Le bien triomphe, malgré tout

125 projets dans 36 pays, pour un montant total d’environ 3,6 millions d’euros. Malgré les guerres et les crises économiques, la solidarité au nom de saint Antoine demeure constante.
17 Mars 2024 | par

Dans une année marquée par la pauvreté, les guerres, les droits bafoués, les chiffres de la solidarité antonienne sont « la » bonne nouvelle, la démonstration concrète que la bonté sait poursuivre son chemin même dans les pires conditions.
125 projets ont été réalisés en 2023 dans 36 pays du monde par la Caritas Saint-Antoine, la plus importante institution caritative des Frères Mineurs Conventuels, pour un montant total d’environ 3,6 millions d’euros. « Malgré les difficultés croissantes, explique le frère Valerio Folli, directeur de la Caritas Saint-Antoine, la générosité des lecteurs et des fidèles n’a jamais fait défaut, signe d’une grande confiance et d’un lien profond avec saint Antoine ».
Le plus grand nombre de projets a eu lieu en Afrique, avec 79 projets réalisés dans 23 pays et la plupart des fonds alloués, c’est-à-dire environ 1,3 million d’euros. Cependant, le pays où l’on a dépensé le plus, environ 30 % des fonds, est l’Italie : « Au cours de la dernière décennie, poursuit le directeur, la pauvreté a considérablement augmenté dans notre pays. De plus en plus de familles frappent aux portes de nos couvents, surtout depuis la pandémie, et nous avons pensé qu’il était juste de donner un signe de proximité et de partage. Nous avons accordé 500 000 euros en Italie pour aider de nombreuses familles à faire face aux besoins du quotidien comme la nourriture, l’eau, l’électricité, les loyers, les frais scolaires et sanitaires. Une partie de ce montant total a été donnée à nos confrères qui sont en charge de paroisses italiennes, ou qui prennent soin de personnes handicapées ou dépendantes.

Au service des pauvres
L’attention portée à l’Italie n’a jamais fait disparaître l’engagement envers les pays les plus pauvres et les plus marginalisés, en particulier ceux où il est le plus difficile d’opérer en raison des guerres ou de situations sociales graves ; ce sont des périphéries que la Caritas Saint-Antoine parvient à atteindre grâce aux couvents de frères présents dans ces pays ou grâce aux institutions laïques et religieuses locales, avec lesquelles elle est en contact direct. Ce n’est pas un hasard si le pays où le plus grand nombre de projets a été réalisé, dix-huit pour être précis, est la République démocratique du Congo, secouée depuis une trentaine d’années par des guerres civiles et des conflits avec d’autres états, engendrés par la soif de contrôle de ses énormes ressources naturelles : terres rares, diamants, métaux précieux, biodiversité. Les conflits – le dernier a éclaté au Nord-Kivu en mai 2022 – ont causé au moins 5,5 millions de morts, tandis que le climat de violence a créé plus de 7 millions de réfugiés, l’un des nombres les plus élevés dans le monde. Les conséquences sont ravageuses : 70% des Congolais vivent en-dessous du seuil de pauvreté, bien qu’ils vivent dans l’un des pays les plus riches de la Planète.
La Caritas Saint-Antoine intervient au Congo, en finançant des micro-projets concernant l’accès à l’eau, la santé et la scolarisation. Un engagement, dans ces zones oubliées, qui va de pair avec une autre tendance qui se consolide dans les œuvres de la Caritas Saint-Antoine : « En 2023, il y a eu une croissance de l’effort pour aider les communautés, les paroisses et les associations locales dans les zones géographiques marginales à accéder à nos fonds, bien qu’elles n’aient pas de structures organisationnelles consolidées. Un manque qui empêche ces structures d’accéder au soutien d’autres organisations caritatives. En effet,  très souvent les fonds n’atteignent que celles qui sont déjà structurées, pénalisant précisément les plus pauvres. Ainsi, au début d’une nouvelle relation de solidarité, nous acceptons de petits projets et nous aidons les opérateurs locaux à se structurer pour qu’ils apprennent à construire et à mettre en œuvre un projet, selon des méthodes et des procédures fiables. Ce travail nous demande beaucoup d’énergie, mais il devient une école de formation pour que les plus pauvres prennent leur avenir en main. Ce changement sera l’un des principaux objectifs pour les années à venir. »
D’une manière générale, les domaines dans lesquels la Caritas Saint-Antoine s’est engagée le plus sont au nombre de trois : en première place, les projets de promotion humaine, c’est-à-dire la formation professionnelle, les campagnes de santé, les lieux de rencontres communautaires, de services partagés et les projets de réhabilitation des jeunes ayant des problèmes d’addiction et de marginalisation. Les projets agricoles communautaires, qui aident les populations rurales à surmonter les dommages causés par le changement climatique et à assurer une plus grande autosuffisance alimentaire, font également partie de ce domaine.
En deuxième position, on trouve un grand classique de la solidarité antonienne, à savoir les projets d’accès à l’école, mis en œuvre principalement en Afrique. Et c’est notamment la réalisation d’une école qui a été proposée pour le projet du 13 juin 2023. Il s’agissait de la Saint Mary’s School un projet proposé par nos confrères du diocèse de Diphu, en Inde.
En troisième position, mais non moins importants, se trouvent les projets de santé et d’hygiène, eux aussi principalement mis en œuvre en Afrique : dispensaires, équipements médicaux, maternités, services hospitaliers. Dans ce domaine également, la construction de toilettes pour les lieux communautaires, tels que les écoles et les hôpitaux, considérés comme essentiels pour préserver la santé des populations. Les autres domaines d’intervention sont l’accès à l’eau, la construction de logements, la formation professionnelle et le microcrédit.

Bénéficiaires et référents
Les types de projets soutenus indiquent également qui sont les bénéficiaires. Il s’agit pour la plupart de personnes en milieu rural, des enfants et des jeunes. Le nombre total de personnes touchées par la solidarité antonienne – un chiffre certainement par défaut, étant donné la difficulté de trouver des données dans certaines régions – est de 765 000, principalement en Afrique.
Autre signe des temps, les coûts des projets augmentent, notamment parce que la Caritas Saint-Antoine se charge souvent de la restructuration et de la construction de bâtiments, qui sont parmi les interventions les plus coûteuses et les moins soutenues par les autres organisations caritatives.
59 % des projets reçoivent un montant allant de 10 000 à 30 000 euros, tandis qu’il y a seulement cinq ans, la plupart d’entre eux n’atteignaient pas 10 000 euros.
Les référents de la Caritas Saint-Antoine sont de différents types : d’abord, les frères franciscains des nombreuses missions éparpillées dans le monde entier, mais pas qu’eux. De nombreux projets sont proposés par les diocèses et les congrégations locales ou par d’autres ordres religieux. En outre, il y a des projets présentés par des associations laïques, qui ont vu le jour en différents endroits pour faire face aux problèmes concrets de la population.
Ce sont précisément les missionnaires laïcs ou religieux, qui vivent à côté des pauvres et partagent leurs difficultés, qui constituent le dernier maillon de la solidarité antonienne : « Grâce à eux, conclut le frère Valerio, nous parvenons à atteindre les périphéries du monde, comme le souhaite le pape François. Je me rends compte, en travaillant avec eux, qu’il y a énormément de personnes qui font du bien, dans tous les pays, dans tous les contextes sociaux. Mais, c’est souvent une vision négative et pessimiste de la réalité qui prend le dessus. En tout cas, ce qui me touche le plus, c’est de voir la réponse de tant de personnes qui font des dons au nom de saint Antoine, pour que d’autres personnes aient une vie meilleure ou soient sauvées. Je suis frappé par l’aide constante et généreuse que nous recevons. Une providence qui sort vraiment de l’ordinaire ».

Updated on 17 Mars 2024
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