Le Carême : en marche vers plus d'amour

Alors que le Carême démarre ce 22 février, il est rassurant de se rappeler que la vie de Jésus était sur la route et que nous avons, chacun de nous, à nous mettre en marche. En nous rendant au désert, nous prenons un chemin de salut et de miséricorde.
05 Février 2023 | par

Quarante jours au désert. Si ce temps de silence, de partage et d’ascèse peut sembler une longue épreuve, c’est avant tout le moment privilégié pour rencontrer Dieu. « Le chiffre de 40 dans la Bible est le symbole du temps de l’enfantement. En prenant des engagements simples au début du Carême pour vivre mieux la prière, le partage et le jeûne, on choisit de s’exposer à la puissance d’engendrement qui se déploie sur le corps du Ressuscité », confie le père Éric Morin, professeur d’Écriture Sainte. Ce prêtre conseille de choisir, le mercredi des Cendres, une phrase ou un passage de l’Évangile, puis de « le relire très fréquemment, au moins une fois la semaine. Il peut être judicieux de s’en servir pour la confession à la fin du Carême, en le présentant au prêtre ». Cet engagement permet d’ouvrir son cœur aux Écritures et à l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous. Le Carême est un temps vivifiant et salvateur, il est tout simplement « un temps de vie chrétienne » aux yeux du père Morin, pour qui « le meilleur exemple est celui de l’amitié ; nous voyons fréquemment des amis et on fait des choses ensemble. Mais on éprouve parfois le besoin de passer du temps ensemble pour rien d’autre que de resserrer les liens ». Et de préciser que « le Carême est un temps privilégié pour renouer l’amitié avec Jésus ». Comme lors d’une retraite, nous pouvons, même sans se déplacer dans une abbaye, donner du temps à la prière, écouter la Parole de Dieu, être attentif à tous ceux qui nous entourent. Plusieurs parcours spirituels existent, notamment « Exodus ».

Prière, ascèse et fraternité
« L’ascèse est certainement une attitude particulièrement oubliée ces dernières années dans notre vie chrétienne. Elle nous fait peur par son exigence et par le fait de nous donner le sentiment de perdre notre confort de vie et donc notre joie de vivre. Pourtant, ces actes de renoncement nous permettent de retrouver notre liberté et la maîtrise de nous-mêmes », peut-on lire dans la présentation d’« Exodus ». Ce parcours s’appuie sur 3 piliers : la prière, l’ascèse et la vie fraternelle. Il propose des décisions ascétiques à suivre, comme ne pas grignoter entre les repas, s’abstenir de desserts et de choses sucrées, ne pas boire d’alcool, ne pas effectuer plusieurs tâches à la fois, ne pas critiquer, s’abstenir d’achats inutiles, etc. Pour les hommes, l’ascèse d’une courte douche froide est ajoutée. Évidemment, « pour certains, des efforts demandés ne le seront pas », mais « les efforts qui titillent sont de vrais efforts », assure Sophie, une mère de famille qui a déjà vécu deux Carêmes avec « Exodus ». « Ce parcours n’est pas conçu pour être fait seul, il est proposé par une paroisse. Chaque binôme se contacte chaque jour, c’est un moyen très concret de vivre le Carême ». Pour Sophie, le parcours « Exodus » s’est axé sur la prière. Cela lui a coûté de mettre son réveil encore plus tôt pour avoir son « heure de prière chaque matin avant le lever de ses quatre enfants ». Son mari a aussi suivi « Exodus » et pour lui, « la multiplicité des choses demandées dans le parcours oblige à y penser tout au long de la journée, comme lors d’une retraite » ! Dans sa prière, Thomas a particulièrement cherché « à être un artisan de paix » car il savait qu’un important projet qu’il menait prenait fin lors de la Semaine sainte. « Tous les matins, pendant mon heure d’oraison, je récitais la prière de saint François ; cette prière m’a aidé à vivre le Carême et à trouver ma place. J’ai senti la paix autour de moi », confie celui qui voulait vivre ce Carême avec Dieu. Ce couple assure que le fait de se priver leur a donné « des temps de qualité ». L’aspect fraternel et ecclésial de ce parcours a aussi une place importante car lorsque l’on s’isole et que l’on ne se sent pas responsable de ses frères et sœurs, nos vies « deviennent un gâchis égoïste » et toute la communauté en souffre, peut-on aussi lire sur le site de leur paroisse.

S’approcher de la miséricorde
Si certains parcours sont trop exigeants aux yeux de certains, et afin de rejoindre le plus grand nombre, beaucoup de retraites en ligne ont fleuri ces dernières années : les Carmes, les Dominicains, les Jésuites, les services de vocations de certains diocèses, etc. Chacun à sa manière, proposant des outils légèrement différents, mais ayant tous le même objectif : se rapprocher du Seigneur et des autres. Ce temps favorable du Carême est là pour « nous secouer de notre torpeur », « réveiller notre conscience » et nous aider à nous convertir, selon le pape François. La liturgie du Carême invite à fixer les yeux sur la Passion, la mort et la résurrection de Jésus. « Le Carême est ce moment pendant lequel on réveille la conscience que Jésus est mort pour nous, pour moi », assure le père Morin. Une aide indispensable est l’écoute de la Parole de Dieu. Le curé de la paroisse Saint-Louis-d’Antin, à Paris, confie qu’il ne faut « pas vouloir tout saisir tout de suite ». Les Écritures Saintes sont le « support d’une conversation entre l’âme et l’Esprit Saint ». Comme dans toute relation amicale ou amoureuse, un dialogue est nécessaire, poursuit le père Antoine Devienne. Une autre aide essentielle est la découverte de la miséricorde de Dieu qui transforme le cœur de toute personne. Pour le père Devienne, « la confession des péchés permet de se distancier de son propre péché, tout en reconnaissant sa responsabilité ». « L’absolution nous restaure dans notre configuration au Christ », ajoute-t-il avant de préciser que l’on « entre pécheur au confessionnal et l’on en ressort fils de Dieu ». Utilisons ces aides précieuses pour nous régénérer et abordons le Carême par le chemin de l’amour.

Updated on 05 Février 2023
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