Pour des ruisseaux de fraternité
Il y a des petits ruisseaux qui ne payent pas de mine, mais qui, au fur et à mesure qu’ils descendent vers la plaine, deviennent de vrais fleuves. C’est un peu ce qui est arrivé à l’encyclique Fratelli tutti. Aux yeux de certains est-elle ainsi apparue comme un document somme toute mineur, pas vraiment magistériel. Mais ceux qui se sont laissé interpeller y ont vite trouvé un formidable goût d’Évangile. Ils se sont trouvés pris dans la ronde joyeuse des enfants du Père : c’est en lui qu’ils se sont découverts frères. C’est la paternité de Dieu qui engendre la fraternité entre les humains. Tous fils d’un même Père, donc tous frères (« Fratelli tutti »). Ainsi les bras du Père réunissent l’humanité dans une seule et immense famille. Et c’est là la formidable Bonne Nouvelle dont notre monde a un besoin vital. Dans une époque où la violence, le mépris et les conflits entre peuples, semblent prendre le dessus, quel remède si ce n’est la fraternité ? Quand notre société rejette tant de personnes comme des rebuts, où trouver la force de retisser les liens de la fraternité ? Quand on se replie, recroquevillés par la peur ou le désintérêt, où retrouver le goût d’une vie fraternelle, si ce n’est dans l’Évangile. Finalement, Fratelli tutti n’est pas un petit ruisseau, car il débouche dans le grand fleuve où Dieu veut nous emporter dans son rêve d’une humanité fraternelle. C’est heureux que le pape François nous le rappelle avec force.