Patrimoine religieux et catéchèse

22 Juillet 2004 | par

Paul est passionné de vieilles pierres, et ses études d'histoire de l'art lui permettent d'être à l'aise dans ce domaine. Ce matin, il fait équipe avec Yves pour rencontrer un groupe de jeunes de seconde. Après avoir fait connaissance, Paul et Yves font ce qu'on appelle un déballage à partir du mot patrimoine. Chacun y va de son mot, sans réfléchir selon la règle du jeu. Après deux minutes, l'on peut lire : journées, musée, monuments, châteaux, maisons, fontaines, chansons, œuvres littéraires, héritage, cathédrale, biens, etc. Yves propose que les jeunes donnent une définition à ce terme.

Qu'est-ce qu'un patrimoine ?
C'est ce qui est conservé par les hommes, comme souvenir du passé, dit Claire.
- C'est quelque chose qui se transmet de génération en génération, complète Isabelle.
- Cela peut être concret ou abstrait, ajoute Laurent. Des chansons appartiennent au patrimoine culturel, tandis qu'une cathédrale, un château font partie du patrimoine, disons immobilier, d'un pays.
- Tu as raison, répond Paul. Je crois qu'une cathédrale, ou un château, relève de la culture du pays : les châteaux de la Loire ne sont pas ceux de l'Angleterre. Même chose pour une cathédrale. Les pierres parlent de ceux qui les ont assemblées. Un calvaire peut dire beaucoup à celui qui sait lire les pierres et qui a quelques connaissances bibliques. 

Vieilles pierres et catéchèse
Prenons, par exemple, un calvaire breton : les événements essentiels de la vie du Christ sont gravés dans la pierre. Il est un outil de catéchèse fort intéressant, témoin et patrimoine de la foi de ses auteurs. On disait couramment qu'il était la catéchèse du pauvre.
- Pourquoi du pauvre ? Demande innocemment Yves.
- Parce que les pauvres n'ont pas les moyens d'acheter des livres, propose timidement Laurent.
- Parce qu'au Moyen Age, au temps des cathédrales et, sans doute de ces calvaires, il n'y avait que les riches qui recevaient de l'instruction, suggère François.
- Vous avez tous les deux raison, répond Paul. Les pauvres ne pouvaient acheter des livres, et, surtout, ils ne savaient pas lire. Alors, ce qui été représenté sur le calvaire ou sur les cathédrales était facilement décryptable pour eux. C'est ainsi que se faisait un certain enseignement de la catéchèse.
- Aujourd'hui, d'ailleurs, ajoute Yves, c'est encore un moyen employé par certains guides dans les églises pour faire de la catéchèse auprès des visiteurs, intéressés par les vieilles pierres de notre patrimoine religieux.
- Tu as raison, continue Paul, car, et c'est regrettable, la culture religieuse chrétienne est bien faible chez nombre de nos contemporains. Mais quand quelqu'un d'un peu qualifié en histoire de l'art et en catéchèse, fait visiter une église, un vrai dialogue s'instaure et nourrit certainement la foi des visiteurs. D'où l'importance d'avoir des guides bien formés et qui ont quelque pratique religieuse dont ils peuvent témoigner.

Visiter une église
Ces visites font l'attention de la Pastorale du Tourisme et des Loisirs, qui est un organisme chrétien, comme des organismes de tourisme et le Secrétariat d'Etat au tourisme, précise Yves. C'est mesurer l'importance des journées du Patrimoine et des monuments religieux ouverts à cette occasion. Il est important également pour les chrétiens que nous sommes d'avoir un minimum de connaissances sur ce qu'est une église. En effet, il y a des éléments clés du christianisme dans l'iconographie : la porte, symbolique forte, signifie que le Christ est la porte ; la nef, lieu où se rassemblent les fidèles pour la messe dominicale ; le tabernacle ; la table de communion, qui a souvent disparu mais qui reste encore présente dans des églises ou chapelles très anciennes, à visiter lors des journées du Patrimoine.
- Dans certaines églises, il y a des feuillets explicatifs, ajoute Aude. On peut aller à son rythme, s'attarder sur tel ou tel vitrail ou statue. Cela invite souvent à la prière, au recueillement.
- Yves doit conclure, faute de temps : Nous avons, une fois encore, ouvert des pistes ; sachons regarder les vieilles pierres qui disent la foi de nos aînés : nourrissons notre foi à partir de ce patrimoine religieux très riche chez nous.


Vocabulaire religieux

Pèlerinage
Un pèlerinage désigne à la fois un voyage, pour se rendre dans un lieu saint, et le lieu lui-même. Les pèlerins, ceux, qui font des pèlerinages, partent vers des lieux, tels que Lourdes ou Fatima, ou bien encore Padoue pour visiter Saint-Antoine.
Dans le langage quotidien, pèlerinage est employé pour désigner une manifestation dans un lieu où certaines personnes - que l'on n'appellera pas pèlerins pour autant - aiment à se retrouver de façon quasi rituelle. Ainsi plusieurs pèlerinages à caractère tout à fait profane se déroulent chaque année : certains vont se retrouver à la Roche de Solutré et d'autre à Colombey-les-deux-Eglises. Pèlerinage aussi, cette année, pour les anciens combattants qui ont commémoré le 60e anniversaire du débarquement du 6 juin 1944, et qui se sont retrouvés, par exemple, à Sainte Mère Eglise.
Comment se fait-il que ce mot pèlerinage, dont l'origine est plutôt religieuse, soit ainsi utilisé ? Sans doute que pour bien le comprendre, il faut remonter à la signification du mot dans la religion. Il s'agissait - et il s'agit encore - de faire un voyage vers un lieu de dévotion, de vénération, un lieu saint, en signe de pénitence ou bien encore pour remercier Dieu. Il impose une rupture avec la vie quotidienne et tout ce qui l'encombre pour retrouver Dieu dans sa vie, en se mettant en route seul ou avec d'autres. Lors de sa marche, le pèlerin pense, médite, fait silence et se retrouve face à lui-même. Le pèlerinage est une pratique religieuse que l'on rencontre de façon universelle.
Les pèlerinages chrétiens se sont développés vers le IVe siècle, après la paix religieuse, et pour les chrétiens, les plus connus sont encore aujourd'hui ceux de Jérusalem et des Lieux Saints, Rome, Assise, Saint-Jacques de Compostelle. Toutefois, le culte marial a donné de nombreux pèlerinages locaux, et la Bretagne en garde encore qui sont appelés pardons. Cette appellation se souvient de l'origine des pèlerinages au Moyen Age au cours desquels les chrétiens avaient la possibilité de se confesser... dans l'optique de gagner des indulgences... Aujourd'hui, on n'y va plus pour gagner des indulgences, mais, bien encore, pour se renouveler spirituellement. On y retrouve également le sens de la pénitence contenu dans le mot depuis son origine.
Le pèlerin, c'est, au sens figuré ou familier, simplement une personne, un individu. Le mot est passé dans le vocabulaire courant. C'est ainsi que l'on entend parfois dire, de façon familière : Ils n'étaient que deux ou trois pèlerins à cette conférence, soit peu de personnes évidemment.
Le pèlerinage c'est aussi le chemin, et le passage des chrétiens sur la terre est, de ce fait, un pèlerinage, une marche, un long chemin qui les mène vers Dieu. C'est ce qui est dit dans la prière eucharistique n°III : Affermis la foi et la charité de ton Eglise au long de son chemin sur la terre . Le peuple chrétien prend donc son bâton de pèlerin et pèlerine au cœur de la foi.

 

 

Updated on 06 Octobre 2016