Respecter la vie, accepter la mort

31 Janvier 2005 | par

En France, et en Europe, la fin de vie suscite débat. Faut-il prolonger des traitements inutiles? Comment soulager la souffrance et respecter la vie tout en acceptant la mort. C'est ce dernier choix que la France inscrit dans sa législation, d'après la proposition de loi approuvée en première lecture le 30 novembre dernier. Mais que dit la loi et quel est son but?

Ce texte, explique Philippe Douste-Blazy, ministre de la Santé, n'instaure pas une procédure automatique, comme certains de nos voisins européens. Il organise le dialogue entre le patient, le médecin et les proches. Il respecte le temps de la décision de l'homme. C'est le modèle français d'accompagnement en fin de vie. Ces précisions sont fondamentales, car le but de la loi soumise au Parlement n'est pas de légaliser l'euthanasie (ce mot ne figure pas dans le texte), mais d'aider les personnes, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause à affronter la mort en évitant l'acharnement thérapeutique et en leur offrant la possibilité de soulager, par des soins palliatifs, des souffrances devenues insupportables. Mais approchons le texte de plus près.

L'arrêt des traitements inutiles
Le premier acquis est le droit de suspendre les actes médicaux devenus disproportionnés ou n'ayant d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie . En effet, commente le cardinal Philippe Barbarin, président du Comité épiscopal pour la santé, leur poursuite n'ouvre aucun chemin de guérison et nuit à la sérénité du malade . Cette pratique répond aussi à la position de l'Eglise depuis Pie XII (1957), et est même constante depuis 1516. Le malade peut aussi refuser les traitements
médicaux ou même les soins qui lui sont proposés et le médecin doit respecter cette décision.

Soulager la souffrance
Un deuxième acquis est le droit aux moyens médicaux qui soulagent une souffrance devenue grave, insupportable, en raison des progrès de la maladie, même si ces moyens peuvent avoir, comme effet secondaire, d'abréger la vie. Le but poursuivi, en effet, est l'aide au malade, le soulagement de sa douleur, l'apaisement de ses angoisses, la présence de personnes qui s'intéressent à lui, l'aiment et le respectent comme personne, non la mort : celle-ci surviendra, tôt ou tard, non par l'effet des seuls médicaments, mais par l'évolution de la maladie.

Les soins palliatifs
Le texte de loi prend résolument en compte les soins dits palliatifs (ils agissent sur les symptômes pour en atténuer la violence, mais n'arrêtent pas le processus de la maladie), car, précise le ministre de la Santé, malgré la loi du 9 juin 1999, il reste beaucoup à faire , quant au nombre d'établissements, la formation des personnes, les services concernés, le budget à inscrire dans les lois des finances.
Les soins palliatifs, explique une proposition commune de l'Eglise anglicane et de la Conférence épiscopale catholique d'Angleterre et du Pays de Galles du 2 septembre 2004, sont nés, de la volonté d'aider les personnes à vivre dans la dignité jusqu'à ce qu'elles meurent . Ce travail a enrichi la vie des malades en phase terminale, mais aussi celle des soignants, des bénévoles, des professionnels de santé, car l'amitié, l'accompagnement, et surtout l'amour sont les clés d'une bonne mort.
Aider à mourir de la sorte, c'est une réponse profondément compatissante et humaine à la réalité de la mort qui nous rattrape tous un jour ou l'autre.
Le texte en discussion tient donc un langage de vie, non un langage de mort. D'ailleurs l'homme peut-il disposer d'une vie qu'il a reçue en don, en choisissant, comme on dit, sa mort ? La mort des proches est un événement exceptionnel, riche en humanité lorsqu'il est animé par l'amour autant pour ceux qui soignent que pour le malade qui se sent aimé. Tel est aussi, nous semble-t-il, l'esprit de la loi sur les
droits des malades et de fin de vie .

Le malade a le droit de choisir
Respecter la vie, accepter la mort est une proposition de loi relative aux droits des malades et à la fin de la vie.
Toute forme de dépénalisation de l'euthanasie en a été résolument écartée...
La proposition de loi cherche à garantir le droit pour tout malade de refuser les traitements médicaux ou même les soins qui lui sont proposés, si telle est bien sa volonté [...]
Le malade doit être mis dans la condition de pouvoir choisir personnellement et de ne pas devoir subir les décisions et les choix des autres (Jean-Paul II).
L'Eglise catholique ne peut que dire son accord avec les objectifs majeurs de cette proposition en sa forme actuelle.

Mgr Jean-Pierre Ricard,
président de la Conférence
des évêques de France,
20 septembre 2004.


 

Updated on 06 Octobre 2016