175 paris sur l'avenir

20 Mars 2014 | par

La crise frappe durement la coopération internationale dans la partie sud du monde et les institutions qui luttent contre la pauvreté dans la partie nord. Cette difficulté a fait augmenter les demandes d’aide auprès de la Caritas Saint-Antoine et a requis un gros effort financier et d’organisation.



Il faut faire plus et mieux. À cause de la crise et contre cette crise. Telle fut l’intention qui a mû la Caritas Saint-Antoine en 2013. Le bilan se clôt avec 175 projets approuvés et plus de 3 330 000 euros distribués dans 46 pays. Un bilan exceptionnel tant pour la quantité des projets réalisés que pour le montant engagé. Un engagement enraciné dans la crise mondiale, qui provoque une baisse des donations en faveur des pays les plus pauvres. « Cette année, nous avons eu une croissance exponentielle des demandes d’aide – explique le frère Valentino Maragno, directeur de la Caritas Saint-Antoine – de la part des missionnaires, d’organisations qui œuvrent dans les pays les plus pauvres, ou bien de la part de paroisses, institutions et coopératives sociales pour aider les couches défavorisées de la population. Pour pouvoir élargir notre champ d’action aux pays que l’on appelle “riches”, nous avons changé, il y a environ un an, le statut de la Caritas Saint-Antoine, car nous sommes conscients que la pauvreté se trouve aussi à la porte d’à côté. »

En douze mois, 413 demandes d’aide ont été envoyées à la Caritas Saint-Antoine, qui n’a que deux personnes pour contrôler et suivre les différents dossiers qui arrivent des cinq continents. Un tel nombre de demandes a requis un travail supplémentaire d’évaluation mais aussi de recherche de fonds : « Il a été possible d’augmenter les projets et les sommes à disposition – explique encore le frère Valentino – grâce à la générosité de nos lecteurs et bienfaiteurs. Leur soutien n’a jamais failli, même en ces temps de crise, grâce aux dons que nous avons reçus ces dernières années et à la volonté des frères d’intervenir plus grâce à leurs propres ressources pour faire face, dans certaines réalités sociales, aux coupes budgétaires voulues par les États. »

L’Afrique continue d’être le continent où la Caritas Saint-Antoine intervient le plus : environ 60 % des projets et 62 % des ressources ont été destinés à 22 pays africains, particulièrement en Ouganda et dans la République démocratique du Congo.

Mais c’est l’Europe qui occupe la deuxième place en ce qui concerne les ressources investies, bien qu’elle ait eu moins de projets que l’Asie, comptabilisant plus de 20 % des ressources : « Par exemple, la somme destinée à l’Italie a presque doublé cette année. Parmi les bénéficiaires, on compte les coopératives sociales prenant en charge des personnes qui souffrent de dépendances, des centres d’accueil pour les handicapés, des initiatives de formation pour les prisonniers, des projets d’intégration et de soutien scolaire pour les mineurs. Certaines de ces réalités sont gérées par nos frères. »

 

Les projets

Les interventions avaient deux objectifs principaux : « Augmenter l’accès aux services de première nécessité pour les pauvres et promouvoir des projets qui atténuent, ou qui éliminent si possible une ou plusieurs des causes de la pauvreté. »

L’école est en première position avec 44 projets et 39 % des ressources ; en deuxième position, par nombre de projets (39), la promotion humaine et la santé : « L’expression “promotion humaine” – précise le père Valentino – inclut toutes les interventions liées à la formation réalisées par les communautés religieuses pour améliorer les conditions de vie, la connaissance de ses propres droits, l’approvisionnement des biens essentiels, l’amélioration de l’utilisation des ressources, la prévention sanitaire, la mise en place de petits systèmes économiques et de synergies productives. »

Il y a eu dans le domaine de la santé la construction et la restructuration de petits centres et l’achat d’équipements, de meubles et de médicaments. Sans oublier l’engagement non négligeable visant à garantir l’accès à l’eau dans les régions les plus délaissées (26 projets) et à augmenter les revenus des familles (10 projets). « Nous avons financé des cours de formation professionnelle, fourni des kits pour le travail, créé des fonds pour le micro-crédit, acheté des équipements agricoles et des animaux pour les élevages. »

 

Les bénéficiaires

Le nombre de projets augmente, tout comme celui des personnes touchées par la solidarité antonienne. Les bénéficiaires directs s’élèvent presque à un million cette année : « Ces chiffres sont extraordinaires, même s’ils sont calculés par défaut, car il est difficile de déterminer précisément combien de personnes utilisent un puits ou un cabinet médical là où il n’y en avait aucun auparavant.

Nous comptons toutefois les élèves qui en 2013 ont fréquenté une nouvelle école professionnelle, tout en sachant que dans le futur cette structure aidera en plus un nombre indéterminé de jeunes. » Pour cette même raison, un projet de micro-crédit, c’est-à-dire de petits emprunts pour faire démarrer des micro-entreprises, est potentiellement infini : « Il peut débuter avec peu de personnes et, s’il est bien géré, il peut s’agrandir et se poursuivre en touchant des milliers de familles. »

Les bénéficiaires principaux de la solidarité antonienne sont les enfants et les jeunes : « Les nouvelles générations sont celles sur lesquelles il faut parier pour relancer le développement ». C’est pour cette catégorie que sont réalisés la plupart des projets, soit plus de 48 %. Toutefois, une autre catégorie a gagné en importance ; elle est bien plus complexe et articulée, et s’est affirmée avec toujours plus de force dans la solidarité antonienne : il s’agit des communautés, c’est-à-dire les habitants d’un village, d’un quartier, d’un diocèse. Cette catégorie a augmenté de 2 points par rapport à 2012 et a obtenu 32 % des projets.

L’attention se concentre surtout sur les zones rurales et les banlieues, dépourvues de services élémentaires, que les gens quittent pour aller à la recherche d’un travail et d’un avenir meilleur, en risquant de rejoindre les laissés-pour-compte dans les immenses périphéries des métropoles du Sud de la Planète. « Garantir des moyens, des services et la formation signifie arrêter l’exode, promouvoir un développement lent mais diffus, retourner à la terre et à la relation, les seules qui sont encore en mesure de donner du pain et du sens. »

 

Les coûts

Le référent des projets est presque toujours un missionnaire, un laïc ou un religieux, éventuellement un responsable d’association, de coopérative, d’institution de solidarité. La formule la plus utilisée est celle du micro-projet et plus de 43 % des réalisations ont requis moins de 10 000 euros, 31 % moins de 20 000 euros, et 12 % moins de 30 000. Six projets seulement ont dépassé les 60 000 euros. L’exception est le projet du mois de juin dernier, le plus important, lancé à l’occasion de la Saint-Antoine : celui-ci envisageait la construction d’une école secondaire au Malawi pour un coût total de 450 000 euros.

Le pourcentage des projets achevés est très élevé : plus de 98 %. « La rigueur dans l’évaluation et dans le contrôle des projets – explique le frère Valentino – est ce qui nous distingue. Environ 57 % des demandes d’aide qui nous sont parvenues n’ont pas été acceptées, soit parce que les projets étaient jugés non-conformes à nos critères soit parce qu’ils étaient considérés comme peu efficaces selon un rapport coût-bénéfices ou bien parce que des contrôles croisés ont révélé un manque de fiabilité. »

Aucun projet n’est financé d’un coup, cela se fait par versements, suivant l’état d’avancement des travaux. « Notre règle de base – conclut le père Valentin – est que pas même un centime ne soit perdu, car il s’agit d’argent que des individus donnent à d’autres individus, et qui est placé entre les mains des frères au nom de saint Antoine. Nous préférons recontrôler, refaire, attendre, rediscuter, recommencer depuis le début dans la confiance et l’envie de réussir car nous savons par expérience qu’il n’est pas facile d’être proche des plus pauvres. La satisfaction la plus grande arrive quand un projet difficile mais nécessaire est mené à bien, malgré les prévisions peu encourageantes ou quand rien qu’une seule personne est sauvée car nous n’avons pas baissé les bras. C’est une satisfaction que nous voulons partager avec tous ceux qui continuent à nous aider et à nous soutenir par leurs dons et leurs prières, avec ceux qui permettent que tout ce bien soit fait. » 

 

 

Le bilan en bref

Ressource dépensées

par continent

Afrique : 1 942 200 €

Europe : 683 850 €

Amérique : 485 050 €

Asie : 181 900 €

Océanie : 44 500

Total : 3 337 500 €

 

Nombre de projets

Afrique : 108

Asie : 24

Europe : 21

Amérique : 20

Océanie : 2

Total projets : 175

Updated on 06 Octobre 2016