Rencontre avec... le père Giovanni Voltan

15 Janvier 2016 | par

Au terme de l’Année de la vie consacrée, le Messager de Saint Antoine braque le projecteur sur les Franciscains de la province italienne de saint Antoine de Padoue. À la tête de la province depuis 2013, le père Giovanni Voltan a fait ses premiers vœux en 1982 et a été ordonné prêtre en 1989. Il dessine quelques traits de la vie franciscaine.

 

Selon vous, qu’est-ce qui caractérise le franciscain ?


C’est quelqu’un qui suit le Seigneur Jésus sur les traces de saint François, avec les aspects particuliers que François a voulus : la fraternité, être tous frères, et le signe de la minorité, c’est-à-dire chercher à être petits, à être simples, au côté des personnes les plus simples de la société. Les Frères Mineurs sont toujours dans la catégorie « la plus basse », au niveau des derniers. Cela doit nous caractériser. 

 

Pouvez-vous présenter la province de Padoue ?

C’est l’une des provinces les plus grandes de notre ordre de Frères Mineurs Conventuels. Elle est dédiée à saint Antoine de Padoue, qui a été l’un des premiers ministres provinciaux de cette province, de 1227 à 1230. Il y a deux ans, en 2013, cette grande province est née de la fusion de celle de Padoue et celle de Bologne pour former la

« Province italienne de saint Antoine », qui compte 35 couvents, dont trois au Portugal, terre d’origine de saint Antoine de Padoue. Trois de ces couvents se trouvent également « en mission » au Chili. La province comprend aussi trois « vice-provinces », que nous appelons « custodies » dans le langage franciscain : France-Belgique, Ghana-Afrique et Indonésie. Avec le temps, nous espérons que toutes ces custodies deviendront des provinces indépendantes. La province de Padoue compte quelque 300 frères et plus de 500 si nous ajoutons les frères des custodies.

 

Que font les franciscains de Padoue ?

En premier lieu, un point important : la vie franciscaine ne se décline pas dans la solitude mais entre « frères », dans la fraternité. Chacun vit son ministère en travaillant là où il est, que ce soit en paroisse, au sein d’un sanctuaire… Ici, le sanctuaire abrite la dépouille de saint Antoine, faisant de Padoue un lieu de pèlerinage où viennent chaque année quatre millions de personnes pour rencontrer le Seigneur à travers saint Antoine, considéré comme un intercesseur, un ami, un frère. Les Franciscains y travaillent donc surtout dans l’accueil des pèlerins, notamment par la prédication et le sacrement de réconciliation. À côté de la basilique, on trouve les locaux du Messager de Saint Antoine, qui poursuit le message évangélique du Saint. Nous animons aussi des œuvres de charité comme le village Saint-Antoine et la communauté Saint-François, exprimant cette attention des frères envers les personnes blessées.

 

Y a-t-il un renouvellement des vocations ?

Il est clair que nous sommes en crise, comme beaucoup d’autres en Italie, en Europe et dans le monde occidental. Mais nous pouvons quand même nous réjouir parce que, chaque année, trois ou quatre jeunes nous rejoignent, en commençant avec le postulat qui initie à la vie franciscaine durant deux ans, pour ensuite poursuivre avec le noviciat et si tout va bien devenir frères pour toujours. C’est peu mais au vu de la situation actuelle, nous pouvons rendre grâce. Dans nos custodies africaine et asiatique, la question est très différente, car l’Église est encore très jeune, la population compte beaucoup de familles nombreuses, et la religion est vue comme un parcours positif.

 

Vous avez pu témoigner de votre vocation au cours de l’Année de la vie consacrée ?

Nous avons cherché à faire briller le beau visage de la vie consacrée, avec la spécificité franciscaine. L’apport des Franciscains à l’Église est une question éternelle qui revient sans cesse nous interpeler.

 

Comment voyez-vous l’Année sainte de la Miséricorde ?

Pour nous, Franciscains, c’est une situation optimale ! Nous avons en effet beaucoup d’églises et sanctuaires où les visiteurs viennent chercher la miséricorde du Seigneur, des lieux où l’on peut trouver des frères au confessionnal quelle que soit l’heure de la journée. Le charisme franciscain cherche à exprimer la tendresse du Seigneur. Depuis le XIIIe siècle, nous vivons ce ministère, qui s’accorde très bien avec l’Année de la Miséricorde. D’ailleurs, certaines de nos églises conventuelles ou de nos sanctuaires, au moins cinq ou six dans notre province religieuse, ont été indiqués par décision diocésaine comme églises jubilaires.

 

Une parole de saint Antoine sur la miséricorde ?

En allant tous les matins sur sa tombe, j’aime méditer avec ses mots : « Prions donc très chers frères, et supplions la miséricorde de Jésus Christ, pour qu’elle vienne et s’arrête au milieu de nous. Qu’elle nous accorde la paix, nous libère du péché, extirpe de notre cœur tout doute, imprime dans notre âme la foi dans sa passion et résurrection ». Cela me semble très beau de supplier la miséricorde pour qu’elle « s’arrête » parmi nous. 



QUESTIONNAIRE DE SAINT ANTOINE

Quelle image avez-vous de saint Antoine ?

C’est un grand homme, une personne qui s’est entièrement dépensée pour l’Évangile, une personne conquise à la vie franciscaine, avec le charisme de saint François. La grande passion de sa vie a été le Seigneur. Il a illustré l’amour de la Parole de Dieu et a su rendre concret cet amour en l’unissant à la défense des pauvres, en vivant auprès des petits, des humbles.



Comment priez-vous ?

De façon très simple. Le matin ou le soir, je vais prier avec la communauté dans la basilique, même si je suis fatigué, c’est une façon d’être présent. Je cherche à vivre ainsi ce petit effort qui est aussi une petite joie. Si je suis en voyage, j’essaie de ne jamais manquer ce rendez-vous avec le Seigneur. J’aime beaucoup aussi la prière du rosaire, où je présente au Seigneur les situations variées qui me sont confiées… je cherche au quotidien à avoir une rencontre personnelle avec Dieu.



Quand vous sentez-vous le plus proche de Dieu ?

Je sens la proximité de Dieu surtout quand je touche du doigt que certaines choses ne viennent pas de moi, mais sont vraiment fruits de Son initiative. Alors je réalise que Dieu est plus grand que ce que je pouvais imaginer. 



Qu’est-ce qui vous a rendu le plus heureux cette année ?

Tant d’événements m’ont rendu heureux. Je pense particulièrement à la grâce d’avoir reçu entre mes mains de ministre provincial les professions temporaires de trois novices et les professions perpétuelles de six frères. Symboliquement, le nouveau religieux met ses mains dans celles du supérieur. Lorsque je reçois leur engagement dans mes pauvres mains, je me sens tout petit, mais cela me donne aussi beaucoup de joie, de voir ces jeunes frères se donner au Seigneur pour toujours.


 

Updated on 06 Octobre 2016