Vie étudiante et vie de foi : l’âge de la maturation

28 Juillet 2014 | par

Environnement, relations, rythme de vie… Le temps des études est aussi celui des changements en tout genre. Autant de défis à relever, dans la vie sociale et scolaire des jeunes, mais aussi dans leur vie spirituelle. S’ils savent trouver les appuis dont ils ont besoin, cette période ne peut qu’être l’occasion d’un enracinement de la foi.



Ça y est, le grand saut est fait. Comme des milliers d’autres en ce mois de septembre, celui qui n’était encore avant l’été qu’un lycéen, vivant au rythme de ses parents et frères et sœurs, vient de poser son baluchon dans un nouvel appartement, dans la chambre d’un campus ou encore dans un foyer d’étudiants. Éloigné des siens, il va découvrir la souplesse de la fac, la nouveauté des études spécialisées, ou l’exigence soutenue de la prépa, et se tisser une nouvelle vie sociale, entre amitiés fortes, et fins de semaines festives. Nouvelles relations, nouvel environnement, nouveau rythme de vie, mais aussi des changements fréquents, remarque sœur Nathalie Becquart, religieuse xavière et directrice du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations1 : « L’un des aspects les plus frappants de la vie étudiante aujourd’hui est la mobilité, voire une certaine instabilité. Elle comporte de plus en plus de périodes de transition, entre séjours à l’étranger, stages, ou bien études en alternance. »

Comment la vie spirituelle des étudiants se fraie-t-elle un chemin dans un tel contexte ? « Dans la mesure où la foi est liée à la vie, tout changement de vie a des répercussions sur la vie de foi, répond sœur Nathalie Becquart. La période des études est une mise à l’épreuve en même temps qu’une formidable occasion de mûrissement, répondent Clément et Clémence Nicot. Ce jeune couple marié est responsable, avec un prêtre aumônier, du foyer Saint-Ambroise, qui accueille neuf jeunes garçons dans le XIIIe arrondissement de Paris : « Le plus souvent, estiment-ils, les jeunes se sont déjà approprié la foi de leurs parents au lycée, mais leur foi choisie est assez « neuve », elle est à consolider. Ils font alors l’expérience concrète de la liberté dans la foi, ce qui est fondateur, et de la responsabilité que cela entraîne (par l’action, l’engagement ou par la transmission). D’autres découvrent le Christ dans cette période de vie, ils ont soif d’apprendre car ils sont tout “neufs”. Ils bousculent beaucoup ceux qui ont grandi dans un univers chrétien car ils ont un positionnement tout autre. »

Pour les jeunes qui ont grandi dans un environnement chrétien, le passage à la vie étudiante leur fait aussi ressentir le besoin de trouver ailleurs ces repères qu’ils n’ont plus à la maison. De fait, ils ne sont qu’1 % des jeunes de leur génération à se rendre à la messe le dimanche, une statistique qui les relègue à un statut très minoritaire. Et les sollicitations nombreuses ont de quoi donner le tournis des jeunes qui font l’apprentissage de leur autonomie toute nouvelle : en débarquant dans le monde étudiant, les jeunes se retrouvent aux prises avec « 1001 tentations futiles et tout autant qui ne le sont pas. Le défi est alors de faire des choix et de hiérarchiser les priorités », estiment les Nicot, qui soulèvent aussi la question de la gestion autonome du temps : « Trop d’étudiants se justifient en disant “Je n’ai pas le temps d’aller à la messe”, alors qu’ils ont simplement trop fait la fête le samedi et oublié le dimanche soir ! »

Le besoin de repères est d’autant plus fort qu’ils sont à l’âge des tournants et des choix de vie fondamentaux : « Ce besoin se ressent très fortement à travers les nombreuses demandes d’accompagnement personnel », remarque sœur Nathalie Becquart. Dans un contexte de crise, de nombreux jeunes sont angoissés par leur avenir, et subissent souvent une certaine pression sociale, voire familiale. « Les accompagnateurs auront alors à cœur de les encourager à oser poser des choix personnels, sous le regard du Christ ». Pour accompagner les jeunes dans leur vie de foi, et parce que les 18-30 ans ont besoin de se retrouver dans des lieux d’appartenance forts, le service national des jeunes, ainsi que les différentes aumôneries et autres réseaux d’étudiants catholiques, ont à cœur de proposer des événements forts, y compris régulièrement à l’échelle nationale. Selon les endroits, de nombreuses propositions ont fleuri : dans le diocèse de Paris, la formation « choisir sa vie » propose un temps de pause et de bilan guidé, solide et bienvenu. Les écoles de vie, ou autres séjours communautaires d’un an, comme le Centre Missionnaire de la Vie de Trie-Château2, ou les années proposées par de nombreuses communautés nouvelles, sont aussi des lieux d’approfondissement de sa vocation à la lumière de la foi. Enfin, les foyers ou colocations chrétiennes d’étudiants, montées par des diocèses, paroisses ou communautés, ou entre amis désireux de vivre ensemble leur foi, se développent beaucoup. Une bonne alternative à la solitude et à une éventuelle dispersion de la vie de prière dans le tourbillon de la vie étudiante.

Autre particularité de cet âge, la nécessité d’inscrire sa vie spirituelle dans une intelligence de la foi, d’étayer la foi avec des arguments rationnels : aux yeux de la religieuse xavière, « il s’agit d’un enjeu très fort à cette période où l’on apprend beaucoup, et où celle-ci est interrogée par les nouveaux savoirs que l’on acquiert ». Qui plus est dans un environnement où l’on est fréquemment amené à en rendre compte. Le succès des groupes Even, d’abord fondés par un prêtre parisien avant de s’étendre comme une traînée de poudre dans la France entière, manifeste cette soif des étudiants d’inscrire leur foi dans un raisonnement.

Une formation qui doit trouver un aboutissement naturel dans l’engagement de ces jeunes dans le monde, le meilleur antidote à la peur de l’avenir, estime sœur Nathalie Becquart : « En tant que chrétiens, nous avons aussi à construire le monde. Il est important de ne pas perdre confiance et de devenir acteurs de la société ». 

 

1Auteur de L’évangélisation des jeunes, un défi, Salvator, 14,50 €

2www.centremissionnairedelavie.fr

Environnement, relations, rythme de vie… Le temps des études est aussi celui des changements en tout genre. Autant de défis à relever, dans la vie sociale et scolaire des jeunes, mais aussi dans leur vie spirituelle. S’ils savent trouver les appuis dont ils ont besoin, cette période ne peut qu’être l’occasion d’un enracinement de la foi.

 

 

Updated on 06 Octobre 2016