Papi le clown

13 Février 2004 | par

Y'a quelqu'un ?...
Un clown fait son entrée dans la classe, une valise à la main. Il interpelle l'institutrice, pensant que c'est la directrice, s'empêtre dans ses explications, osant enfin la raison de sa venue : Je viens pour m'inscrire à l'école. Il demande à poser son cartable. Les rires fusent. Commencent alors les présentations...

Une venue annoncée
Le scénario a en fait été enclenché quelque temps auparavant, par la lettre d'un monsieur au directeur de l'établissement. Il dit héberger chez lui un clown, Papi, qui ne sait ni lire ni écrire et, qui plus est, un peu fainéant. Il n'a pas beaucoup de chances de réussir mais ledit monsieur a entendu vanter les mérites de cette école, la compétence des enseignants, la gentillesse des élèves... et il est convaincu que son protégé aura peut-être, s'il est accueilli là, la possibilité de s'en sortir. La lettre est lue aux enfants par l'institutrice et la question est ensuite posée à tous : Accepteriez-vous de prendre ce clown à l'essai dans votre classe ?
Après concertation et un certain nombre de demandes : combien de temps viendra-t-il ? Où le mettrons-nous ? La réponse est toujours positive. C'est ensemble, en plein accord, que les élèves acceptent de recevoir le clown, bien décidés à tout faire pour l'aider.

Pédagogie de la rencontre...
Malgré l'annonce, l'effet de surprise demeure à l'arrivée du personnage. Le clown interpelle les enfants, il demande si l'un d'entre eux pourrait lire la lettre de recommandation qu'il apporte avec lui. Laissant le rêve entrer dans leur réalité, les enfants participent, s'amusent, prêts à jouer le jeu et bien décidés à tout faire pour lui apprendre à lire et à écrire.
Malgré des années d'expérience, Daniel Federspiel ne se lasse pas de l'accueil des enfants et surtout de leurs réactions, toujours étonnantes. Témoin ce petit garçon qui, dépassant avec courage ses propres difficultés en lecture, se jette à l'eau pour aider le clown. Car c'est un handicap, explique-il, que lui-même aimerait dépasser. Et, devant ses camarades, il va ouvrir un livre scolaire et essayer de me faire progresser à partir des petits résultats qu'il a déjà obtenus. Comme s'il voulait que je traverse cette épreuve plus facilement que lui.
Quelle n'a pas été la surprise de cette institutrice du primaire de voir le clown aller droit vers une enfant qui ne savait ni lire, ni écrire, très en retard sur tous les autres. Terrorisée à l'idée de devoir écrire au tableau, la petite fille a trouvé la force d'écrire Papi. Nous avons tous été stupéfaits, raconte l'institutrice, et nous avons éprouvé la même joie qu'elle. Elle a pris conscience qu'elle pouvait écrire quelque chose. De grands moments, parfois de grandes victoires sur soi-même, à peine perceptibles, mais qui marqueront à vie certains de ces enfants.

Et du don
Le clown rejoint donc les enfants dans un milieu qui leur est familier : leur salle de classe ou la cour de l'école. Il va d'abord commencer, avec leur aide, par apprendre à lire et à écrire. Puis, comme pour les remercier, il va partager à son tour avec eux ce qu'il sait : des tours de magie, et ce qu'il porte dans son cœur : la joie. Joie d'aimer, de se sentir écouté, de se sentir quelqu'un... Dans l'atelier où il devient le clown Papi, Daniel Federspiel explique tout en se maquillant, sa pédagogie qui n'est autre que celle de saint Jean Bosco, le patron des illusionnistes : Dans sa jeunesse, avec les enfants, les jeunes, il faisait de la magie. Il aimait faire rire les jeunes, les ados et, en même temps, leur parler de Dieu. Je veux faire la même chose.
Son message de fond ? On est riche, non pas de ce que l'on possède mais de ce que l'on sait partager.
Dans ce lieu, l'école, l'enfant est en situation de recevoir et de donner . Il fait l'apprentissage d'une relation de réciprocité vis-à-vis de ses petits camarades et des adultes éducateurs, importante pour sa croissance. Et la présence du clown va être le révélateur du meilleur qui se trouve en chacun et qui, s'il est accueilli par les autres, ne demande qu'à s'épanouir.
Dans les faits : Le clown représente la faiblesse, toutes les étapes que l'enfant a déjà dépassées : il ne sait ni lire ni écrire... Mais il porte en lui d'autres valeurs, d'autres savoir faire. Il a un cœur qui aime, il a du bonheur, une joie qui est communicative.

Après le départ du clown
Et les enfants captent très bien l'essentiel de ce message. Ce qui leur faisait dire par exemple, après le passage du clown : On n'a pas forcément tous les mêmes choses à donner , ou encore : Même si on est différents, on peut quand même apprendre des choses aux autres.
Un beau jour, le moment du départ arrive. Le clown Papi s'en va avec sa valise, ses mimiques qui font tellement rire les enfants et forcent l'affection. Il s'en va loin des enfants mais pas de leur cœur. Il va même leur écrire pour se recommander à leur amitié. C'est le moment où les enfants vont apprendre que leur clown Papi est aussi prêtre et que ce dernier peut être comme le clown, dans la vie de tous les jours, porteur de joie, de faiblesse, de bonheur...

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Pour en savoir plus
Une vidéo (+ livret pédagogique) :
Le clown et l'enfant, 23 euros
A la rencontre du clown Papi, le clown qui ne sait ni lire ni écrire mais qui a pourtant tant de choses à offrir aux autres... Eduquer ne peut se faire qu'au cours d'une relation (...). Malheureusement, on considère trop souvent cette relation de façon unilatérale : d'un côté, l'éducateur qui transmet, et de l'autre, l'éduqué qui assimile ce qui lui est transmis. Dans les Evangiles, les rencontres de Jésus nous révèlent que le schéma n'est pas aussi simple...
Editions du Signe, Strasbourg

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Le clown Papi
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Updated on 06 Octobre 2016