduire la dépendance extérieure, le renforcement des compétences au niveau local…

Au Sri Lanka, le programme de réhabilitation pour les victimes de la guerre prévoit en priorité un retour à des conditions de vie normale pour les enfants – par la lutte contre la malnutrition et les risques d'épidémies - et, en même temps, une relance d'activités génératrices de revenus, un accompagnement psychologique pour les personnes les plus touchées, un travail pour favoriser la réconciliation et la paix. Dans la prison de Kazan, en Russie, la Caritas régionale ayant constaté la grande pauvreté matérielle, culturelle et spirituelle dans laquelle vivent les détenus, a commencé une action pour répondre aux énormes carences en nourriture, produits d'hygiène et médicaments, en particulier pour les femmes enceintes et les personnes atteintes de tuberculose, avant de proposer d'autres types d'activités culturelles et sportives par petits groupes au sein de la prison.

Coup de chapeau au PAM

Qu'est-ce que le PAM ? Le Programme alimentaire mondial : organisme spécialisé de l'ONU qui fournit des rations alimentaires aux écoles des pays pauvres. Sa constatation de départ ? 300 millions d'enfants dans le monde souffrent de faim chronique, parmi lesquels une majorité de petites filles. 170 millions d'entre eux environ vont à l'école l'estomac vide et ne reçoivent aucune nourriture au cours de la journée, tandis que 130 millions ne vont pas à l'école du tout.

Au cours de l'an 2000, le PAM a nourri dans le monde plus de 12 millions d'enfants en âge scolaire. Et, dernièrement, son action s'est orientée dernièrement vers les enfants d'Afghanistan, avec un travail de sensibilisation régulier auprès de l'Opinion publique.

Jean-Paul II saluait récemment le travail du PAM auprès des enfants les plus pauvres de la planète ; ce qui, dans les expériences pilotes, a permis une augmentation de la scolarisation, en même temps que la réduction de la faim des enfants. Je prie, déclarait le Pape, pour que la communauté internationale soutienne généreusement votre travail et j'invoque la bénédiction de Dieu sur vos efforts, pour que vous puissiez résister et persévérer.

SOS au Sud-Soudan

Dans certaines régions du monde, le travail pour résoudre la question de la faim est profondément lié aux conflits et nécessiterait de pouvoir agir avant tout sur les causes. Il suffit de penser à l'Irak, où depuis plus de dix ans, malgré les appels répétés de personnalités civiles et religieuses, l'embargo est responsable chaque mois de la mort de centaines d'enfants en bas âge, faute de nourriture ou de soins.

Et que dire de la situation au Sud-Soudan ? En début d'année, Mgr Cesare Mazzolari, évêque de Rumbek, lançait un SOS à la communauté internationale, pour tenter de sauver des milliers de réfugiés qui continuent à affluer : La situation est désastreuse, déclarait-il à l'agence Fides. Plus de 7000 familles risquent de mourir de faim et de soif dans le Comté d'Aweil. Il demandait notamment à l'UNICEF d'accélérer le forage de puits déjà prévus dans la région : Les besoins les plus urgents, déclarait-il encore, sont l'eau, la nourriture et les vêtements. Pour le moment, ces gens se nourrissent seulement de feuilles. Pour avoir un peu d'eau, ils doivent marcher pendant deux heures…

Devant ces situations qui nous dépassent tous, que faire ? Continuer à agir pour ces frères proches ou au loin. Parler, dénoncer, à temps et à contre temps. Lorsque c'est possible, alerter l'opinion. Jusqu'à ce que les gouvernements se réveillent et manifestent leur volonté que les choses changent, et que cesse le scandale qui ne faisait plus scandale.


Comment donner ?

Ils ont dit

… générosité active envers nos frères les plus pauvres. En leur ouvrant notre cœur, nous devenons toujours plus conscients que notre don aux autres est une réponse aux nombreux dons que le Seigneur continue à nous faire. Nous avons reçu gratuitement, donnons gratuitement !

Message de Jean-Paul II pour le carême 2002

Il est nécessaire que nous soyons amoureux de Jésus pour pouvoir le nourrir en ceux qui ont faim et qui sont seuls.

Mère Teresa

D'un côté de la table 30% de l'humanité profite de 57% du gâteau alimentaire. De l'autre côté de la table 70% des humains doivent se contenter de 43% des aliments. Voilà la statistique mondiale de la faim (…). Les pauvres sont ignorés de ce monde. Quelle main mystérieuse tient donc le terrible bandeau sur les yeux de certains, en d'autres domaines si clairvoyants ?

Mgr Rodhain

 
Updated on 06 Octobre 2016