Soldat du Pape

14 Avril 2006 | par

Je garde un souvenir ému du tempérament jovial et détendu de Jean-Paul II, confie François. La tristesse de sa mort a fait place à la joie de l’élection de Benoît XVI, un homme plus discret avec une capacité de travail étonnante. J’ai veillé le corps de Jean-Paul II et honoré Benoît XVI. Mon service au sein de la Garde a approfondi ma foi et l’a enraciné dans la vie de l’Eglise et du Pape. » François évoque volontiers les joies profondes de ses deux années au Vatican. Il n’en cache pas non plus les difficultés : la solitude, le manque de repos et les contraintes militaires.
« Mes études n’ont pas pris la tournure que j’attendais », explique calmement celui qui fut forcé d’arrêter sa formation de pâtissier à cause d’une allergie à la farine. Et le voilà qui s’engage « motivé par la rencontre d’un ancien garde ». « J’ai effectué mes classes en Suisse comme chauffeur, raconte-t-il. Je ne suis pas un guerrier dans l’âme. Je me souviens très bien de mon arrivée à Rome, le 3 novembre 2003, de l’officier qui nous attendait en complet sombre, de mon enthousiasme et de mon appréhension. »
L’hallebardier Perroset s’engage pour la durée minimum : deux ans. Pendant cette période, il devient citoyen du Vatican, perçoit une solde et loge dans un dortoir qui jouxte les appartements pontificaux. Il débute sa mission par une formation et des postes fixes. « C’est une école de patience, avoue-t-il avec humour. On reste deux heures sans bouger, ni boire, ni parler. Physiquement, c’est douloureux. Il m’est arrivé de prier mais j’étais vite distrait. »
Le 6 mai 2004, il prête serment. Il promet de défendre au prix de sa vie, le Pape et le Palais apostolique. « Nous effectuons des sports de combat, dit-il sans emphase, des exercices de tir et de protection rapprochée, comme toute armée. Mais notre uniforme, l’attachement à la personne du Pape et l’instruction que nous recevons, donnent un caractère particulier à notre mission. »
En uniforme de gala à bandes jaunes et rouges, un morion (casque aux bords relevés) sur la tête et la hallebarde à la main, il rend les honneurs au Pape pendant les cérémonies officielles. En tenue usuelle bleue, il contrôle, jour et nuit, les entrées du Palais apostolique. « Le lendemain de la mort de Jean-Paul II, se rappelle-t-il, un Polonais est venu me voir. Il m’a remercié dans un italien approximatif, de ce que nous avions fait pour le Saint Père. J’ai eu envie de le serrer dans mes bras et de lui dire : “Vas-y, pleure”. 
« Aujourd’hui, je veux partager ce que j’ai vécu en m’engageant dans ma paroisse et dans ma ville. »

Petite armée, grands idéaux
Le 6 mai 2005, aux Gardes suisses qui prêtaient serment pour la première fois sous son pontificat, Benoît XVI déclarait : « Cet esprit de la Garde suisse se nourrit de la glorieuse tradition de presque cinq siècles de la vie d’une petite armée aux grands idéaux. (…) Ces idéaux (…) sont les suivants : solidité dans la foi catholique, manière chrétienne de vivre convaincue et convaincante, fidélité inébranlable et profond amour de l’Eglise et du Vicaire du Christ, conscience et persévérance dans les tâches petites et grandes du service quotidien, courage et humilité, sens des autres et humanité. »

La Garde à Tours
Les 110 hommes de la Garde suisse pontificale se rendront en pèlerinage à Tours, courant juillet 2006, pour se recueillir sur le tombeau de saint Martin, l’un de leurs saints patrons.

 

Updated on 06 Octobre 2016