Catéchumènes : bienvenus dans l’Église !

19 Mars 2015 | par

Pâques marque le début de ce mois d’avril ! Comme chaque année, la vigile pascale est le moment habituel et privilégié pour l’entrée dans l’Église des catéchumènes, avec les sacrements du baptême, de l’eucharistie et de la confirmation. Plongeons sans crainte à la rencontre de ces nouveaux chrétiens et sachons les accueillir dans nos communautés.



Pour toute personne qui cherche Dieu et désire devenir chrétien, l’Église propose le chemin du catéchuménat. Au IVe siècle, sous l’empereur Constantin, on commence à baptiser les petits enfants et les baptêmes d’adultes se font plus rares. Le catéchuménat,

qui va disparaître progressivement aux Ve et VIe siècles, renaîtra quinze siècles plus tard, lors du concile Vatican II (1962-1965). L’Église prépare donc ceux qui souhaitent être chrétiens aux sacrements de l’initiation : le baptême, la confirmation, l’eucharistie. Pendant ce parcours ponctué d’étapes, le catéchumène, aidé de ses accompagnateurs et entouré par la communauté paroissiale, découvre l’enseignement de Jésus, la relation à Dieu dans la prière et la vie en Église.

 

Soif de Dieu

Si les nouveaux chrétiens n’ont pas tous vécu une conversion aussi radicale et foudroyante que saint Paul – pouvant être considéré comme le premier catéchumène –, des circonstances très diverses ont éveillé la soif de Dieu chez ces personnes : un questionnement sur le sens de la vie, l’écoute d’une parole de l’Évangile, une épreuve, une maladie, un deuil, un témoignage de chrétiens, une préparation au mariage. À un moment de leur vie, les catéchumènes se sont retrouvés dans la situation de Bartimée, le fils de Timée, mendiant et aveugle au bord du chemin (Mc 10, 46). Un vide dans leur cœur leur a fait crier, à un moment : « Seigneur, prends pitié de moi » et « Rabbouni, que je voie ». Puis le chemin est long parce que grandir dans la vie de Dieu et accueillir au plus profond de soi Sa présence et Sa parole prend du temps !

 

Étapes vers le baptême

Le temps du catéchuménat dure en moyenne deux ans. Pour la première étape, la personne qui demande à entrer dans l’Église exprime ouvertement, au cours d’une messe, son désir de poursuivre sa découverte du Christ ; elle est alors marquée du signe de la croix et reçoit le livre des Évangiles. La deuxième étape est l’appel décisif accompagné de l’inscription du nom du catéchumène sur les registres de l’Église. Au début du Carême, l’évêque appelle, de manière solennelle, tous les catéchumènes de son diocèse à recevoir le baptême lors de la vigile pascale. Chacun est alors présenté par sa communauté, appelé par son nom et signe les registres de l’Église. À Paris, par exemple, les registres sur lesquels leurs noms sont inscrits sont confiés à six communautés religieuses contemplatives qui prient pour ces futurs baptisés : cette tradition fut lancée par le cardinal Jean-Marie Lustiger dans les années 1990. À partir de l’appel décisif, trois dimanches de Carême sont marqués par des rites particuliers, appelés « scrutins », dernières marches vers le baptême : ce temps de préparation ultime est aussi appelé temps « de la purification et de l’illumination ». C’est un temps pour laisser Dieu vous regarder, vous scruter le cœur jusqu’en son tréfonds. La troisième étape est ensuite celle du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie, reçus lors de la vigile pascale.

 

Néophytes

Le dernier temps est celui de la mystagogie ; ce terme grec signifie « entrée dans le mystère ». Il dure tout au long du temps pascal. Les nouveaux baptisés, appelés « néophytes » découvrent alors la richesse de ce qu’ils ont reçu. Le deuxième dimanche de Pâques, dimanche in albis, les néophytes, revêtus de leur habit blanc reçu au baptême, sont invités par l’évêque pour une catéchèse mystagogique avant la messe à la cathédrale, là où il les avait appelés au début du Carême. Le temps du catéchuménat achevé, l’Église porte une attention particulière envers les néophytes, tout comme l’on peut prendre soin d’un nouveau-né ou d’une plante à peine sortie de terre !

 

Constante progression

Depuis plusieurs années, le nombre de personnes qui demandent le baptême augmente régulièrement. Il est éclairant de savoir qu’en France, tous diocèses confondus, une moyenne de 9 500 catéchumènes par an, depuis dix ans, sont en chemin. En 2014, 45 % d’entre eux sont d’origine chrétienne et 42 % ont une tradition religieuse indéterminée ou se disent sans religion. Par ailleurs, il est révélateur de voir que 64 % des catéchumènes ont entre 18 et 35 ans et seulement 13 % ont plus de 45 ans. Depuis 2003 en France, 70 % des catéchumènes sont majoritairement des femmes et pour la plupart originaires d’Europe.

En Suisse, la progression du nombre d’enfants demandant le baptême est « linéaire et constante », selon la responsable du service du catéchuménat du diocèse de Sion. Pour elle, les raisons sont multiples et sont « l’effet domino de multiples facteurs qui engendrent une déchristianisation du monde Occidental ». Autre constat : que l’on soit en Suisse ou en France, le catéchuménat est un phénomène davantage urbain. Paris et l’Île de France représentent 50 % du total des catéchumènes de l’Hexagone. Quant à la Belgique, chaque année, environ 150 adultes de tous milieux sociaux et majoritairement entre 18 et 35 ans, sont baptisés durant la nuit de Pâques.

Vivre chrétiennement

Faire partie de l’Église, c’est entrer dans une famille et établir des relations avec ses membres, que nous nous sentions proches ou plus éloignés. Être chrétien, c’est croire en Dieu, être en relation avec lui, prier, aimer son prochain et vivre dans l’espérance. La première dimension de la vie chrétienne est la foi. Être membre de l’Église – que l’on soit nouvellement baptisé ou baptisé depuis la naissance – c’est aussi être témoin, chaque jour, de l’amour de Dieu pour tous les hommes. Et que d’autres Bartimée soient libérés de leur cécité ! 





« Auparavant le baptême était surtout administré aux adultes, ce qui exigeait une certaine préparation spirituelle, fondée sur une évangélisation, une initiation,  une catéchèse adaptée. D’où l’institution du catéchuménat,  dont nous trouvons  encore des traces dans la liturgie, surtout pendant le Carême.

Car dans les premiers siècles, ce temps du Carême était surtout consacré à l’initiation intensive des convertis. Au point de vue liturgique, la “vigile pascale” (la veillée de Pâques) était le moment le plus indiqué pour le baptême, sacrement de la naissance à une nouvelle vie en Jésus Christ.

Même aujourd’hui il est difficile de comprendre la liturgie de cette veillée de Pâques autrement qu’en relation avec cette “résurrection” par le baptême à la vie qui est dans le Christ. »

 

Jean-Paul II, N’ayez pas peur ! Dialogue avec André Frossard, pp.171-172

 

Updated on 06 Octobre 2016