Rencontre avec... Adelino Zoccarato et frère Remo Scquizzato

25 Novembre 2013 | par

Adelino Zoccarato, 75 ans, était réceptionniste à l’hôtel des pèlerins situé à proximité de la basilique saint-Antoine à Padoue. C’est là que les frères ont découvert sa passion pour les crèches et lui ont confié la réalisation de celle de la basilique, il y a près de 40 ans. Avec le gardien de la basilique, le frère Remo Scquizzato, il nous présente leur œuvre.

 

Adelino, il y a près de 40 ans que vous réalisez la crèche de la basilique, est-ce devenu une routine pour vous ?

Absolument pas. Chaque année, avec le gardien de la basilique, nous illustrons un thème différent que nous choisissons sur la base d’événements marquants. Cette année, par exemple, nous rappelons le 750e anniversaire du jour où la langue intacte de saint Antoine a été retrouvée. Cela me semble important de représenter ces moments dans la crèche ; peut-être que quelqu’un ignore ce dont il s’agit. Souvent, des personnes me demandent : « Mais que fait la représentation d’un événement d’une autre période dans une crèche ? » Alors je leur explique que c’est une manière de rapporter cet événement commémoré à son origine primaire, qui est la foi en Dieu. C’est aussi une façon d’offrir à Dieu, qui a pris notre humanité sous la forme d’un nouveau-né, les événements qu’il a suscités dans notre société. Nous avons donc une crèche toujours différente. Cette fois-ci, sur l’avant de la scène, à droite, nous placerons la Sainte Famille. À gauche, nous reproduirons une grotte semblable à celles dans lesquelles les gens habitaient aux temps de Jésus. Je m’inspire là du pèlerinage en Terre Sainte dont je viens de rentrer avec ma femme. J’ai vu qu’ils vivaient dans des grottes avec leur famille et leurs animaux, et qu’il y avait aussi un four pour le pain. Afin de rappeler le 750e anniversaire, je vais faire la maquette de la basilique Saint-Antoine que je placerai dans le fond et, pour y guider le regard, la rue Belludi qui y mène. Nous installerons un panneau explicatif pour les visiteurs.

 

Comment vous organisez-vous pour la réalisation ?

On commence à travailler au montage de la structure et de la scène de 10x10m, avec l’aide des ex-orphelins du Village Saint-Antoine dès la deuxième semaine de novembre. Il nous faut environ trois jours pour cette première phase. Ensuite, on travaille à trois ; Adriano Bellini s’occupe de la partie électrique et des automates, Danilo Ruzzarin, qui est spécialisé dans le travail du cuivre, nous aide sur tous les fronts. Personnellement, je m’occupe du décor et de la mise en scène... Nous travaillons ici de 8h à 18h, jusqu’au soir de Noël. La crèche est inaugurée pour la messe de minuit et elle reste visible jusqu’au premier dimanche du mois de février.

Cette crèche demande beaucoup de travail car, à part les personnages de la Sainte Famille qui sont toujours les mêmes, nous avons aussi un grand nombre d’automates et nous fabriquons des maquettes que nous animons pour reproduire en quelques minutes les 24h d’une journée. Lorsqu’il fait « jour », les personnages sont animés dans leurs activités quotidiennes et le four est « en service ». Quand la nuit tombe, les habitations s’éclairent et les feux sont allumés. Avec l’arrivée de la nuit, les personnages cessent leur activité, tout s’éteint progressivement et les étoiles se mettent à briller. Nous cherchons sans cesse à innover, mais nous recyclons beaucoup ; nos premières crèches étaient fabriquées en bois compensé recouvert de toile de jute et de chaux. Maintenant, nous utilisons le polyuréthane pour les montagnes, le polystyrène pour les maisons, des fibres optiques pour les étoiles, ainsi qu’un ordinateur pour la synchronisation des lumières et des musiques... Vous savez, autrefois on montait la crèche dans une petite chapelle de la basilique, mais il nous fallait travailler de nuit pour ne pas déranger les pèlerins. Depuis quelques années, nous nous sommes transférés dans le cloître du magnolia où nous pouvons travailler toute la journée. De cette manière, nous avons plus de temps et de place pour libérer notre créativité.

 

Pourquoi mettez-vous toute cette énergie au service d’une crèche ?

Parce que je suis enthousiaste à l’idée de transmettre le message de la Nativité par le biais des crèches que je fais. Je suis heureux de faire découvrir la manière dont vivait Jésus, ce qui s’est passé quand il est né. Mon plus grand bonheur, c’est lorsque les gens qui viennent voir mes crèches sont heureux. Je vois parfois des personnes s’arrêter pour prier devant la crèche ; ce sont des moments très forts pour moi, car je sens alors de manière concrète la beauté du don que le Seigneur m’a fait.

 

Frère Remo, quel est le rôle du « gardien de la basilique », en particulier dans le projet de la crèche ?

Mon rôle est de protéger et de valoriser le patrimoine de la basilique Saint-Antoine de Padoue, cette « Maison de Dieu » qui a le privilège et la grande responsabilité de contenir le corps de saint Antoine. Mon rôle est aussi de faciliter le travail des trois bénévoles qui offrent cette crèche aux visiteurs. Nous choisissons ensemble le thème d’actualité à développer, mais ce sont eux qui font tout le travail ; ils sont vraiment doués. Ils font en sorte que les visiteurs puissent à la fois se concentrer sur la Sainte Famille, et se souvenir d’une manière belle et originale qu’Antoine, en tant que disciple de François, est lié à la fête de la Nativité (cf. p.8-10 et p.18-20).

 

Des gens viennent de loin pour voir la crèche de la basilique. Selon vous, pourquoi cette crèche remporte-t-elle autant de succès ?

De nombreuses personnes expriment leur désir de redevenir des enfants pour comprendre et toucher du doigt cette crèche avec ses mystères. On les y aide en valorisant les mystères du Christ dans une crèche toujours différente et en les invitant à revivre ce mystère qui se produit chaque année pour nous. De nombreuses familles viennent aussi ici car la crèche est un support concret qui aide à expliquer aux enfants quel est ce mystère de l’Incarnation de Dieu. C’est un moyen pour traduire en un langage simple un événement aussi grand. Certains adultes viennent également pour observer les détails ou les effets techniques de la crèche et ils les comparent à ceux qu’ils ont vus dans d’autres paroisses. Cet aspect aussi a son importance, car ils récupèrent ainsi les stimuli utiles pour réaliser des crèches qui transmettront à leur tour le mystère de la Nativité.

Ici, on sent vraiment que la crèche aide à reprendre conscience de la proximité de Dieu à travers ce Nouveau-Né tout fragile. 

 

Questionnaire de saint Antoine

Adelino, connaissez-vous saint Antoine ? Quelle image avez-vous de lui?

Qui ne le connaît pas? C’est le saint de tous !... Et on le prie pour tout!

 

Comment priez-vous?

Pendant la journée, je prie souvent en disant : « Seigneur aide-moi. Garde ta main sur ma tête, pour m’éviter de faire des choses que je ne devrais pas faire ». Je prie aussi beaucoup mon ange gardien et je lui demande de me donner des idées ou de la patience. Quand je passe par l’église, je m’arrête pour un salut : « Seigneur je te salue, bonne journée », et je repars tout simplement.

 

Quand vous sentez-vous le plus proche de Dieu?

Eh bien, je sens toujours la présence de Dieu ! Il n’est jamais loin. Quand on est dans la grâce de Dieu, on est toujours proche de lui.

 

Qu’est-ce qui vous a rendu le plus heureux cette année?

Cela a été quand, avec ma femme, nous avons appris que nous pouvions aller en Terre Sainte alors que nous étions inscrits sur la liste d’attente. J’étais déjà allé en Terre Sainte il y a 15 ans, mais cette année j’y suis retourné avec des frères franciscains, sans appareil photo, sans caméra, seulement pour vivre la spiritualité des lieux. Quel bonheur !

 

Updated on 06 Octobre 2016