Une année Luc

Après avoir parcouru l’évangile de Marc durant l’année écoulée, voici qu’avec le temps de l’Avent débuté le 28 novembre dernier, l’Église nous propose d’explorer le troisième évangile pour la nouvelle année liturgique 2021-2022.
12 Décembre 2021 | par

C’est l’occasion peut-être de le lire en entier, d’une traite, pourquoi pas lors d’un des dimanches de l’Avent, en famille. Souvent en effet, comme le pratique du reste la liturgie, nous nous « contentons » d’un petit passage coupé du reste de son contexte, et nous risquons de perdre de vue l’ensemble.
La figure lucanienne est particulièrement rayonnante et devrait combler nos désirs. Comme Matthieu, Luc propose un évangile de l’enfance (1-2), le plus développé des évangiles, et met en parallèle la trajectoire de Jean-Baptiste avec celle de son divin cousin Jésus.
La mère du Christ occupe une place particulière dans le troisième évangile, dès la nativité à la crèche (2, 1-21), comme du reste les femmes en général.
On pourrait taxer le texte lucanien de « féminin », voire de « féministe », dans le plus noble sens du terme. C’est lui qui parle de la femme dont l’amour est si grand envers le Fils de l’homme qu’elle baigne et essuie les pieds de ce dernier de ses cheveux et qu’elle se voit ainsi libérée de ses nombreux péchés grâce à l’abondance de sa tendresse (7, 36-50). Au début du même chapitre, Jésus rend à sa mère un fils unique qu’il arrache à la mort, par compassion (7, 11-17).

Évangile de la miséricorde
De plus, le troisième synoptique mérite le qualificatif d’« évangile de la miséricorde », avec notamment les paraboles du chapitre 15, celle de la brebis et de la pièce retrouvées et celle du père prodigue. La joie s’y manifeste à satiété, jusque dans le ciel qui se réjouit davantage pour un seul pécheur pardonné que pour 99 justes.
À la compassion se joint également la prière, avec un chapitre entier qui lui est dédié (11), où après le cadeau du Notre Père, Jésus illustre la puissance de l’intercession et de la supplication (« qui demande reçoit ») par la parabole de l’ami qui se laisse fléchir et celle du juge inique et de la veuve qui finalement obtient justice (18, 1-8).
Chez Luc, c’est l’Esprit qui est promis à ceux qui se tournent avec persévérance vers le Père céleste pour lui demander les biens les plus précieux, selon sa volonté.
Seul Luc place d’ailleurs les deux figures féminines de Marthe et Marie en parallèle, lors de leur accueil du Maître, en mettant l’accent sur la « bonne part » retenue par Marie, celle de l’écoute de la Parole de Jésus à ses pieds, dans l’obéissance du cœur.
En outre, le troisième évangéliste accorde une place de choix aux étrangers, en valorisant leur grand cœur et en soulignant ainsi la destination universelle de la Bonne Nouvelle, tels le bon Samaritain qui, contrairement au prêtre et au lévite juifs, se montre le prochain du blessé au bord de la route (10, 38-42), ou le lépreux samaritain qui, seul parmi les dix malades guéris, revient se jeter dans l’action de grâce aux pieds de Jésus (17, 11-19).
C’est enfin dans Luc que Jésus rend l’Esprit au Père (23, 46), après avoir promis au bon larron de le prendre « le jour même au paradis » (23, 43). Car le troisième évangile est également celui de l’Esprit Saint. Cet Esprit qui prend Marie sous son ombre, relève le Fils d’entre les morts, parle aux disciples d’Emmaüs par la bouche du Ressuscité qui leur explique l’Écriture en chemin (24, 13-35) et sera donné aux Douze puis à la multitude dès le début du second livre, attribué à Luc, les Actes des Apôtres (2, 1-40).
Que de bonnes raisons de se plonger dans la dynamique lucanienne et de se laisser habiller le cœur par la Bonne Nouvelle joyeuse qu’elle déploie !

Updated on 12 Décembre 2021
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