Trésors franciscains des grands musées de Province

19 Décembre 2003 | par

Sainte Claire se reconnaît à sa monstrance comme saint Pierre à ses clefs et saint Roch à son chien.
La monstrance, ancêtre de l'ostensoir, rappelle le plus célèbre miracle opéré par la fondatrice des Clarisses. En 1240, Les Sarrasins assiègent Assise ; après avoir escaladé les murailles de Saint-Damien, ils occupent le cloître. Claire se prosterne alors devant la pyxide d'argent revêtue d'ivoire où se trouve pieusement conservé le très saint Corps du Christ (Thomas de Celano). Aussitôt, pris de panique, les envahisseurs prennent la fuite.
Si la monstrance fonctionne aujourd'hui comme un signe de reconnaissance (un peu comme un logo ), d'autres épisodes de la vie de sainte Claire ont heureusement retenu l'attention des artistes. Sa rocambolesque prise d'habit, en pleine nuit, ne pouvait qu'exciter leur imagination.
Les faits nous sont connus grâce à Thomas de Celano et aux témoins du procès de canonisation : En 1212, Claire est âgée de 18 ans ; d'une grande maturité d'esprit , la jeune fille a décidé de suivre les traces de François, dans son aventure évangélique. Le jour des Rameaux, elle a revêtu des vêtements de fête et se mêle à la foule des dames d'Assise. À la cathédrale, tous les assistants se ruent pour recevoir les rameaux bénits, mais Claire, par discrète réserve, reste à sa place. C'est alors que l'évêque descend les marches du sanctuaire, s'approche d'elle et lui remet la palme entre les mains (Un tableau du musée de Nantes représente la scène). Ce geste la confirme dans son dessein. La nuit suivante, laissant derrière elle sa maison, sa famille, sa cité, elle se rend en hâte à Sainte-Marie de la Portioncule. Elle y est accueillie à la lueur des flambeaux par les frères qui veillent en prière autour de l'autel (Celano). Dans la nuit, François remet à Claire l'habit de pénitence et lui coupe les cheveux. Saint François la tondit devant l'autel , témoignera plus tard Béatrice, sœur selon la chair de Claire et elle-même clarisse à Saint-Damien. L'événement a donné lieu à de nombreuses représentations, dont l'une a été exécutée vers 1620 par un peintre capucin, Fra Simplice da Verona, et se trouve aujourd'hui au musée de Grenoble.
Aussitôt après avoir taillé dans sa chevelure, François impose le voile à Claire - et c'est l'instant qu'a choisi de figurer Jacopo da Empoli pour le tableau aujourd'hui à Caen. Bien évidemment, la Portioncule ne ressemble en rien à cette église florentine dans laquelle le peintre a situé la scène, mais cette architecture donne toute sa monumentalité au tableau. À gauche et au premier plan, un très beau groupe de trois jeunes filles représente les amies de Claire (sans doute absentes de l'événement réel), mais aussi toutes celles qui, par la suite, se poseront la question de la vie contemplative. Au centre, une échappée met en évidence François remettant le voile à la sainte, tandis qu'à droite, un peu en retrait, un jeune franciscain est témoin de la scène. Le tableau de Caen, daté des années 1620 et resté longtemps anonyme, a été attribué par Alain Tapié à Jacopo da Empoli (Florence, 1554-1640), peintre toscan dont l'atelier a été fréquenté par la jeune Marie de Médicis, future reine de France.
Des chefs-d'œuvre franciscains de cette envergure, les musées de province en regorgent ! (voir notre encadré ) Pour ne pas oublier que l'année marquant le 750e anniversaire de la mort de sainte Claire ne s'achève qu'en août prochain, un véritable tour de France s'impose !

Musée des Beaux-Arts, Le Château, 14000 Caen. www.ville-caen.fr/mba Tél. : +33-(0)2-31 30 47 70.

Tour de France express des trésors franciscains des musées de Province

Lille : Antoine de Padoue, le miracle de la mule, Antoine Van Dijck
Arras : Saint François recevant les stigmates, Pierre-Paul Rubens.
Douai, musée de la Chartreuse : Saint François réconforté par un ange musicien, Le Cavalier d'Arpin (Arpino, 1568- Rome, 1640).
Dijon : La Vierge présentant l'enfant Jésus à Saint François d'Assise, Pierre-Paul Rubens.
Strasbourg : Glorifications de saint Bernardin de Sienne et de saint Antoine de Padoue, Donato Creti (Crémone 1671-Bologne 1749).
Lyon : Saint Dominique et saint François protégeant le monde contre la colère du Christ, Pierre-Paul Rubens.
Grenoble : Saint François coupant les cheveux à sainte Claire, Fra Semplice da Verona (Vérone, vers 1589- 1654).
Le Puy, musée Crozatier : les Martyrs franciscains du Maroc, Guy François.
Aix-en-Provence, musée Granet : Le couvent Saint-Bonaventure au travers d'une arche du Colisée, François-Marius Granet.
Bayonne, musée Bonnat : San Salvador de Horta et l'inquisiteur d'Aragon, Murillo.
Nantes, Saint François recevant les stigmates, Sano di Pietro.
Orléans, Saint François refusant l'honneur de la prêtrise, Frère Luc.
Le Mans, musée Tessé, Saint François en extase, entourage de Georges de La Tour.
Rouen : La Mort de saint François, Jean-Baptiste Jouvenet.

 

 

Updated on 06 Octobre 2016