Tarzan ! Rousseau chez les Waziri

24 Juillet 2009 | par

Un gorille attend le visiteur en haut d’un escalier. Le seuil de l’exposition à peine franchi, le célébrissime cri retentit. Il a jailli pour la première fois en 1932 dans Tarzan, l’homme singe. Ce cri singulier serait né du mixage de plusieurs cris d’animaux et d’un yodel autrichien joué à l’envers et en accéléré. Si Hollywood a magnifié l’organe de Tarzan, il a sérieusement appauvri ses dialogues en s’obstinant à le faire parler comme un gros bébé. Le fameux « Moi Tarzan toi Jane » est absent des romans. Le Tarzan originel né de l’imagination de l’écrivain Edgar Rice Burroughs est même polyglotte mais Johnny Weissmuller a transformé l’homme singe en « matamore de piscine » pour reprendre la formule de Umberto Eco. Cet acteur, douze fois Tarzan, reste pour l’éternité l’icône du roi de la jungle.





Un écolo avant la lettre

Edgar Rice Burroughs, est né en 1895 à Chicago. Il a assisté à l’apparition des gratte-ciel et à l’avènement de la société urbaine. S’il demeure dans sa ville natale, il s’installe dans le fameux Oak Park où les maisons sont intégrées à la nature. Rebelle à la civilisation moderne, il exalte une nature sauvage et primordiale dans une Afrique qu’il n’a jamais visitée et Tarzan est un héros prémonitoire de l’écologie. Il veille à ce que la Terre Mère produise de quoi subsister pour tous. Il protège la couche d’ozone par son refus obstiné de toute technologie et semble peu préoccupé par l’évolution de son pouvoir d’achat. Il est aussi le premier héros blanc à s’opposer au pillage de l’Afrique.

L’exposition, c’est avant tout des planches originales de Burne Hogarth, le dessinateur-phare de Tarzan, et des images des 42 films confrontés avec un nombre important d’objets des collections “Afrique” du musée du Quai Branly.

Jouets, affiches, livres, tableaux illustrent l’engouement dès la fin du XIXe s. pour différents mythes, le bon sauvage, la femme blanche enlevée par un singe (King Kong) ou l’enfant sauvage élevé par une “mère” animale. Burroughs ne revendique aucune filiation avec le Mowgli du Livre de la Jungle de Rudyard Kipling paru en 1894 mais se réfère au mythe de Romulus et Remus. Très sensible aux thèses de Darwin publiées quinze ans avant sa naissance, il évoque dans Le Fils de Tarzan, un ancêtre commun au singe et à l’homme.

L’exposition présente également la jungle mythique, décor aux prouesses de Tarzan. En contrepoint à de nombreuses planches originales, des animaux empaillés prêtés par le musée de la chasse et de la nature ponctuent le parcours. La représentation de ce monde luxuriant a trouvé son plein écho dans une Amérique secouée par la crise de 1929 provisoirement tentée par un retour à la nature. La correspondance avec notre actualité est évidente.

Dans chacune des 9 sections, un panneau s’adresse aux Tarzan en herbe mais on aurait aimé une réflexion plus approfondie sur notre propre relation à la nature en la confrontant justement à tous les mythes évoqués ici et sur lesquels s’appuient toujours la publicité comme l’esquisse l’ultime section de cette exposition passionnante.



INFOS

Musée du quai Branly, jusqu’au 27 septembre.

37, quai Branly.

Tél. : +33-(0)1-56 61 71 72

Site Internet :
www.quaibranly.fr



AUTRES EXPOSITIONS

Peuple et nature à La Gacilly

En quelques années, ce festival de photos est devenu un incontournable. Parmi les treize expositions proposées, l’Afrique de George Rodger. Membre fondateur de la prestigieuse agence Magnum, il a photographié les tribus africaines dans les années 1950. A noter aussi Le peuple des abeilles d’Eric Tourneret ou encore l’exposition Regards croisés sur le désert pour marquer les trente ans du magazine Géo. Toutes ces expositions sont accrochées en plein air et libres d’accès.

La Gacilly (56) jusqu’au 30 septembre



La Description de l’Egypte

Il y a deux cent ans, paraissait  le recueil des travaux des quelque 160 civils emmenés par Bonaparte, membres de la Commission des sciences et des arts et de l’Institut d’Egypte. Chargés de dresser un état des lieux du pays, ils ont ramené cartes, dessins, aquarelles et objets dont l’ensemble constitue un témoignage exceptionnel. Quelques-unes des 967 plaques de cuivre gravées de La Description de l’Egypte conservées au Louvre et bon nombre de gravures sont exposées.

Musée de l’Armée, église du Dôme,

jusqu’au 21 septembre. 129, rue de Grenelle, Paris 7e.

Tél. : +33-(0)8-10 11 33 09

Updated on 06 Octobre 2016