Conversions et changements de vie

Alors que le Carême vient de démarrer, Le Messager a souhaité s’interroger sur les changements de vie. Tout changement signifie mourir à une situation pour en vivre une autre et participer au mystère pascal du Christ.
08 Mars 2020 | par

« Convertissez-vous ! » Ces mots entendus le mercredi des Cendres retentissent encore à nos oreilles. La conversion est-elle uniquement un changement moral, de comportement ou de mentalité ? Si la conversion à laquelle nous sommes particulièrement appelés pendant le Carême est liée à une nouvelle manière de penser Dieu et sa relation aux autres, la conversion est aussi une nouvelle façon de penser la vie, de réorienter notre être.
Un des motifs de changement de vie est le manque de joie. Tant de personnes expliquent qu’elles n’étaient pas heureuses alors qu’elles avaient a priori tout : un métier, une famille, des amis, une stabilité sociale et économique. Ainsi certains changent de métier car ils ont souhaité écouter les désirs profonds qui les habitaient, tenir compte des évolutions de leur personnalité, de leurs capacités, de leurs talents.
Cela peut aussi simplement être une soif de renouveau, en changeant d’environnement, de secteur, de ville, de pays, de langue. L’ennui ou l’insatisfaction poussent aussi à s’interroger sur un désir de changement. Sans oublier que la promiscuité urbaine et l’immensité, parfois sans visage, de la ville peuvent attirer certaines personnes à quitter ce tourbillon.

Rencontres et évènements
Si toute notre vie est une succession de changements, plus ou moins grands, douloureux ou plus lumineux, radicaux ou plus discrets, il ne fait aucun doute que les personnes rencontrées ou certains évènements amènent à des changements de vie en profondeur.
Discerner, être conseillé, se connaître, découvrir ses talents et ses limites, réfléchir, prier, faire des choix : voici des actions à mener en amont de tout changement.
Selon une étude sur la reconversion professionnelle datant de 2016, 68 % des personnes actives interrogées avaient déjà sérieusement envisagé changer de vie et 31 % d’entre elles déclarent l’avoir déjà fait au moins une fois.
On repart rarement de zéro, la vie pivote mais nous n’avons qu’une seule vie, un seul corps et une histoire en cours. En revanche, les orientations peuvent évoluer, tourner, basculer. Rencontrer une personne qui nous interpelle, nous secoue, peut nous motiver pour choisir un chemin plutôt qu’un autre.
Tant de réalités se cachent derrière les changements, à tout âge de la vie : se marier est une transformation de vie car fonder un foyer, une famille, demande une évolution du rythme et des priorités. Le passage à la retraite est un changement de statut dans la société et se prépare, s’anticipe, s’accompagne parfois de nouveaux projets, de tournants ou de ronds-points contenant trop de sorties pour d’autres. Puis la vieillesse s’accompagne souvent d’un changement dans ses capacités physiques ou intellectuelles, entraînant parfois la dépendance.
Tous les changements sont des petites morts qui entraînent un surcroît de vie. Les évènements de la vie nous amènent aussi parfois à des changements subis et douloureux, telle la perte de son mari ou de sa femme ou la perte de son travail.
À des niveaux différents, cela demande de savoir rebondir, accepter ces déséquilibres et ces ombres et toujours convertir le cœur. Changer de vie, c’est aussi en quelque sorte se libérer de la peur, des freins présents en nous, d’un certain égoïsme ou confort.

Style de vie
De nombreux jeunes, indépendamment de leur état de vie, décident de quitter le confort offert par un travail dans le secteur tertiaire, davantage basé dans des grandes villes, pour découvrir le secteur primaire ou secondaire, à la campagne ou dans des villes plus petites. La recherche d’un meilleur équilibre de vie s’accompagne souvent par un rapprochement avec la nature et débouchant sur une vie plus simple, proche de la campagne.
Déjà, le pape Paul VI, en 1971, affirmait qu’accomplir « le devoir de sauvegarder la Création par de petites actions quotidiennes est très noble et il est merveilleux que l’éducation soit capable de les susciter jusqu’à en faire un style de vie ».
Être proche de la nature et la respecter, c’est faire preuve de créativité généreuse et se révèle être un signe d’amour pour l’humanité. Pour certains, quitter la ville pour devenir apiculteur, éleveur de chèvres ou encore gérant de maison d’hôte à la campagne, permet de redonner une orientation et un style de vie moins sophistiqué.

Une existence consistante
Un changement de vie, c’est aussi l’envie de s’épanouir autrement, de redonner du sens à son travail, de trouver un équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle. Dieu « veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance ». Cet appel du pape François résonne dans le cœur de nombreuses personnes qui cherchent à donner leur vie et à se donner elles-mêmes.
Souvent l’amour est un moteur de changement, découlant d’une volonté de quitter son égoïsme en gagnant peut-être moins d’argent, en se rapprochant d’une partie de sa famille parfois isolée, en quittant un style de vie aisé pour une vie plus simple. Être pour les autres et se donner implique une conversion constante du cœur et donne de la couleur, de la hauteur et de la consistance à son existence.
Les changements peuvent être vus comme des opportunités et des fenêtres ouvertes vers davantage de vie. Les saisir nous redonnera une joie qui s’était parfois enfouie ou éteinte. Un signe fort des temps : de plus en plus de jeunes privilégient dès le départ un travail qui a du sens, à leurs yeux et pour le monde.

Updated on 08 Mars 2020
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