Quand mon enfant est triste 

Une dispute à la récréation, la mort d’un animal de compagnie… Dans sa vie quotidienne, l’enfant fait inéluctablement face à des chagrins, qui laissent parfois les parents démunis. Quelques repères pour y faire face.
23 Avril 2023 | par

« Il faut avoir conscience que nous avons notre prisme d’adulte, certaines choses ne nous semblent pas importantes, alors que pour les enfants c’est tout leur monde qui s’écroule et ils n’ont pas la même capacité que nous à prendre du recul, à raisonner », fait observer Églantine Guénard, thérapeute en relation d’aide et en psycho-généalogie. Ainsi l’enfant « fonctionne beaucoup plus dans l’émotionnel » et certaines choses anecdotiques deviennent « réellement une montagne pour lui ».
« Comme maman, confie cette mère de famille, on peut avoir tendance à vouloir très vite enlever la souffrance de nos enfants, à mettre un couvercle dessus, à trouver une direction pour en sortir. Moi-même j’avais tendance à essayer d’expliquer, de rendre la souffrance plus cohérente. Mais cela annule la reconnaissance de la tristesse ». « En tant que parent, c’est important de ne pas paniquer, minimiser, repousser, ou ignorer », abonde la psychologue clinicienne Rose-Marie Moal. Elle reconnaît que « la tristesse de notre enfant nous interpelle, nous inquiète. Cela peut aussi réveiller des choses profondes en nous-mêmes ».

Accueillir la tristesse
La première étape est donc « de prendre le temps d’accueillir la tristesse », explique Rose-Marie Moal. Charlotte Dubois, mère de quatre enfants de 16 mois à 10 ans, essaie ainsi de se rendre disponible lorsqu’elle constate que l’un de ses enfants est triste. « Il ne faut surtout pas laisser la tristesse l’envahir trop longtemps. Je prends au moins un quart d’heure avec lui, pour recueillir son chagrin, écouter ce qu’il a à me dire. »
Pour Églantine Guénard, il s’agit de « tout nommer ». « Par exemple pour le deuil d’un animal de compagnie, on fait écho à sa peine, même en l’amplifiant : “Oui, c’est très dur. Ce chat était très important pour toi. Je comprends, ça te fait un immense bobo dans le cœur”. On ne va pas changer la situation mais il y a déjà une reconnaissance. L’enfant est vu et entendu dans sa souffrance. Parfois, cela suffit à l’apaiser. »
Selon l’âge de l’enfant, Rose-Marie Moal donne quelques conseils : « Il faut parfois plusieurs étapes, l’enfant n’est pas toujours en mesure d’expliquer d’emblée pourquoi il pleure. On peut commencer par un constat : “Je vois bien que tu es triste, on peut en parler” ». Il s’agit aussi de tranquilliser l’enfant en lui disant qu’il a « le droit de pleurer » et que c’est même « normal ». L’experte souligne l’importance de « dédramatiser » car certains enfants culpabilisent de n’être pas capables de retenir leurs larmes. Elle préconise des supports pour exprimer la cause du chagrin, comme le dessin, ou un jeu avec des Playmobils pour raconter, pour expliquer des choses que l’enfant voit comme graves.

Et ensuite ?
Le premier moment consiste donc à accueillir la tristesse, l’entendre, ne pas vouloir la gommer. Ensuite, on peut passer à une autre étape. Églantine Guénard n’hésite pas à poser la question : « Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour t’aider à aller mieux ? Y a-t-il quelque chose pour te consoler, te rassurer, te soulager, te sécuriser ? ». Il peut être utile de prendre rendez-vous avec la maîtresse s’il s’agit d’un drame d’écolier, ou de poser un geste symbolique si la peine se rapporte à un deuil. « Le deuxième temps est de ramener l’enfant dans la vie qui continue, explique-t-elle. On peut avoir des grands moments de tristesse mais ça n’enlève pas tout le bonheur. Papa et Maman sont peut-être divorcés mais cela n’empêche pas de vivre de bons moments avec les amis, etc. »
« Quand l’enfant a réussi à s’exprimer, je lui assure qu’il n’est pas seul, que Maman et Papa sont là, que ses frères et sœurs sont là, qu’on va trouver des solutions », confie Charlotte Dubois. Et puis, la mère de famille cherche « quelque chose pour consoler » l’enfant chagriné. « Cela peut être de faire un dessin, un jeu qu’il aime bien, un gâteau ensemble, un gros câlin, tous les gestes pour se sentir aimé, ça compte énormément. Tout cela pour dire “Je t’aime vraiment fort, je peux t’aider à retrouver ta joie, ta bonne humeur”. »
En revanche, cette tristesse passagère est à différencier d’une tristesse plus installée, lorsque tout est motif de désillusion et les chagrins s’enchaînent. Face à « une tristesse de fond sans raison apparente, des crises de larmes permanentes, une perte d’appétit », il faut être aidé et accompagné éventuellement par un psychothérapeute, argumente Rose-Marie Moal. Afin qu’il n’y ait pas des douleurs plus profondes qui se cristallisent.

Updated on 26 Avril 2023
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