Tempêtes et naufrages

À travers une sélection d’une soixantaine d’œuvres, l’exposition embarque le visiteur au sein d’une tumultueuse traversée des mers déchaînées.
24 Janvier 2021 | par

Les voyages et le commerce maritime se développent au XVIIIe siècle avec, parfois, des drames qui provoquent un mélange de peur et de fascination. Les artistes tentent de retranscrire cette sensation. Coups de vent, nuages menaçants, vagues se brisant sur des récifs et navires en perdition sont des éléments de décor pour les peintres du XVIIIe siècle. Ils s’inspirent des récits bibliques pour représenter l’impuissance de l’homme face à la violence de la nature. Les compositions de Paul Rubens, de Jean-Jacques Monanteuil ou de John Martin sont de véritables mises en scène dramatiques de la colère et du châtiment divin qui invitent à la méditation sur la fragilité humaine. Avec Joseph Vernet, peintre de la Marine de Louis XV, les scènes de tempêtes deviennent un genre à part entière. Il peint et repeint un naufrage idéal selon une mise en scène théâtrale appuyée sur une gestuelle outrée et une atmosphère apocalyptique. Ses œuvres annoncent le goût du sublime, selon la définition de Kant, et l’esthétique romantique des premières décennies du XIXe siècle.

La vision romantique
Fasciné par la démesure de la tempête, William Turner peint son premier naufrage en 1805. Il fait des dimensions dramatiques de l’océan une de ses principales recherches. Théodore Gudin et Paul Huet excellent à représenter de terribles tempêtes maritimes dénuées de présence humaine. Théodore Géricault, Eugène Isabey ou Louis Garneray s’inspirent de faits divers à sensation pour leurs scènes de naufrages contemporains dans lesquelles les navires fracassés et les rescapés désorientés participent de cette dramaturgie romantique de la catastrophe. Eugène Isabey et Pierre-Émile Berthélémy rappellent que la tempête est source de profits pour certaines populations du littoral, contrebandiers ou naufrageurs. Les tableaux de Johan Barthold Jongking et Eugène Boudin annoncent les Impressionnistes par leurs couleurs et la lumière. Puis vient Gustave Courbet qui rompt avec l’imagerie romantique et donne une vision puissante et inquiétante de la mer orageuse, traduisant la sauvagerie et l’archaïsme des forces naturelles.

Art et littérature
Les peintres romantiques de la fin du XVIIIe siècle s’inspirent de célèbres récits littéraires de tempêtes et de naufrages. Une sélection de textes littéraires lus par Guillaume Gallienne ainsi que des œuvres musicales romantiques sont proposés au visiteur dans des espaces dédiés. La dernière partie de l’exposition est consacrée aux épaves et naufragés. Voilà les bateaux déchirés échoués sur le sable d’Eugène Isabey, le corps inanimé d’un naufragé rejeté par les flots par François Nicolas Feyen-Perrin ou encore la femme noyée d’Horace Vernet.
Alors que la tempête romantique jette ses derniers feux, apparaît le sujet de la veuve éplorée et de l’orphelin. Dans les tableaux d’Ary Scheffer et d’Évariste Luminais, la tragédie humaine des disparitions en mer et l’expression exacerbée du sentiment de perte l’emportent sur les tourments de la nature.

Updated on 24 Janvier 2021
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