Familles et vocations, une fécondité pour tous

08 Octobre 2017 | par

La vocation religieuse d’un enfant dans une famille est toujours une remise en question pour les parents et les invite à se détacher de leurs projets propres. Quand cette question est posée, de nombreux parents expliquent la démarche d’abandon qu’ils ont entreprise. « Si mon fils m’annonce qu’il veut suivre le Seigneur en souhaitant être prêtre, je me tournerai encore plus vers la Vierge ! », explique dans un sourire Christine, mère de quatre enfants à Clermont-Ferrand. « Je lui demanderai de l’éclairer de toute sa sagesse maternelle, poursuit-elle, et surtout de le garder dans la joie, d’être libre, pour qu’il soit sûr de son choix ».

La Vierge Marie est celle que l’on entend revenir dans la bouche de très nombreux parents. L’Évangile de Luc nous rappelle que Marie elle-même fut décontenancée devant l’appel de son Fils. « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? », demande-t-elle au jeune Jésus qui était resté à Jérusalem à son insu et à celui de Joseph. 

Dans le document préparatoire du prochain synode, l’accent est mis sur le don du discernement dans l’appel vocationnel des jeunes. Face aux nombreuses questions qui surgissent et aux émotions que peuvent susciter des questions sur l’intériorité d’un jeune garçon ou d’une jeune fille, l’ancrage dans la Parole de Dieu prend une dimension déterminante. « La Parole de Dieu revêt une grande importance : la méditer met en effet les passions en mouvement comme toutes les expériences de contact avec sa propre intériorité mais, en même temps, elle offre la possibilité de les faire apparaître en se projetant dans les évènements qu’elle raconte », peut-on lire dans ce document, rédigé par le synode des évêques.

 

La vocation des enfants révèle celle des parents

Une méditation de la Parole qui fut un appui aussi pour de nombreux parents. « Quand mon fils nous a expliqué vouloir rentrer au noviciat bénédictin, j’ai pris une gifle mémorable ! », se souvient Jean-Pierre, retraité vivant en banlieue parisienne. Pour cet ancien cadre de l’aéronautique, cela va même au-delà de la soufflante. La décision radicale de son fils ébranle sa foi, au point qu’il se fâche avec l’Église. « J’étais en colère raconte-t-il, contre moi-même surtout, sans que je ne sache trop pourquoi ». Après plusieurs mois à déserter l’église le dimanche, Jean-Pierre se replonge dans la Bible. « C’est en relisant les prophètes, Amos et Isaïe en particulier, que j’ai ouvert les yeux sur la force et la beauté de cet appel que Dieu nous lance ».

Demander des vocations dans l’Église et consentir à ce que Dieu veut pour nos enfants est donc un appel à se détacher de ses propres désirs, une éducation à la liberté. « La première chose qu’il faut rappeler est que c’est Dieu qui appelle et que les parents ne sont pas là ni pour forcer la réponse à un appel de leur enfant, ni pour l’en détourner », rappelle l’évêque de Soissons, Mgr Renauld de Dinechin. Cette démarche de confiance est essentielle pour les parents. « Ce que Dieu veut pour moi, à travers la vocation d’un enfant, est certainement plus que ce que j’ai pu désirer », poursuit Mgr de Dinechin.

 

Des liens fraternels renforcés

Loïc va bientôt souffler ses 40 bougies. Ce professeur de philo dans un lycée de la Mayenne est marié et père de trois enfants. Avant d’épouser Clara, il a vécu six ans comme frère de la communauté Saint-Jean ; Dieu l’appelait donc ailleurs. Mais la vocation religieuse est une affaire de famille puisque ses deux sœurs ont pris l’habit religieux, dont l’une, missionnaire de la Charité, vit désormais en Afrique. « Pour les parents ce fut dur d’avoir à un moment trois enfants sur quatre dans les Ordres, raconte-t-il, mais ils l’ont toujours accepté avec humilité ». Cette fécondité propre à sa famille vient d’une grande vie de prière, toujours cultivée dans la fratrie.

« Nous avons toujours privilégié cette intimité avec Dieu, qui était toujours là, présent au cœur de nos activités familiales, poursuit Loïc, ce qui a sans doute contribué à la naissance de ces vocations ». Aujourd’hui, alors que ses sœurs vivent en communauté, très loin du berceau familial, ses relations fraternelles se sont redimensionnées. « C’est dingue de sentir une communion de prière aussi forte alors que nous ne nous voyons presque jamais, sourit-il, d’une certaine manière, nous n’avons jamais été aussi proches ! »

Dans de nombreuses familles, l’appel à suivre le Christ, parfois incompris à l’origine, a permis d’accompagner cette vocation, redonnant ainsi à la famille sa qualification « d’Église domestique » dont Jean Chrysostome parle déjà au IVe siècle. « Après ma période de doute, je suis chaque année un pèlerinage pour les vocations » détaille Jean-Pierre, qui a même fait le voyage à Rome en 2013 dans le cadre de l’Année de la Foi. 

Loïc, lui, est aujourd’hui heureux de la retombée des grâces de ces vocations sur sa famille, et leur fécondité, chez ses parents en particulier. Malgré tout, la distance, et la rareté de la correspondance régie par la règle communautaire, sont parfois des épreuves. « Mais les parents ne se sont jamais plaints, tempère-t-il. Ils ont toujours vécu cela comme un don pour nous six, mais aussi pour la vie de l’Église ». 

 

 

 

Updated on 08 Octobre 2017
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