Une année pour les prêtres

22 Septembre 2009 | par

A peine a-t-il conclu l’année consacrée à saint Paul que le Pape a ouvert le 19 juin l’année sacerdotale. Elle s’achèvera le 19 juin 2010 par un rassemblement à Rome auquel le Saint Père a invité tous les prêtres du monde. Fil rouge de cette année que Benoît XVI envisage comme une année de « renouveau spirituel », le Saint Curé d’Ars, Jean-Marie Vianney, dont on a fêté le 4 août le 150e anniversaire de sa mort.

Cette année doit mettre en lumière l’importance du rôle et de la mission du prêtre dans l’Eglise et dans la société contemporaine. Si le nombre de prêtres augmente dans le monde (ils sont passés de 405 178 en 2000, à 408 024 en 2007 selon l’annuaire pontifical, édition 2009), dans le même temps en Europe, il continue de diminuer (– 6,8%).



Appel à la sainteté

Aussi lors de l’audience générale du 24 juin à Rome, Benoît XVI a expliqué le but de cette année sacerdotale : « favoriser la tension de chaque prêtre vers “la perfection spirituelle de laquelle dépend en particulier l’efficacité de son ministère” et aider avant tout les prêtres, et avec eux tout le peuple de Dieu, à redécouvrir et à raviver la conscience de l’extraordinaire et indispensable don de grâce que le ministère ordonné représente pour celui qui l’a reçu, pour l’Eglise entière et pour le monde. » Autrement dit, il leur demande d’« être des guides solides et éclairés pour les fidèles ».

« Cette année sacerdotale souligne l’intuition de Benoît XVI : pour relancer l’évangélisation au début de ce millénaire, il demande aux prêtres de rayonner, d’être visible », raconte, pour sa part, le P. Jean-Philippe Nault, recteur du sanctuaire d’Ars.

Pour cela, Benoît XVI propose aux prêtres de réfléchir au thème suivant « Fidélité du Christ, fidélité du prêtre ».

Et leur cite comme exemple le Saint Curé d’Ars. Pour le P. Jean-Philippe Nault, ce n’est pas anodin que le Pape ait choisi le Saint Curé d’Ars. « Dans l’histoire de l’Eglise, il existe de nombreuses figures sacerdotales,

mais avec le curé d’Ars, Benoît XVI propose un exemple très accessible pour les prêtres.

Saint Jean-Marie Vianney était en effet quelqu’un de très humble, de pauvre. Il n’était pas écrasant par sa science. Au fond, il n’a rien fait d’exceptionnel, mais il a admirablement servi son ministère. » Il peut même être considéré comme le “grand frère” de tous les prêtres du monde.

De fait, durant toute sa vie, le P. Jean-Marie Vianney s’est senti investi de sa mission, celle d’aller à la rencontre de toutes les personnes habitant dans sa paroisse pour leur annoncer l’Evangile et les conduire vers Dieu. Ressentant la lourde responsabilité de cette mission, il doutait souvent de ses capacités. Mais durant ses 41 années passées à Ars, il fit de ce petit village de l’Ain, un lieu de pèlerinage connu partout en France et même au-delà.



La “méthode” du saint Curé d’Ars

Sa méthode pastorale ? « Il amenait les gens devant Dieu, explique le P. Jean-Philippe Nault. Il procédait en “trois temps”. Il leur faisait d’abord prendre conscience de la présence de Dieu : dans le tabernacle, lors de l’adoration eucharistique, lors de processions… Il suscitait ensuite la rencontre entre Dieu présent et les fidèles. Pour cela, il insistait sur le sacrement de pénitence, le catéchisme, la visite aux malades. Enfin, les fidèles passaient à “l’amitié” avec Dieu, dans la prière ». Selon le Saint Curé, le prêtre donnait Dieu aux hommes et les hommes à Dieu. Ce qui lui a fait dire : « Après Dieu, le prêtre c’est tout . »

Assidu au confessionnal, adorateur fervent de l’Eucharistie, homme priant, pauvre et charitable, les contemporains de saint Jean-Marie Vianney ont été aussi marqués par ses actes que par ses paroles. Le Pape demande ainsi « que les prêtres, dans leur vie et leur action, se distinguent par la force de leur témoignage évangélique ». Car comme il l’a affirmé lors de l’audience générale à Rome le 24 juin, « le prêtre est le serviteur du Christ, au sens que son existence, configurée à Lui de manière ontologique, assume un caractère essentiellement relationnel : il est en Christ, pour le Christ et avec le Christ au service des hommes. »



Charge sacerdotale

Le Pape n’oublie pas toutefois la charge de la mission pastorale. Même si les circonstances historiques sont différentes de celles qu’a connues le Saint Curé d’Ars au XIXe siècle, les prêtres aujourd’hui doivent faire face à « d’innombrables situations de souffrance » a-t-il noté dans sa lettre d’indiction datée du 16 juin.

« Comme Jean-Marie Vianney, les prêtres évoluent aujourd’hui dans un monde qui en grande majorité ne connaît pas Dieu, un monde marqué par le relativisme objectif », remarque le P. Jean-Philippe Nault. Dans nos sociétés, ils sont également de moins en moins nombreux, et depuis l’application des décrets de Vatican II, ils “gèrent” leur paroisse avec les laïcs. Des relations qui sont parfois source de tensions.

Si cette année s’adresse en priorité aux prêtres du monde entier, elle concerne plus généralement tous les croyants. Ceux-ci sont tout d’abord appelés à prier pour la grâce des prêtres et pour les vocations. Dans son homélie du 4 août en la basilique d’Ars, le cardinal Claudio Hummes, préfet de la Congrégation pour le clergé, a également exhorté les fidèles venus l’écouter : « Frères et sœurs, je vous invite à faire de vos familles de vraies églises domestiques, des foyers ardents de foi et d’amour, où on prie ensemble. N’ayez pas peur que le Seigneur choisisse un de vos fils pour en faire un prêtre. Osez même demander au Seigneur la grâce d’une vocation sacerdotale dans votre famille. […] C’est une vraie grâce pour une famille de donner un prêtre à l’Eglise. »





Mission indispensable


« Comment oublier que nous, prêtres, sommes consacrés pour servir, humblement et avec autorité, le sacerdoce commun des fidèles? Notre mission est une mission indispensable pour l’Eglise et pour le monde, qui demande une pleine fidélité au Christ et une union incessante avec Lui; c’est-à-dire que le fait de demeurer dans son amour exige que nous tendions constamment à la sainteté comme l’a fait saint Jean-Marie Vianney. […] C’est pourquoi, « à l’exemple du Saint Curé d’Ars, - ainsi ai-je conclu ma Lettre - laissez-vous conquérir par Lui et vous serez vous aussi, dans le monde d’aujourd’hui, des messagers d’espérance, de réconciliation et de paix ! »


Homélie de Benoît XVI, lors de l’ouverture de l’année sacerdotale le 19 juin 2009 .

 

Updated on 06 Octobre 2016