La sainteté, un chemin pour tous

Au début du mois prochain, la Toussaint nous rappellera que nous sommes tous appelés à la sainteté. Un chemin qui n’est pas réservé à des « super-héros de la foi ».
31 Octobre 2016 | par

Nous sommes tous des saints mais nous ne le savons pas encore. C’est par cette phrase quelque peu provocante que l’on pourrait résumer notre condition de chrétien. Nous sommes en réalité des saints en puissance, devrait-on préciser, appelés à vivre la grâce de notre baptême et à témoigner du message du Christ, au cœur de nos vies quotidiennes, quelles que soient les circonstances sociales, professionnelles ou géographiques.

Que ce soit lors des ses homélies dans la chapelle Sainte-Marthe ou dans ses catéchèses place Saint-Pierre, le pape François revient souvent sur ces « saints du quotidien cachés parmi nous ». « Ils ont reçu le don de force pour assumer leur devoir de personne, de père, de mère, de frère, de sœur, de citoyen. Il y en a beaucoup. Rendons grâce au Seigneur pour cette sainteté cachée ! », lançait-il aux fidèles réunis le 14 mai dernier. Cette sainteté au quotidien ne se vit pas dans les grandes choses, ne se manifeste pas dans le spectaculaire, et sa force ne vaut sans doute que parce qu’elle s’enracine dans la régularité, qu’elle se vit dans l’humilité, malgré les épreuves de la vie. C’est pour cela que le Souverain Pontife invoquait le don de force, l’un des sept dons de l’Esprit Saint.

Car la sainteté est accessible, ici et maintenant. Elle se vit dans le moment présent, face à celui qui est sur notre chemin. Comme le rappelle Jésus aux pharisiens : « Le règne de Dieu ne vient pas d’une manière visible. On ne dira pas : “Le voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voilà que le règne de Dieu est au milieu de vous. » (Lc 17, 20-25).

 

Appelés à la sainteté

Pourtant la sainteté a souvent été perçue comme un fardeau trop lourd à porter. Le concile Vatican II a voulu casser l’image d’une sainteté trop souvent considérée comme lointaine, désincarnée et inaccessible, une vertu qui n’aurait concerné que quelques élites incarnant la perfection et la pureté. Paul VI lui-même aura une grande prédilection pour la sainteté. C’est lui qui réformera la Congrégation pour les causes des saints, mais surtout tiendra à rappeler que tout chrétien est fait pour la sainteté : « Si donc, dans l’Église, tous ne marchent pas par le même chemin, tous, cependant, sont appelés à la sainteté et ont reçu une foi qui les rends égaux dans la justice du Christ » (Lumen Gentium, IV-32). Cette sainteté est dès lors incarnée, elle se vit dans le quotidien. La voie de la sainteté n’est plus ce chemin qui semblait escarpé pour nombre de croyants, elle doit se comprendre comme une disponibilité à l’amour, à l’accueil de Dieu dans l’épaisseur de nos vies.

« Il faut que notre zèle évangélisateur jaillisse d’une véritable sainteté de vie alimentée par la prière et surtout par l’amour de l’Eucharistie et que, comme nous le suggère le Concile, la prédication à son tour fasse grandir en sainteté le prédicateur », peut-on lire dans l’Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi de Paul VI publiée en décembre 1975, et qui fait reposer toute l’œuvre d’évangélisation sur la sainteté personnelle de ceux qui sont appelés à témoigner de la Bonne Nouvelle.

 

Des ouvriers ou des cultivateurs

Dès lors, la sainteté prend une dimension nouvelle puisque chaque baptisé est invité à transformer sa vie pour la sanctifier. La tâche est rude, elle est celle d’un cultivateur ou d’un ouvrier, mais elle concerne chacun. Sainte Thérèse de Lisieux est sans doute celle qui nous a le plus rapproché de cette voie. « Elle a démocratisé la sainteté », explique le poète québécois  Jacques Gauthier qui lui a consacré plusieurs ouvrages, à travers cette voie de l’humilité et de l’abandon à Dieu dans les petits gestes du quotidien.

« La sainteté n’est pas chose réservée aux privilégiés. Peuvent être divins tous les chemins de la terre, tous les états, toutes les professions, toutes les tâches », écrivait aussi Mgr Josemaría Escrivá de Balaguer, le fondateur de l’Opus Dei, dont l’un des charismes est la sanctification par le travail.

Dans notre époque de la performance et du bruit, à l’heure où tout se mesure et nombre de personnes, chrétiennes ou non, se sentent exclues et rejetées, cet appel à la sainteté est une chance. En mettant Dieu au cœur de nos vies, en cultivant avec patience sa présence à nos côtés, nous faisons des petits pas vers ce à quoi nous sommes appelés.

En novembre 2014, au cours d’une audience générale, le pape François a livré quelques pistes pour vivre cette sainteté au quotidien, à commencer par l’importance de vivre dans la joie. « L’appel de Dieu à la sainteté est une invitation à vivre et à lui offrir chaque moment de notre existence avec joie, en en faisant un don d’amour pour les personnes qui nous entourent », disait-il. Des mots que l’on peut retrouver dans son homélie lors de la récente canonisation de Mère Teresa, autre sainte « du quotidien », lorsqu’il invitait à « porter son sourire dans le cœur pour l’offrir à ceux que nous rencontrons sur notre chemin, surtout à ceux qui souffrent ». La sainte de Calcutta était d’ailleurs convaincue que personne n’était exclu de ce regard d’amour de Dieu, à commencer par les plus misérables : « Nous y sommes tous destinés, toi, moi et tous les autres. C’est une tâche aisée car en apprenant à aimer nous apprenons à être saints. » 

Updated on 31 Octobre 2016
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