Les 150 ans de la Confédération canadienne

29 Juillet 2017 | par

Pour les Canadiens, l’année 1867 n’est pas seulement l’année où leur équipe a remporté le championnat mondial d’aviron à Paris. C’est avant tout la date de naissance d’un nouveau pays indépendant, le Canada, ou plus précisément la Confédération canadienne. Au point qu’on a pris l’habitude de diviser l’histoire du pays en deux périodes : la préconfédération, puis la postconfédération qui s’étend jusqu’à nos jours.

En 1867, le Canada ne compte que 3,4 millions d’habitants (dont 1,1 au Québec) et vient de traverser trois siècles d’une histoire mouvementée. Si l’on excepte les Vikings au Xe siècle et les pêcheurs basques qui avaient poussé jusqu’à Terre-Neuve au XVe siècle, l’exploration puis la colonisation ne commencent qu’au début du XVIe siècle. Verrazano donne le nom de Nouvelle-France à la région qu’il découvre en 1524, puis en 1534 Jacques Cartier découvre le Québec et donne son nom au fleuve Saint-Laurent. Bien entendu, comme on a trop souvent tendance à le faire, il ne faut pas oublier que depuis plus de 25 000 ans, des peuples amérindiens occupaient ce continent. Le nom Canada, employé dès le début de la colonisation, signifie « village » dans une de leurs langues (iroquois ou wendat).

Les premiers établissements datent du début du XVIIe siècle. Québec est fondé en 1608. Au cours du XVIIIe siècle, les Français, alliés aux Hurons et aux Algonquins, les Anglais, alliés aux Iroquois, et les Hollandais vont entrer en compétition pour les bases navales, la pêche et le commerce des fourrures, au cours de quatre « guerres inter-coloniales » qui se terminent par le traité de Paris en 1763, et l’abandon par la France de sa colonie d’Amérique du Nord aux Anglais, préférant conserver les Antilles. Abandonné par les riches et les nobles qui émigrent aux Antilles, il ne reste que le clergé catholique pour défendre les intérêts du peuple canadien (l’appellation désignant alors les seuls Canadiens français).

L’opiniâtre résistance des Canadiens français
Leur histoire, de 1763 au début du XXe siècle, peut se résumer en une lutte opiniâtre pour conserver leur langue, leur religion et leurs traditions, en profitant du régime parlementaire octroyé par l’Angleterre pour obtenir l’égalité des droits avec les colons britanniques. D’abord oppressive, l’Angleterre comprit l’intérêt à mieux traiter ces francophones pour obtenir leur dévouement contre les treize colonies américaines qui commencent à se soulever pour fonder les États-Unis. Aussi, par l’Acte de Québec, en 1774, ils obtiennent le rétablissement des lois civiles françaises et l’instauration du régime parlementaire. Le Canada est alors divisé en deux provinces : le Haut-Canada (l’Ontario) et le Bas-Canada (le Québec). Mais les anglophones restreignent peu à peu les libertés linguistiques, politiques et religieuses du Bas-Canada francophone.

En 1837 et 1838, il y eut des soulèvements initiés par Louis-Joseph Papineau, qui conduisirent à la promulgation de l’Acte d’Union de 1840 qui regroupe les provinces sous le nom de Canada uni. La capitale alterne entre Québec et Toronto tous les quatre ans, pour finir par se fixer à Ottawa en 1856, située sur la frontière des deux Canadas.

Le Royaume-Uni commence en même temps à se désintéresser de sa colonie nord-américaine à cause de la charge financière des dépenses de défense et des coûts de construction d’un chemin de fer transcontinental, d’autant plus qu’au cours de la Guerre de Sécession (1861-1865), le Royaume-Uni avait pris fait et cause pour les États du Sud et préfère donc se retirer du continent américain pour éviter des rétorsions des États-Unis.

Naissance d’une nation
Entretemps, la population française avait accru, grâce à la « revanche des berceaux » encouragée par l’Église et l’apport d’immigrés irlandais catholiques. Il devenait impossible de la dissoudre dans la communauté anglophone. Vers 1850, un mouvement fédéraliste commence à se faire entendre et obtient que la question soit discutée au cours de nombreuses conférences à partir de 1864, qui aboutissent à la signature par la reine Victoria en mai 1867 de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique – voté en mars par le Parlement anglais – et qui entre en vigueur le 1er juillet 1867. Les villes sont décorées, mais avec modération, célébrant la naissance du nouveau pays. Juridiquement, le Canada devient un « dominion » du Commonwealth britannique, et regroupe à l’époque quatre provinces : Ontario, Québec, Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick. Le monarque britannique reste chef de l’État et, à l’origine, les affaires étrangères continuent à être gérées par le Royaume-Uni. Le nom retenu pour le nouveau pays fut celui de Canada, mais il y eut de nombreuses propositions : Ursalia (pays des ours), Borealia (du latin borealis, septentrional) ou Tupona (sigle de The United Provinces Of North America).

Le Canada va graduellement gagner plus d’indépendance jusqu’à la loi constitutionnelle de 1982 qui coupe définitivement le cordon, en obtenant sa pleine compétence pour modifier sa constitution, jusqu’alors prérogative du Parlement anglais. Mais le véritable évènement fondateur du sentiment national canadien, sera l’offensive de Vimy (entre Arras et Lens), en avril 1917, au cours de la Première Guerre mondiale, qui allait réunir pour la première fois, des combattants de toutes les provinces canadiennes contre un ennemi commun.  n

Updated on 29 Juillet 2017
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