À deux pour Dieu : 3 600 km à pied, de Troyes à Jérusalem !

En pleine pandémie et en plein hiver, Bérénice Tournyol du Clos, 22 ans et Faustine Redier, 23 ans, sont parties à pied depuis Troyes vers Jérusalem où elles devraient arriver fin juillet ! Ces deux amies nous entraînent joyeusement dans leur pèlerinage !
27 Juin 2021 | par

Quel projet avez-vous ? Quelle est votre démarche dans ce pèlerinage ?
Le projet est né d’un désir commun : donner un long temps au Seigneur. Nous sommes conscientes d’avoir beaucoup reçu du Seigneur, dans nos familles, par nos dons, et nous voulions quelque chose qui nous prenne du temps, qui soit radical pour nous et qui ne soit pas faisable en un été !

Quelles rencontres avez-vous faites depuis le 24 janvier, jour de votre départ ?
La générosité des gens nous marque : jusqu’ici, nous n’avons eu aucune mauvaise surprise. Nous avons toujours été accueillies le soir et reçu de quoi manger. Les personnes qui nous acceptent au pied levé pour dormir, se nourrir, ont un cœur énorme. Nous avons été marquées par la différence d’accueil entre la France et l’Italie : en France, on était incluses dans la vie de famille, on jouait avec les enfants le soir, on aidait à la cuisine. En Italie, les gens sont extrêmement généreux mais nous étions servies et ils ne voulaient pas que nous aidions ! Peut-être aussi que la peur du coronavirus est plus présente en Italie, certains gardent leurs distances et ne nous font pas dîner avec eux. La meilleure chose que l’on puisse faire est d’accepter ce que l’on nous donne avec le sourire et la joie !

Comment avez-vous choisi votre itinéraire ? Est-il prévu depuis le début ? Avez-vous un GPS ?
Nous avons plusieurs outils pour différentes échelles. Avant de partir, nous avons établi un itinéraire en grosses mailles. Tous les quatre jours nous savons dans quelle ville il faut passer et tous les deux jours on a des cartes beaucoup plus précises que l’on télécharge sur notre téléphone grâce à une application. Comme on est géo-localisées, on n’est jamais parties dans le mauvais sens !

Empruntez-vous les grands axes ou privilégiez-vous les sentiers et petites routes ?
On évite les villes, on passe par les petits chemins car le porte-à-porte pour loger le soir marche beaucoup mieux à la campagne que dans les grandes villes. On prévoit des coins pas trop isolés pour avoir plus de choix d’hébergement.

Qu’avez-vous dans votre sac à dos ?
12kg avec 2 litres d’eau chaque jour ! Comme on traverse plusieurs saisons, on a un sac de couchage chaud, une tenue d’été et une d’hiver, un peu de pharmacie, des chaussures de marche et une paire de sandales, une Bible et un carnet de bord pour écrire les grands moments de la journée ! Et un tapis de sol et une bâche si nous devons dormir dehors !

Quel est votre défi quotidien ?
Marcher ! Chaque matin, en se réveillant, se dire que l’on doit marcher nos 20 à 25 kilomètres mais le rythme de marche dépend du temps ! Au début, on a eu froid et beaucoup de pluie, alors on s’arrêtait peu dans la journée.

Comment les personnes vous accueillent-elles ?
En France, des personnes qui nous accueillaient nous ont demandé ce qu’était un pèlerinage. En Italie, tout le monde a une très grande notion de ce qu’est un pèlerinage. Parfois, à cause du coronavirus, certains sont désolés de ne pouvoir nous accueillir mais ils nous donnent à manger. On n’achète rien et on a 2 semaines de vivres devant nous ! Quand nos hôtes apprennent qu’on nous a donné un repas, eux aussi veulent nous aider et nous offre de la nourriture. Mais on doit malheureusement refuser les bouteilles et les boîtes de conserve, c’est trop lourd !

Que trouvez-vous le plus dur ? Les intempéries météorologiques ? La fatigue ? Les douleurs ?
C’est différent l’une pour l’autre et cela dépend des jours. Au début, c’était le physique, nous avions mal aux pieds, et l’impression d’être cassées de partout. Notre corps se mettait en route. Tout tournait autour du physique. Au début, la météo était dure car nous avions de la pluie, de la neige et du vent.

De quoi avez-vous pris conscience ?
En arrivant en Italie, spirituellement, on a réalisé qu’il est impossible de rendre ce qu’on nous donne. Ce ne peut être que le Seigneur qui remercie ceux qui nous accueillent. On peut montrer de la gratitude, mais il n’y a pas d’échange possible. Par l’accueil que nous avons, on goûte à la radicalité de l’amour du Christ. Sur le plan physique, on comprend et on gère mieux notre rythme.

Quelle préparation physique avez-vous ?
Nous ne nous sommes pas particulièrement préparées physiquement à cause du confinement. On se disait que la marche serait une préparation ! On essaie d’avoir un jour de pause par semaine mais cela dépend évidemment des gens qui nous accueillent.

Les paroles du pape François « Quand on ne marche pas, on s’arrête » vous accompagnent-elles ?
Il n’a pas tort physiquement ! On a expérimenté cela au début car quand on faisait nos pauses, c’était très dur de reprendre. Maintenant on a vraiment pris l’habitude de la marche et marcher signifie mettre les kilomètres derrière nous. On compte marcher environ 3 600 kilomètres en traversant la France, l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et l’île de Chypre pour terminer en bateau vers Tel Aviv et Jérusalem.

Avez-vous un saint patron pour vous accompagner ?
Oui, le patron de notre pèlerinage est saint Joseph. Ce choix s’est fait assez naturellement. On l’a adopté suite à plein de clins d’œil de sa part. On est parties d’une paroisse de Troyes qui s’appelle Saint-Joseph ; à l’entrée du premier village où nous avons été accueillies, il y avait un calvaire dédié à saint Joseph (ce qui est assez rare !). De plus, c’est l’année saint Joseph et un prêtre nous a donné une médaille de saint Joseph au moment du départ.

Vous allez à pied à Jérusalem… comment rentrerez-vous ?
En avion ! Notre rentrée universitaire est prévue pour le mois de septembre donc nous n’avons pas le temps de rentrer à pied. Nous avions envisagé de rentrer en bateau mais elle était trop coûteuse.

Vivre à 4 kilomètres/h était-il un rêve pour vous deux ?
Nous ne sommes pas de grandes marcheuses. La marche est un moyen, plus qu’un rêve. On marche pour le pèlerinage et non pour le défi sportif. Notre volonté de donner du temps à Dieu passe par la marche.

Si vous n’aviez que trois mots pour caractériser la démarche de votre pèlerinage, que diriez-vous ?
Les trois piliers du pèlerin : la marche, la prière, la rencontre. Il faut veiller à un parfait équilibre entre les trois car aucun ne doit passer à la trappe ! Si tel était le cas, nous ressentirions un manque, un vide, que nous ne pourrions pas combler. Nos journées sont rythmées par ces mots : « À chaque jour suffit sa peine ». On ne se projette pas trop car avec le Covid, on se rend compte qu’on se fait beaucoup de soucis sans avoir les moyens d’y répondre.

Updated on 27 Juin 2021
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