Une crèche pour la paix

01 Janvier 1900 | par

Qui n’a, présente à l’esprit, l’image de saint Antoine portant l’Enfant Jésus dans ses bras ? Cette représentation désormais classique se rattache à l’épisode de l’apparition de l’Enfant Jésus, racontée par ses biographes ; elle exprime surtout, par un symbolisme touchant et profondément humain, l’amour de saint Antoine pour l’humanité du Christ, elle-même expression d’amour, de lumière et de salut pour tout homme.
Ainsi, le Fils de Dieu unit en lui-même la divinité à l’humanité et guéri ainsi le genre humain aveuglé par le mal. De même, l’humanité du Christ est-elle une invitation à se faire pauvre, humble et serviteur, comme Jésus (voir encadré).
La tradition de la crèche
Motif éminemment franciscain – saint François célébrant Noël à Greccio a rendu la crèche populaire –, la représentation de la Naissance du Christ a été de tous temps solennisé à la basilique : messes de minuit, procession et vénération de l’Enfant Jésus à dans la chapelle du bienheureux Luc Belludi, à l’intérieur de la Basilique, composition de personnages dans la voisine chapelle Saint-Georges, enfin, depuis une trentaine d’années, des représentations scéniques animées et originales, véritables œuvres d’art admirées par les pèlerins de tous horizons.
« J’ai commencé à réaliser des crèches animées il a plus de trente ans, raconte le fr. Claudio Gottardello, longtemps custode de la Basilique. L’idée m’avait été suggérée par un confrère de Bologne, un vrai magicien de l’animation de personnages qui avait monté des crèches dans plusieurs églises franciscaines de l’Emilie-Romagne, parmi lesquelles Saint-François de Ravenne et Saint-François de Bologne. » D’abord installées dans la chapelle du Sacré-Cœur (aujourd’hui Sainte-Claire), la crèche a trouvé sa place définitive dans le grand cloître dit du Magnolia.
Mais tentons de percer le secret de ces chefs-d’œuvre : dans un atelier mystérieux, véritable ruche, huit jeunes gens s’affairent autour de panneaux de polystyrène, de murs de contre-plaqué, de tas de jute, de sacs de plâtre, de kilomètres de fil électrique, de consoles d’ordinateurs... Ils créent, chaque année, de nouveaux décors autour de lieux franciscains et antoniens, comme San Damiano, Assise, Camposampiero, Lisbonne, ou d’événements qui ont marqué l’année qui s’achève : VIIIe centenaire de la naissance de saint François (1981), rencontre interreligieuse d’Assise (1986), centenaire de sainte Claire (1993), VIIIe centenaire de la naissance de saint Antoine (1995), hauts lieux de spiritualité, Jubilé de l’an 2000... « Pour l’année jubilaire, précise le frère Claude, nous avons voulu transmettre aux visiteurs la joie du salut apporté par Jésus Christ, et susciter l’émerveillement qui nous fait redevenir enfants et retrouver les valeurs que nous avons perdues sur le chemin de l’âge adulte. » En 2001, depuis les événements du 11 septembre, un sujet s’impose que nous étions loin d’imaginer, il y a seulement quelques mois, aussi actuel et aussi urgent : la paix.
En même temps que des thèmes, ces crèches ont bénéficié de l’évolution des techniques : autrefois manuelles, aujourd’hui elles sont entièrement guidées par des ordinateurs et des informaticiens de plus en plus performants, tels les frères Titien et Ennio Pertile. Des jeunes artistes, pour 50%, autodidactes ; et pour les autres 50 %, curieux de capter chez d’autres constructeurs de crèches animées, des secrets jalousement gardés...
Et puis, des heures et des heures de travail, pendant deux mois, depuis la fermeture de la Basilique jusqu’à la nuit profonde. Un travail passionnant, assidu, qui a créé entre tous les acteurs une amitié profonde et leur donne, chaque année d’immenses satisfactions. « C’est beau, assurent Titien et Ennio, de voir deux cents mille personnes admiratives et émues devant un travail entièrement sorti de nos mains. Ils viennent de toutes les villes d’Italie ; des groupes entiers viennent d’Autriche, de France, d’Allemagne, des Pays de l’Est. Certains partent emportant nos idées.
- Mais notre plus grande joie, ajoute frère Claude, c’est de voir les pèlerins éprouver les sentiments et les émotions que nous avons voulu leur transmettre : merveille devant la Nativité, rencontre de gens de toutes conditions devant le Sauveur du monde, grande espérance pour tous les hommes. »
Il y a aussi le moment, triste, où il faudra tout démonter. Une tristesse de brève durée, car dans quelques mois tout recommencera.

 Jésus Lumière du monde

« En ce jour, la Sagesse de Dieu, née de la Vierge Marie, a-t-elle chassé toutes ténèbres du cœur humain. C’est pourquoi, nous chantons au début de la messe : Aujourd’hui, sur nous, la lumière va resplendir, car le Seigneur nous est né... »

Le Fils de Dieu s’est fait pour nous humilié, pauvre et pèlerin

« Dans ta vérité, dit le psaume, tu m’as humilié. Oui, Père, tu m’as humilié dans ta Vérité - dans ton Fils qui est La Vérité -, humilié, pauvre et pèlerin : humilié dans le sein de la Vierge ; pauvre dans la crèche des animaux ; pèlerin sur le gibet de la croix... Tout orgueil humain doit tomber en présence de cette humanité, de cette divinité penchée dans le sein d’une mère... »                                               Saint Antoine

Updated on 06 Octobre 2016